La Minute Du Boss : Incertitude et échec en startup : quelle posture de Chef adopter ?
Ces derniers mois, l'écosystème américain a été marqué par une alarmante augmentation de 60% des défaillances des startups, laissant planer les craintes d'une réplique en Europe. Les jeunes pousses françaises semblent, pour l'heure, résilientes. Pourtant, cette solidité est souvent précaire, et une adaptation de la posture des (co)fondateurs et C-Level en période d'incertitude devient cruciale.
Je m'abonneCes derniers mois, l'écosystème américain a été marqué par une alarmante augmentation de 60% des défaillances des startups, laissant planer les craintes d'une réplique en Europe.
Les jeunes pousses françaises semblent, pour l'heure, résilientes. Pourtant, cette solidité est souvent précaire, et une adaptation de la posture des (co)fondateurs et C-Level en période d'incertitude devient cruciale.
Une vision binaire qui n'a pas de sens
Deux discours majeurs existent lorsqu'il s'agit d'entrepreneuriat. D'un côté, les gagnants qui portent haut et fort le succès de ce qu'ils ont réalisé avec succès. De l'autre, les profils qui valorisent l'échec comme une source d'apprentissage (épargnons-nous la maxime réchauffée de Mandela).
Être à la tête d'une startup, c'est avant tout marcher en permanence sur une ligne de crête. Les fondateurs et leurs C-levels doivent à la fois être inspirants pour embarquer leurs équipes, solides pour rassurer leurs investisseurs et toujours affutés pour convaincre des potentiels clients.
Or, le quotidien n'est aucunement rose pour ces dirigeants. La tension entre gestion du court-terme et vision à long terme place le leader dans une position de vulnérabilité entre le succès et l'échec où, comme sur un théâtre d'opérations, la moindre erreur ou indécision peut être fatale.
La solitude du jeune Chef
Sans sombrer dans le cliché "baby foot & afterwork", force est de constater que le monde de la tech est grandement constitué de populations jeunes et motivées par le fait de disrupter des industries poussiéreuses ou nécessitant d'être digitalisées. La fougue de la jeunesse couplée à de brillantes études permettent d'aller vite pour résoudre des problèmes pour ensuite passer à l'échelle.
Face aux aléas business (que les militaires aiment appeler "cas non conformes"), c'est avant tout le vécu qui permet d'agir en solitude en comprenant dans un premier temps ses limites, et en cherchant ensuite à s'entourer pour se fier aux retours d'expérience de conseillers qui ont fait face aux mêmes défis de gestion d'entreprise.
La solitude peut être d'autant plus pesante lorsque la jeunesse pousse à ignorer les conseils des "tempes grises" ou à vouloir prouver sa valeur sans véritablement écouter. J'ai pu connaître de jeunes lieutenants qui ont dû prendre plusieurs gamelles pour comprendre que leur binômage avec un adjoint (sous-officier bien plus aguerri) était salutaire pour leurs soldats et pour eux-mêmes.
Le risque de s'obstiner malgré l'évidence
A l'armée, la mission est sacrée. La culture du résultat et de la performance est omniprésente, et la devise du Commando de Montfort dans lequel j'ai servi "Potius mori quam foedari" ("Plutôt mourir que faillir") illustre bien cette mentalité. Pourtant, une phrase qu'un Officier Marinier m'a dite résonne encore dans mon esprit d'entrepreneur : "un bon marin sait reconnaître les moments où il ne faut pas prendre la mer".
Deux grands ennemis du Chef sont son propre égo et la volonté de satisfaire coûte que coûte. Personne n'entreprend sans la volonté de réussir, et la persévérance et l'obstination ne sont pas synonymes. L'obstination aveugle peut coûter cher, tant aux équipes qu'aux investisseurs. Un bon leader sait reconnaître les signes avant-coureurs, ajuster sa trajectoire et protéger son navire avant la tempête.
Pendant la bataille de Koursk en 1943, les Soviétiques, conscients d'une attaque allemande imminente, retirèrent certaines de leurs forces pour renforcer leurs lignes défensives. Après l'épuisement des forces allemandes, l'Armée rouge contre-attaqua, infligeant une défaite majeure aux Allemands. Dans une startup comme lors d'une opération militaire, accepter l'échec et battre en retraite est un acte de commandement permettant parfois de gagner ensuite.
Humilité et clairvoyance pour traverser l'incertitude
L'incertitude politique des derniers mois a contribué à créer un brouillard économique pour l'écosystème startup, soutenu par des institutions comme le label French Tech. Les sources de financement se tarissent, avec une baisse de 40% du montant des levées de fonds l'an dernier, forçant les entrepreneurs à adopter des postures nouvelles.
Dans cette période d'incertitude, personne ne doit omettre que prendre des décisions et trancher n'est pas inné. Ainsi, les leaders doivent rester ouverts à l'apprentissage, à l'instar des chefs militaires qui ajustent leurs stratégies en fonction des réalités du terrain. Ce n'est qu'à ce prix que l'écosystème startup pourra continuer à mûrir et à aborder les défis futurs avec la force nécessaire.
En somme, l'échec fait partie du chemin. Il ne doit pas être craint, mais anticipé et maîtrisé, comme toute tempête en mer. Une startup, comme un commando, se relève toujours plus forte lorsqu'elle est guidée par un chef lucide, à l'écoute, pragmatique et prêt à ajuster sa stratégie pour gagner en ligne de mire le succès collectif qu'il porte et incarne.
C'est lors de son année de césure au sein du Programme Grande Ecole de l'EDHEC Business School que Clément décide de s'engager en tant que Volontaire Officier Aspirant chez les Commandos Marine. Après une première expérience en ESN, animé à la fois par les valeurs des Forces Spéciales et la vente, Clément décide de s'orienter vers des environnements mêlant ces deux cultures : tout d'abord en tant que commercial dans le domaine de la sûreté, puis de directeur commercial au sein d'un cabinet de conseil en gestion de crise. Fort de ces expériences et convaincu du potentiel que représentent les très nombreux excellents profils qui forment les armées, Clément prend à 30 ans le virage de l'entrepreneuriat en créant [Pépite.], cabinet RH proposant "Le meilleur des armées pour l'entreprise".