[Tribune] " Se rassembler ", un terme à redéfinir

Le confinement a imposé le télétravail pour des millions de salariés français qui ont pu expérimenter les avantages et les inconvénients du travail chez soi, remettant en question le rapport que l'on entretient avec le travail et les conditions dans lesquelles on souhaite désormais exercer son métier.

Au lendemain du confinement, beaucoup de salariés ont ainsi exprimé leur volonté de continuer à télétravailler : selon une étude Malakoff-Médéric, 73% des télétravailleurs interrogés souhaitaient continuer de le faire post-confinement. Les raisons principales énoncées sont la possibilité de concilier plus facilement vie professionnelle et vie personnelle et de bénéficier d'une meilleure qualité de vie, en quittant la ville par exemple.

Ces dernières semaines ont ainsi vu apparaître davantage d'offres d'emploi proposant la possibilité d'un travail en remote, à distance, n'imposant plus l'entreprise comme lieu de travail principal du salarié. Les contraintes géographiques et dans une moindre mesure les contraintes temporelles pourraient de ce fait être abolies. Le travail à distance devient ainsi un enjeu majeur pour les entreprises et se transforme en promesse organisationnelle et RH aussi bien pour les salariés actuels que pour les futurs collaborateurs.

La flexibilité, nouvelle norme de travail ?

L'organisation des espaces de travail connaît depuis quelques années de profondes mutations, qui vont sans doute être accélérées par la crise que nous vivons actuellement et les questionnements que cela implique en termes de structures, de modes de pensée et de relations au travail - la relation que nous avons par rapport à la notion même de travail et celle que nous entretenons avec nos collègues et nos pairs dans l'entreprise.

Pour répondre à ces usages, les bureaux se sont réinventés et l'on a vu apparaître notamment le concept de "flex office" ou bureau non attitré, permettant aux salariés de choisir chaque jour une nouvelle place de travail en fonction des disponibilités, des projets et des besoins. On l'observe de plus en plus : le travail aujourd'hui s'organise autrement. La flexibilité du travail entraîne et entraînera de plus en plus de modularité des espaces, posant ainsi la question du rôle des locaux d'entreprise et des bureaux aujourd'hui : sont-ils vraiment indispensables pour travailler ? Le seront-ils encore demain ?

L'entreprise reste aujourd'hui l'un des principaux lieux de socialisation : on y dédie une grande partie de notre vie, on y crée des relations durables, des collègues qui deviendront des amis et parfois son ou sa futur.e conjoint.e. Si la flexibilité du travail devient la norme, le rôle des bureaux sera non plus seulement d'y travailler seul mais d'y travailler ensemble en opérant le rôle de facilitateur de liens et en permettant aux salariés de bénéficier d'espaces collectifs repensés efficacement pour se réunir.

L'acte de se rassembler au bureau, que cela soit au sein de son entreprise ou d'un tiers lieu, devient un acte fort, un acte engageant : la réunion devient ainsi non seulement un moment où l'on crée du lien social avec ses collègues mais aussi un moment de partage pour apprendre, faire avancer les projets et innover ensemble.