Vos collaborateurs sont critiques ? Bonne nouvelle !
Et si, contre toute attente, les critiques faisaient votre bonheur ainsi que celui de votre entreprise ? C'est l'avis argumenté de Laurence Bourgeois, auteure d'Éloge de la critique et des jeux de pouvoir en entreprise, ouvrage détonnant paru le 23 mai aux éditions Eyrolles.
Je m'abonneLes dirigeants et managers ont-ils intérêt à mettre le couvercle sur le bouillonnement incessant de rumeurs, méchancetés et railleries qui sévissent dans leurs équipes ? La réponse est clairement non, selon Laurence Bourgeois, auteure de Éloge de la critique et des jeux de pouvoir en entreprise, paru le 23 mai. Cette experte de la gestion des ressources humaines réhabilite les râleurs et langues de vipère, moteurs selon elle, de performance globale sur la scène professionnelle. Explications en quatre points.
1. Un salarié qui critique est un salarié impliqué
" Les critiques et les jeux psychologiques sont synonymes d'une implication et d'un engagement accrus ", estime Laurence Bourgeois. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les individus médisants seraient capables de faire preuve de beaucoup de motivation dans leur travail. " Ils y mettent autant de coeur et d'énergie que dans leurs propos délétères et leurs plaisanteries douteuses ", insiste l'experte.
Un collaborateur qui ne se plaint pas et ne s'épanche jamais montre finalement un désintérêt pour la vie de son entreprise. Les thématiques sur lesquelles se cristallise la grande majorité des reproches concernent les collègues, les horaires de travail, les salaires et les décisions managériales. " Accorder autant d'importance à ses sujets est révélateur d'un fort degré d'investissement ", pointe-t-elle.
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2. Un salarié qui critique est un salarié futé
Quel est le point commun entre les collaborateurs qui passent leur temps à semer la zizanie autour d'eux ? Réponse de l'auteure : " Ils sont plutôt fins, intellectuellement affutés et toujours très observateurs. " Capables notamment de repérer rapidement les défauts des autres, ils ont tous les sens en éveil et le regard à l'affût. " Ces grands manipulateurs sont dotés d'une certaine forme d'intelligence émotionnelle, d'un sixième sens qui analyse autrui et anticipe ses besoins et désirs, complète Laurence Bourgeois. Ces qualités reflète une agilité de l'esprit et peut s'assimiler à une compétence. Dommage qu'elles ne soient jamais prises en compte, ni dans les évaluations de performance, ni dans l'identification des potentiels. "
3. Un manager qui critique est un bon manager
Laurence Bourgeois regrette qu'aujourd'hui les managers se complaisent dans de simples rôles d'exécutants. Certes, ils sont des experts dans leur domaine mais ils sont souvent incapables de remettre en cause de façon constructive les systèmes existants et les décisions. " Or un manager responsable doit oser faire bouger les lignes et sortir du cadre, sortir des lignes directrices fixées par l'entreprise quitte à ne plus rentrer parfaitement dans le moule ", affirme-t-elle. Ils n'ont plus l'esprit critique, celui qui fait avancer au quotidien. " Les jugements négatifs, visant à réfuter constamment l'autre, sont bel et bien une composante de l'esprit critique pris dans son acception la plus large, constructive, celle-ci ", explicite l'auteure.
4. Un salarié ou un manager critiqué apprend à se construire lui-même
Il n'est jamais agréable d'être critiqué. C'est une évidence. " Pourtant, les critiques, positives ou négatives, participent à la construction de soi et à l'amélioration de sa propre performance ", souligne l'experte. Qui clarifie : " Même si vous ne les trouvez pas toujours justifiées, considérez donc toutes ces remarques qui vous reviennent aux oreilles comme un excellent moyen de progresser et d'affiner vos idées. Se construire passe inévitablement par l'écoute et la remise en question. "