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La minute du boss : Confondre burnout et fatigue professionnelle peut vous mener à la catastrophe !

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La minute du boss : Confondre burnout et fatigue professionnelle peut vous mener à la catastrophe !

Confondre la fatigue professionnelle avec le burnout équivaut à ignorer le véritable problème, laissant ainsi s'installer et proliférer des environnements toxiques et délétères.

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« Je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d'incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe, leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l'action des flammes, ne laissant qu'un vide immense à l'intérieur, même si l'enveloppe externe semble plus ou moins intacte. » Herbert Freudenberger (1974).

Confondre la fatigue professionnelle avec le burnout, c'est aussi grave que de réduire la dépression à une simple tristesse. En assimilant fatigue professionnelle au burnout, on part du principe que la personne souffrante est le « maillon faible », alors qu'il s'agit plutôt d'évaluer l'environnement de travail dans sa globalité. D'autant que si l'on se trompe de diagnostic, il est fort peu probable d'y associer le bon traitement. Si les deux sont évidemment liés, La différence entre le burnout et la fatigue professionnelle réside dans la nature et l'intensité des symptômes ainsi que dans leurs impacts sur la personne concernée.

La fatigue professionnelle, bien que significative, n'est qu'une partie d'un ensemble plus large et plus complexe de symptômes et d'effets associés au burnout. En d'autres termes, le burnout est un syndrome complexe et multifactoriel qui englobe plusieurs dimensions au-delà de la fatigue professionnelle.

Soigner un burnout comme on soigne une fatigue professionnelle, c'est se condamner à répéter toujours les mêmes scenarii. C'est un sujet qui concerne autant les salariés que les entrepreneurs et qui a de fâcheuses répercussions sur la vie privée, le bien-être et la santé. Avant de voir comment cela peut impacter les entrepreneurs que nous sommes, dressons un constat sans appel : plutôt que d'apporter de véritables solutions, on a tendance à y appliquer des morceaux de rustine pour mieux regarder ailleurs.

Pourtant, on s'en occupe !

Tout commence pourtant bien par une intention positive et dans l'entreprise, pour prévenir le burnout, des formations sont souvent mises en place, ciblant les salariés à qui l'on enseigne diverses techniques en quelques heures, telles que l'acupression, la cohérence cardiaque, ou encore des méthodes VAKOG pour aider le cerveau à se concentrer sur autre chose et gérer le stress face à des charges émotionnelles insupportables. Ces formations sont superficielles et inefficaces car elles visent à nous adapter à un monde hostile plutôt qu'à créer un environnement de travail émotionnellement sécurisant. Il ne s'agit donc pas de reculer pour mieux sauter, mais de reculer pour mieux imploser.

Pour des effets plus durables sur le bien-être, il s'agirait plutôt de considérer et promouvoir des interactions basées sur la communication assertive et rappeler systématiquement l'importance du cadre dès qu'une transgression est suspectée. Oui, parce qu'encadrer, ce n'est pas seulement piloter un projet, c'est surtout poser un cadre qui sécurise l'équipe dont nous avons la charge.

Mais kezaco que ce cadre dont tout le monde parle mais au sujet duquel, chacun y va de la définition qui l'arrange ? Selon Amandine Maillot, psychoclinicienne, « le cadre, au-delà des Hommes et des institutions, est un contrat moral intangible et réaménageable qui favorise la réflexion et sécurise émotionnellement les relations ». Il doit donc être scrupuleusement respecté pour éviter toute transgression. Sans rappel constant de ce cadre, et sans rentrer dans des jeux psychologiques délétères comme celui de confondre recadrage (rappel au cadre) et réprimandes, et en l'absence de clarté sur les responsabilités individuelles de chacun au-delà des descriptions de poste, il devient difficile de se référer à des consignes précises validées par toutes les parties prenantes.

La délégation de responsabilités et l'incapacité à refuser les demandes de collègues ou de supérieurs entraînent souvent une érosion des frontières émotionnelles, menant insidieusement à un épuisement psychique et à l'apparition de jeux psychologiques destructeurs dont personne ne sort indemne. Les conséquences les plus graves de cette dynamique sont en effet le burnout, le brownout et le boreout, mais fort heureusement, ce ne sont pas les seules.

Tout ça pour ça ?

