Se réinventer après un échec : le pari réussi de William Ferrand
![William Ferrand](https://cdn.edi-static.fr/image/upload/c_thumb,h_292,w_560/e_unsharp_mask:100,f_auto,q_auto/v1/Img/BREVE/2025/2/467371/william-ferrand-LE.jpg)
Entrepreneur marseillais, William Ferrand a connu une ascension rapide avant de voir son deuxième projet s'effondrer. Après une liquidation judiciaire, il a su rebondir en tirant des enseignements précieux de cet échec. Récit d'un parcours mouvementé.
Je m'abonneChanger de modèle : une transition plus compliquée que prévu
Dès le début de sa carrière, William Ferrand savait qu'il ne voulait pas être salarié toute sa vie. « Avant mes 30 ans, je voulais être indépendant », confie-t-il. Son parcours entrepreneurial démarre avec une franchise spécialisée dans le diagnostic immobilier, un choix stratégique pour se lancer avec un cadre et une méthodologie éprouvés. Pendant dix ans, il développe son activité, recrute jusqu'à cinq collaborateurs et finit par revendre son entreprise pour ouvrir un nouveau chapitre.
Ambitieux, il veut évoluer vers un modèle plus indépendant et décide de se lancer dans le marchand de biens et le contractant général. « Mon père était charpentier, mon grand-père électricien, je pense que cela m'a influencé », explique-t-il. Son objectif : proposer des services complets, de l'achat à la rénovation, en garantissant un haut niveau de qualité.
Mais cette transition, qu'il pensait naturelle, se révèle bien plus complexe que prévu. Entre la gestion des chantiers, les marges serrées et la dépendance aux délais de paiement, son entreprise se retrouve vite fragilisée. « On sous-estime souvent la complexité du BTP. Un chantier mal estimé ou un retard de paiement peuvent vite mettre une structure en difficulté », analyse-t-il aujourd'hui.
L'effet domino : quand tout bascule
Malgré son expérience entrepreneuriale, William Ferrand se retrouve rapidement dépassé par la gestion quotidienne de son entreprise. « J'ai fait des erreurs stratégiques, notamment dans le suivi financier. Je n'avais pas les bons outils pour piloter ma rentabilité », reconnaît-il.
Les premiers mois sont marqués par des difficultés récurrentes : marges trop faibles, imprévus budgétaires, retards de paiement des clients. « Dès le mois d'octobre 2022, j'ai compris que je fonçais droit dans le mur », confie-t-il. Il tente alors de redresser la situation, mais l'absence de tableaux de bord précis et d'outils de suivi financier fiables complique sa prise de décision. « Je fonctionnais à l'instinct et, à un moment, ça ne suffit plus », admet-il.
Les dettes s'accumulent, les créanciers s'impatientent et, en février 2023, l'entreprise est placée en liquidation judiciaire. Un choc pour ce jeune entrepreneur, qui voit son projet s'effondrer en l'espace de quelques mois. « On a toujours l'impression qu'on va s'en sortir, jusqu'au moment où on comprend que c'est fini », raconte-t-il.
Avec le recul, il réalise que cet échec aurait pu être anticipé avec une meilleure structuration. « Je n'avais pas de vision claire sur mes coûts réels. Une entreprise, c'est avant tout une gestion rigoureuse. Et sans les bons indicateurs, on avance à l'aveugle », analyse-t-il.
Remise en question et renaissance entrepreneuriale
Après ce coup dur, William Ferrand refuse de rester à terre. « J'ai pris du recul, et surtout, j'ai accepté de demander de l'aide », explique-t-il. Une amie lui parle de l'association 60 000 rebonds, qui accompagne les entrepreneurs ayant connu un échec. « Cela m'a permis de ne pas être seul et d'échanger avec d'autres qui vivaient la même chose », raconte-t-il.
Il prend alors une décision radicale : repenser totalement sa manière d'entreprendre. Son premier axe d'amélioration est la gestion. « Avant, je courais partout sans regarder mes indicateurs. Aujourd'hui, j'ai mis en place un CRM performant et des tableaux de bord précis. Je sais à l'euro près où j'en suis », affirme-t-il.
Ce nouvel outil transforme sa façon de piloter son activité. « Grâce à mon CRM, je peux suivre mes marges, mes délais de paiement, mes charges et mon chiffre d'affaires en temps réel. Cela me permet d'anticiper au lieu de subir », explique-t-il. Il adopte également une approche plus légère et flexible. « J'ai redémarré seul, avec juste un ordinateur, un téléphone et un véhicule. L'objectif était de ne pas me précipiter et de construire quelque chose de plus solide », détaille-t-il.
Autre changement de taille : il prend désormais le temps d'analyser ses décisions. « Avant, je fonçais sans toujours mesurer les risques. Aujourd'hui, je réfléchis en termes de rentabilité et de viabilité à long terme », confie-t-il.
Un nouvel élan, plus structuré et plus serein
Aujourd'hui, William Ferrand a trouvé un nouveau positionnement dans un secteur qu'il ne connaissait pas auparavant : la clôture, le contrôle d'accès et la sécurité périmétrique. « Je voulais une activité plus maîtrisable, avec des coûts et des marges plus prévisibles », explique-t-il.
Grâce à son nouveau CRM, il a acquis une rigueur financière qui lui manquait auparavant. « Je peux suivre en détail mes coûts, mon chiffre d'affaires et mes délais de paiement. Ce niveau de contrôle me permet d'optimiser ma rentabilité et d'éviter les erreurs du passé », affirme-t-il. Il parvient ainsi à sécuriser sa trésorerie dès les premiers mois et à se verser un salaire plus rapidement.
Son ambition est désormais claire : structurer son activité et la faire grandir progressivement. « Je me rémunère déjà, ce qui est un bon début. À terme, je veux recruter et pourquoi pas racheter une entreprise dont le dirigeant part à la retraite », confie-t-il.
Avec le recul, il considère désormais que cet échec était une étape formatrice. « Si j'avais pu l'éviter, je l'aurais fait, mais aujourd'hui, je me rends compte que cette expérience m'a appris à mieux gérer mon entreprise », admet-il.
Mais une leçon lui semble primordiale : ne pas rester seul. « L'isolement est l'ennemi numéro un de l'entrepreneur. Il faut savoir demander de l'aide, que ce soit à des associations comme 60 000 rebonds ou à des mentors. Et surtout, il faut accepter que l'échec fait partie du chemin », conclut-il.
Loin de se laisser abattre, William Ferrand voit désormais l'avenir avec optimisme. Grâce à une approche plus structurée et à une gestion rigoureuse, il est convaincu que cette nouvelle aventure sera bien plus pérenne que la précédente.
« Un échec, ce n'est pas la fin, c'est une leçon. Il faut l'accepter, analyser ses erreurs et surtout, ne jamais rester seul. S'entourer et structurer son activité, c'est la clé pour rebondir. » - William Ferrand