Histoire d'entreprise : la chute de BlackBerry
Autrefois leader incontesté du marché des smartphones, BlackBerry a subi un déclin spectaculaire au fil des années. Retour sur les dates et faits marquants qui ont précipité la chute de cette entreprise canadienne autrefois prospère.
Je m'abonneIl fut un temps où BlackBerry était un nom incontournable dans le monde des smartphones. Cette entreprise canadienne, pionnière dans le domaine des communications mobiles, a connu un succès fulgurant avant de sombrer face à une concurrence toujours plus innovante.
Voici l'histoire de BlackBerry, de ses débuts prometteurs jusqu'à sa descente aux enfers, en passant par les erreurs stratégiques qui ont marqué son déclin.
Les débuts prometteurs et l'âge d'or de BlackBerry
Fondée en 1984 sous le nom de Research In Motion (RIM) par Mike Lazaridis et Douglas Fregin, la société canadienne se spécialise rapidement dans les technologies de communication sans fil. En 1999, RIM lance son premier appareil : le modèle 850.
Ce téléphone, doté d'une fonction de messagerie électronique en temps réel et d'un clavier QWERTY, rencontre rapidement un grand succès auprès des professionnels et propulse la marque sur le devant de la scène.
Au début des années 2000, les smartphones BlackBerry deviennent synonymes de téléphones professionnels. La marque se distingue par ses claviers physiques ergonomiques et ses solutions de messagerie sécurisées. En 2008, RIM est au sommet de sa gloire, avec une capitalisation boursière de 83 milliards de dollars canadiens (environ 59,1 milliards d'euros à l'époque) et une part de marché de près de 20 % aux États-Unis.
L'arrivée de nouveaux concurrents et le déclin
À cette époque, le paysage des smartphones est sur le point de changer radicalement. En 2007, Apple lance l'iPhone, révolutionnant le marché avec un écran tactile et des milliers d'applications. Parallèlement, Google lance Android, un système d'exploitation ouvert et flexible qui attire rapidement de nombreux fabricants de téléphones.
Le déclin de BlackBerry commence en 2010, lorsque la firme rate le virage des écrans tactiles et peine à séduire les consommateurs avec son système d'exploitation propriétaire. Le premier modèle de la firme équipé d'un écran tactile, Storm, est sorti en 2008, un an seulement après l'iPhone. Il n'a toutefois pas connu un grand succès, du fait d'un écran peu réactif et peu intuitif. Ce smartphone utilisait une technologie appelée SurePress, qui obligeait l'utilisateur à appuyer sur l'écran comme sur un bouton pour valider ses actions. Une technologie censée reproduire la sensation d'un clavier physique, mais en fait source de frustration et de lenteur.
N'ayant pas su s'adapter aux attentes des utilisateurs, BlackBerry a mis trop de temps à réagir et à proposer des modèles plus performants. Sa part de marché chute à 14 % en 2010, puis à 8 % en 2011. En termes de résultats financiers, le CA de BlackBerry est passé de 6 milliards de dollars canadiens en 2008 à 6,8 milliards en 2013. Son résultat net, en revanche, est passé de 1,2 milliard de dollars canadiens à -5,87 milliards sur la même période, accusant une baisse de 553,6%.
En 2013, RIM change de nom et devient BlackBerry Limited, espérant ainsi relancer sa marque. L'entreprise continue néanmoins à perdre des parts de marché face à Apple et aux fabricants de téléphones Android. La même année, BlackBerry annonce un plan de restructuration et la suppression de 4 500 emplois.
La diversification ratée et le virage vers les services
BlackBerry a bien tenté de miser sur la diversification pour se relancer. Dès 2011, l'entreprise lance sa première Playbook. Une tablette censée concurrencer l'iPad d'Apple et la Samsung Galaxy Tab (tous deux lancés en 2010). BlackBerry sort également de nouveaux smartphones, dont plusieurs dotés d'un écran tactile.
Las, ces produits ne parviennent pas à inverser la tendance et la part de marché de BlackBerry tombe à 0,3% en 2015. Bien loin des 20% atteints 7 ans plus tôt...
En 2016, BlackBerry annonce qu'elle arrête la production de smartphones pour se concentrer sur les services logiciels et la sécurité. La marque licencie également des milliers d'employés et vend une partie de ses actifs. Les smartphones BlackBerry continueront d'exister, mais ils seront désormais fabriqués par d'autres entreprises sous licence (comme TCL ou BB Merah Putih).