Selon une enquête menée par Malt et Drag'n Survey auprès de 1019 personnes de quatre catégories socioprofessionnelles, 43% exprimaient le désir de devenir freelance avant la fin de 2022[1]. Pendant le confinement dû à la crise du COVID-19, le télétravail, crucial pour maintenir la productivité, a été perçu différemment selon les individus, comme une nécessité ou une contrainte.

Bien que la productivité ait initialement chuté, l'OCDE avance qu'elle pourrait s'accroître si cette crise est l'occasion d'adopter plus largement des pratiques de télétravail efficaces, améliorant ainsi le bien-être et l'efficience des employés tout en réduisant les coûts des entreprises[2]. Selon l'European Datalab, 37,8% des emplois peuvent être exercés en télétravail, un pourcentage qui atteint 48,9% au Luxembourg[3].

Ainsi, le concept de travail hybride, combinant télétravail et présence au bureau, s'est rapidement défini, influençant le lien de subordination et les structures hiérarchiques, où poser un cadre clair et veiller à son respect est devenu indispensable. Juridiquement, cette évolution permet au salarié de décider de son temps et lieu de travail, marquant une petite révolution. Cependant, le travail hybride ne fait pas l'unanimité, compliquant la cohésion des équipes.

La généralisation du télétravail a également affecté la santé psychique et physique des travailleurs, devenant la troisième difficulté rencontrée par les salariés en 2021[4]. Plus de 20% des salariés ont été confrontés à des problématiques de burnout, de stress et d'accidents du travail, soit 2,5 fois plus qu'en 2020. Un sondage OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine en mars 2022 révèle que 2,5 millions de salariés (soit un sur trois) et 44% des managers sont en état de burnout sévère.

Parmi les professionnels du recrutement, 64% sont en détresse psychologique, 63% en burnout, dont 34% en burnout sévère[5]. Certes, nous sortions à peine d'une pandémie que nous avions particulièrement mal géré sur le plan psychologique. Néanmoins ces chiffres sont préoccupants. Face à ce phénomène, certains regrettent la perte des rituels et des espaces de travail. Alors qu'Elon Musk exhortait ses employés chez Tesla en juin 2022 à revenir rapidement au bureau, Microsoft et Google tentaient des approches plus attractives, avec des dégustations de vin, des parties d'échecs grandeur nature, ou encore un concert de la rappeuse américaine Lizzo. Cependant, ces initiatives semblent inefficaces : selon un sondage mené par Nick Bloom[6] auprès de 5000 salariés américains, un tiers refuse de retourner au bureau, préférant éviter une heure de transport quotidien malgré les avantages offerts sur place[7].

Fatigue professionnelle Vs Burnout

L'épuisement professionnelle se caractérise par une sensation transitoire de lassitude physique et mentale, consécutive à des périodes prolongées de travail intense, de stress et de déficit en repos. Elle se manifeste par une diminution de l'énergie, des difficultés de concentration et une baisse de motivation, mais demeure réversible grâce à un repos adéquat, des pauses régulières et une réduction temporaire des charges de travail.

Il est notable que la fatigue professionnelle n'engendre pas nécessairement de profonds bouleversements dans l'attitude ou la perception du travail. Cependant, rien qu'à parler du sommeil :

  • Conformément à une recherche publiée dans "Sleep", demeurer éveillé pendant 18 heures consécutives altère autant les capacités fonctionnelles que de présenter un taux d'alcool de 0,5g dans le sang.
  • Selon la Harvard Medical School, les individus dormant en moyenne moins de 5 heures par nuit présentent un risque de mortalité toutes causes confondues 15% plus élevé que ceux dormant au moins 7 heures par nuit.
  • Enfin, une étude de l'Université de Washington révèle que les personnes dormant moins de 6 heures par nuit manifestent des comportements plus égoïstes.

En revanche, le burnout se distingue par un épuisement émotionnel qui transcende la simple fatigue physique. Il s'agit d'un état de stress professionnel chronique, marqué par un sentiment profond d'être vidé de ses ressources émotionnelles, entravant la capacité de se rétablir même après le repos.

Le traitement du burnout ne peut se limiter à un simple repos. De plus, le burnout s'accompagne d'impersonnalisation du rapport ou de cynisme, où l'individu devient insensible, voire hostile envers les autres, percevant collègues, clients ou patients comme des objets. Ce phénomène est distinct de la fatigue. Un autre aspect critique du burnout est le sentiment de non-accomplissement personnel, où l'individu se sent inefficace, dévalorisé, et incapable de répondre aux attentes, contribuant ainsi à une vision négative de soi et du travail.

