Les dirigeants et cadres hommes se sentent dépossédés... par les femmes !
L'Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises donne la parole à ces messieurs sur leur perception des normes dites masculines et sur leurs relations avec les femmes à la fois dans l'entreprise et dans le couple.
Je m'abonneDepuis quelques années, l’Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (Orse) s’est donné pour objectif de faire des hommes dans l’entreprise des sujets et des acteurs de l’égalité professionnelle et a publié différents ouvrages sur le sujet. Une nouveauté aujourd’hui : donner la parole à des hommes dirigeants et cadres pour qu’ils témoignent de leur perception des normes dites masculines et de leurs relations avec les femmes à la fois dans l’entreprise et dans le couple.
L'enjeu était de voir si leur investissement dans le monde du travail était pourvoyeur de tensions entre les aspirations et les pratiques. Deux expertes du sujet, Brigitte Grésy et Sylviane Giampino se sont ainsi longuement entretenu avec une vingtaine d’hommes cadres et dirigeants du monde de l’entreprise.
Tous les hommes interrogés ont mis en doute ces normes dites masculines dont ils se démarquent, au prix de reconfigurations parfois subtiles. Il y a incontestablement du brouillage sur la ligne des hommes et des ambivalences. Émerge ainsi un sentiment de double dépossession :
- dépossession d’un univers dont ils étaient les maîtres, le monde du travail car l’entreprise ne rend pas toujours les promesses escomptées et les femmes, partenaires admirées, deviennent aussi des concurrentes enviées à une époque d’actions positives en leur faveur ;
- dépossession d’un univers, la famille, dans lequel leur ancien statut de pourvoyeur de revenu et de chef de famille doit évoluer vers une nouvelle place à reconfigurer.
Mais les hommes, parmi les plus jeunes, sont en train d’expérimenter de nouveaux réglages dans le travail et la famille, entre vie professionnelle et personnelle. Le désir de concilier vie professionnelle et familiale commence à s’exprimer et il devient difficile pour les hommes d'avancer en clivant les deux sphères. L’une des butées de la parité hommes/femmes dans le travail porte toujours sur l’inégalité pères/mères dans la famille.
- travailler sur les systèmes de représentation dans l’ensemble de l’organisation sociale, par la mise en œuvre délibérée d’une culture de l’égalité ;
- pour les entreprises et les politiques publiques, favoriser un réel exercice de la parentalité quotidienne et tout au long de la vie des pères et des mères.
L’Orse souligne que les hommes gagneraient à voir, dans ces mutations, l’opportunité pour interroger les modèles masculins d’accessibilité et d’exercice du pouvoir et requestionner leur modèle d’implication personnelle et familiale. L'entreprise a tout intérêt à privilégier des approches de prévention des risques internes de démotivation et de désengagement des salariés.