La chute définitive et les erreurs stratégiques
Malgré ses efforts pour se réinventer, BlackBerry ne parvient pas à retrouver sa gloire d'antan. En 2020, l'entreprise annonce la fin de la production de smartphones sous sa marque, signant ainsi la fin d'une ère. À partir du 4 janvier 2022, les smartphones utilisant le système d'exploitation BlackBerry OS ont cessé de fonctionner ; ceux utilisant le système d'exploitation Android n'étant pas concernés.
Depuis, BlackBerry tente de se recentrer sur des solutions de cybersécurité et d'IoT (Internet des objets), mais peine à se démarquer dans ces domaines très concurrentiels.
Le déclin de BlackBerry peut être attribué à plusieurs erreurs stratégiques majeures. Tout d'abord, l'entreprise a misé sur son système d'exploitation propriétaire, BlackBerry OS, alors que le marché se tournait vers des solutions plus ouvertes et flexibles comme Android. Ce choix a limité les possibilités d'innovation et d'évolution pour les smartphones BlackBerry, les rendant moins attractifs pour les consommateurs et les développeurs d'applications.
De plus, BlackBerry a tardé à adopter les écrans tactiles et à s'adapter aux nouvelles tendances en matière de design et d'ergonomie. Les consommateurs ont rapidement préféré les designs plus modernes et élégants des iPhone et des smartphones Android, délaissant les claviers physiques et les écrans plus petits des BlackBerry.
L'avenir incertain et l'héritage de BlackBerry
Aujourd'hui, l'avenir de BlackBerry est incertain. Si l'entreprise a réussi à se maintenir à flot grâce à ses activités dans la cybersécurité et l'IoT, elle peine à regagner la confiance des investisseurs et des clients. Les défis auxquels elle doit faire face sont nombreux : la concurrence féroce sur ces marchés, la nécessité de continuer à innover et de se réinventer, et l'ombre de son passé qui pèse sur sa réputation.
Néanmoins, il ne faut pas sous-estimer l'impact de BlackBerry sur l'industrie des smartphones. Par ailleurs, de nombreuses leçons sont à tirer de son déclin. L'histoire de BlackBerry est un rappel des dangers de la complaisance, de l'importance de l'innovation et de l'adaptation aux évolutions du marché. Son héritage continuera à vivre à travers les générations de smartphones qui ont suivi et les technologies qu'elle a développées.
Les enseignements tirés de l'histoire de BlackBerry
L'histoire de BlackBerry offre de précieuses leçons pour les entreprises et les entrepreneurs dans le domaine de la technologie. Rester à l'écoute des besoins et des attentes des consommateurs est absolument vital, tout comme anticiper les tendances du marché et s'adapter en conséquence. La réactivité et l'innovation sont les clés du succès dans un secteur en constante évolution.
De plus, la diversification des activités et des produits peut être une stratégie efficace pour réduire la dépendance à un seul marché, mais elle doit être menée avec prudence. Les entreprises doivent s'assurer qu'elles disposent des compétences et des ressources nécessaires pour réussir dans de nouveaux domaines avant de se lancer dans des aventures incertaines.
Enfin, l'importance de la marque et de la réputation ne doit pas être négligée. La chute de BlackBerry démontre comment une marque autrefois puissante et respectée peut s'effondrer si elle ne parvient pas à répondre aux attentes de ses clients et à se démarquer de la concurrence.
Le rôle de BlackBerry dans l'histoire des smartphones
Malgré son déclin, BlackBerry a joué un rôle important dans l'histoire des smartphones et a contribué à façonner l'industrie telle qu'elle est aujourd'hui. L'entreprise a été à l'origine de nombreuses innovations, notamment en matière de communication mobile sécurisée et de messagerie en temps réel.
Parmi les réalisations notables de BlackBerry, on peut citer le développement du système de messagerie BlackBerry Messenger (BBM), qui a servi de précurseur aux applications de messagerie instantanée modernes telles que WhatsApp et Facebook Messenger. De plus, les claviers physiques des smartphones BlackBerry ont longtemps été considérés comme les meilleurs du marché et ont influencé la conception d'autres téléphones portables.
Bien que BlackBerry ait connu un déclin spectaculaire au cours des dernières années, l'entreprise laisse derrière elle un héritage durable et des enseignements précieux pour l'industrie des smartphones et la technologie en général.