Le burnout nécessite une intervention plus substantielle, incluant un accompagnement psychologique, une modification de l'environnement de travail, voire une réorientation professionnelle. J'en profite pour rappeler avec un certain cynisme, à ceux qui trouveraient onéreux le coût de 80 € par séance thérapeutique, que l'achat d'une PS5, équivalant à sept séances, ne les aidera en rien à aller mieux et risque de les maintenir dans un déni certain.

Le burnout a des effets profonds sur la santé mentale et physique, incluant des troubles émotionnels tels que l'anxiété et la dépression, des troubles cognitifs comme des difficultés de concentration, des troubles physiques ou du sommeil, des céphalées, des douleurs musculaires, ainsi que des troubles d'ordre interpersonnel, tels qu'un isolement progressif, une baisse de l'empathie, une certaine agressivité, un désengagement professionnel profond, des conduites addictives et des attitudes délétères envers le travail et ses collègues. Oui, c'est sacrément balèze !

En outre, dans le contexte du burnout, l'impersonnalisation peut mener à la réification ou chosification, où les individus commencent à percevoir leurs collègues, clients ou patients comme des objets plutôt que des êtres humains. Cette réification est un outil du manipulateur narcissique tel que Marie Andersen l'observe dans « La manipulation ordinaire » ou encore Sandra Boré dans le podcast de Laure Brignone[8], dans lequel elle parle de « zombification » : cette outil est autant une caractéristique du burnout que l'est la fatigue professionnelle. Cette chosification découle du cynisme et du détachement émotionnel, menant fréquemment à des jeux de pouvoir qui exacerbent les conditions initiales.

Les relations hiérarchiques dysfonctionnelles, marquées par un contrôle excessif des managers, un manque d'équité et de reconnaissance, peuvent intensifier le stress et l'impersonnalisation, contribuant ainsi au développement du burnout. En bref, quand vous êtes considéré par un manager comme un moyen d'atteindre ses propres objectifs, alors vous êtes réifiés ou zombifiés ! Ne vous y trompez pas, selon Marie Andersen, la réification est un outil de manipulation ordinaire et le préféré du manipulateur narcissique.

Je me souviens d'une personne ayant réellement vécu trois burnouts : elle n'avait pas pris conscience des deux premiers, poussée par la pression sociale de retrouver un emploi, même dans les pires conditions, sous prétexte qu'il fallait bien travailler. Lorsque je l'ai rencontrée, juste après son troisième burnout, l'idée même de travailler en équipe, de s'occuper de clients, ou d'interagir socialement lui causait des angoisses profondes. C'est compréhensible : elle avait traité ses burnouts comme des fatigues professionnelles, sans modifier son organisation de travail ni changer de secteur d'activité, ce qui la condamnait à revivre les mêmes situations stressantes avec les mêmes types de personnes toxiques. Elle en était probablement venue à penser que « c'était ainsi que cela se passait ». Triste, n'est-ce pas ? Ce n'est point l'entreprise qui, dans son essence, serait intrinsèquement toxique, mais il conviendrait de considérer ce sujet avant de se pencher, par exemple, sur celui de la retraite ou d'une réforme du chômage : travailler deux années supplémentaires dans des conditions qui endommagent profondément l'âme ? Non, merci !

Être considéré comme un profiteur, alors que j'ai besoin de prendre du recul sur ce qui me permettrait un meilleur alignement et/ou pour monter ma boîte, le temps de percevoir mes indemnités pôle-emploi ? Bah là non plus ! Si aujourd'hui j'exerce mon droit de vote par devoir citoyen, je retrouverai véritablement l'envie de voter lorsque je verrai en face de moi des personnes véritablement préoccupées par le quotidien de ceux qui m'entourent, et éventuellement du mien, sans recourir à des projections alarmistes qui divisent, et qui enchaînent les débats tels des combats de boxe, nous convainquant de renoncer à l'exercice de notre esprit critique.

Parlons maintenant un peu de vous

Selon Rachel Leah Blumenthal, une auteure de renom reconnue pour ses contributions sur les thèmes de l'entrepreneuriat et de la santé mentale, dans un article publié en 2019 dans « Entrepreneur magazine », vous êtes moins enclins au burnout en raison des défis intrinsèques et contextuels associés à votre choix de vie entrepreneurial.

La capacité à exercer un contrôle sur votre environnement de travail peut contribuer à prévenir un burnout sévère. L'enquête de Malt et Drag'n Survey, mentionnée précédemment, prend donc bien tout son sens : L'entrepreneuriat comme mode de vie, n'est plus seulement adopté pour échapper à la tutelle d'un employeur, mais est consciemment choisi dans une quête de mieux-être et d'équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Cependant, comme enseigné dans les principes éducatifs fondamentaux, toute argumentation exige l'antithèse. Et s'il est observé que malgré une moindre prédisposition au burnout sévère grâce à votre passion et votre engagement envers votre travail, vous demeurez vulnérables aux risques inhérents à la gestion quotidienne d'une entreprise, ces risques peuvent potentiellement mener à un épuisement professionnel si vous ne les gérez pas de manière appropriée. Ainsi, vous demeurez exposés à divers dangers dans votre gestion quotidienne, susceptibles de vous y conduire. Voici donc quelques éléments qui se prévalent de la sacro-sainte philosophie entrepreneuriale, avec pour chacun d'entres eux de quoi mieux équilibrer votre réflexion :

Passion et motivation intrinsèque

Vous êtes souvent profondément animé par une passion intense pour votre travail, ce qui constitue une source de motivation intrinsèque. L'investissement dans des projets personnels qui vous tiennent à coeur peut procurer une satisfaction et un épanouissement que les employés traditionnels peuvent ne pas connaître dans des rôles plus conventionnels.

Cette passion peut efficacement atténuer les tensions et les défis inhérents à l'entrepreneuriat. Cependant, malgré cette passion ardente, vous pourriez facilement vous trouver engagé dans de longues heures de travail, au détriment de votre temps personnel et familial, ce qui peut conduire à une fatigue extrême et accumulée.

En astreinte permanente, vous êtes ainsi souvent en permanence sollicité, guettez les notifications sur votre téléphone et vous vous inscrivez dans ce qu'Eben Pagan nomme « la zone grise » : jamais pleinement présent dans votre vie privée tout en scrutant sans cesse les notifications de votre téléphone, jamais pleinement dans votre job.

Cette dualité peut souvent compromettre autant vos négociations que votre vie privée, car les préoccupations non résolues de votre vie personnelle peuvent vous perturber même en pleine négociation, autant que de vous conduire dans des jeux psychologiques de niveau 2, menant irrémédiablement et dans le meilleur des cas, à un divorce. Si vous en doutez, allez lever des fonds et on en reparle 😉

Autonomie et Contrôle

Vous bénéficiez généralement d'une plus grande autonomie et d'un contrôle substantiel sur votre travail. Cette liberté vous permet de structurer votre emploi du temps, de choisir vos projets et de créer un environnement de travail adapté à vos besoins.

Ce privilège décisionnel réduit significativement les tensions couramment associées aux environnements de travail rigides et hiérarchisés, diminuant ainsi le risque de souffrir d'un épuisement professionnel sévère. Toutefois, il existe néanmoins un revers à cette autonomie : nombreux sont ceux parmi vous qui éprouvent des difficultés à déléguer des responsabilités, souvent par crainte de perdre le contrôle ou par la conviction que personne d'autre ne peut exécuter les tâches aussi bien qu'eux-mêmes.

Cette tendance peut conduire à une surcharge de travail et à une responsabilité accablante, contribuant ainsi à un stress prolongé et persistant.

La transcendance ou le sens de l'accomplissement personnel

Vous pouvez éprouver un profond sentiment d'accomplissement personnel et de progression en observant l'expansion et le succès de votre entreprise. Ce sentiment de réalisation peut servir d'antidote puissant contre le stress chronique, car vous constatez directement les résultats de vos efforts, ce qui est particulièrement gratifiant et motivant.

Pour comprendre ceci, il est intéressant de revisiter la théorie de la motivation d'Abraham Maslow et ses "cinq niveaux", qui devraient en réalité être sept. Dans ses recherches, Maslow aborde également dès 1943, le 6ème besoin de "savoir et de connaître", un aspect initialement non intégré dans la pyramide, qu'il conviendrait d'ailleurs plutôt de nommer « pyramide de McDermid »[9], bien que d'autres contributeurs aient diffusé les recherches de Maslow dans les années 1960-1970.

À la fin de sa vie, Maslow a identifié un septième besoin, celui de transcendance, qui va au-delà de la simple réalisation de soi et aspire au dépassement de soi. Ce besoin de transcendance se manifeste aussi bien dans la religion, le sport que dans l'entrepreneuriat. Néanmoins, beaucoup parmi vous ressentent une pression continue pour faire croître leur entreprise et atteindre leurs objectifs financiers. Certains iront même à vouloir laisser une trace, changer le monde et du moins, l'améliorer [coupable, votre honneur !].

Cette pression peut certes être source de motivation extraordinaire, mais elle peut également être stressante et conduire à une surcharge de travail, voire une négation totale de soi et des besoins les plus fondamentaux. Au fait, ça va comment dans votre vie personnelle ? Vous faites du sport et mangez équilibré ? ça fait combien de temps que vous n'êtes pas parti en week-end ? Au-delà des injonctions, gardez toujours en tête que vous êtes votre propre outil de travail ! Ménagez-vous et au moins organisez-vous pour le faire mieux !

Résilience et gestion des risques

Vous faites souvent preuve d'une forte résilience et d'une capacité à gérer des risques et des incertitudes liées à l'entrepreneuriat. Ces qualités, développées et affinées au fil du temps, vous permettent de mieux faire face aux défis sans être nécessairement submergé par le stress.

La capacité à rebondir face aux difficultés est cruciale et vous êtes confronté à de nombreuses décisions importantes au quotidien. Néanmoins, la gestion financière de votre entreprise peut constituer une source significative de stress, surtout en périodes de difficultés économiques ou lorsqu'il y a des problèmes de trésorerie. Cette pression constante pour prendre les bonnes décisions peut être épuisante et contribuer à un épuisement professionnel.

Réseaux, soutien et introspection

Vous êtes souvent bien connecté avec d'autres entrepreneurs, mentors et réseaux professionnels qui peuvent vous offrir un soutien émotionnel et pratique. Posséder un réseau solide peut contribuer à atténuer les sentiments d'isolement et de surcharge de travail, ce qui favorise une meilleure gestion du stress. Cependant, le monde entrepreneurial peut également être solitaire, en particulier pour les fondateurs de startups ou les entrepreneurs individuels. Une absence de soutien social adéquat peut accroître le stress et la pression, des facteurs qui augmentent les risques d'épuisement.

Avoir un cercle social positif et bienveillant est essentiel. Sans une introspection approfondie et un entourage favorable, il peut être difficile de s'assurer de ne pas s'associer à des individus toxiques ou de ne pas prendre des décisions influencées par un besoin non comblé de reconnaissance, souvent ancré dans l'enfance.

Flexibilité, adaptabilité et toxicité induite

Vous avez tendance à être très flexibles et adaptables. Vous pouvez ajuster vos stratégies, pivoter votre entreprise et trouver des solutions créatives aux défis. Cette capacité à adapter rapidement vos plans et vos actions diminue l'impact des situations stressantes et favorise un meilleur bien-être mental. Cependant, la nécessité de maintenir de bonnes relations avec vos clients, partenaires commerciaux et employés peut être stressante et exigeante, particulièrement en période de conflits ou de situations tendues. Cela sous-tend une fatigue accrue liée à l'échange constant de sollicitations, nécessairement à la bonne santé mentale comme je l'ai rappelé dans mon premier article sur les jeux psychologiques. Je vous rappelle ici que l'Homme a besoin de sollicitations pour vivre, qu'il est préférable d'en échanger des positives (appelées caresses) que des négatives (coups), mais qu'à défaut de ne pas en recevoir suffisamment l'être humain préférera toujours en recevoir de mauvaise. Oui, l'être humain est tordu : plutôt que de s'isoler, il préférera donc développer des relations toxiques, mues par des jeux psychologiques intenses et délétères.

En conclusion

Il est impératif de ne plus traiter des sujets importants sans mener des recherches approfondies, surtout lorsqu'ils se limitent à des "mots-clés piège à clics". Je ne suis pas spécialiste de la santé, mais un expert en dynamiques relationnelles, et j'ai souvent observé des personnes parler de fatigue professionnelle et de burnout dans un esprit autant compétitif que désagréable. Ce sujet était alors abordé dans le cadre du jeu psychologique du « mien est mieux que le tien », tel que j'en ai décrit le fonctionnement dans mon premier article : [La minute du boss : Compétition : le quotidien des entrepreneurs se joue aussi en dehors du ring !] et cela m'exaspère ! Passe encore quand vous mentionnez votre lumbago récent lorsque quelqu'un vous met confie son écrasement cervical ; mais un peu de respect s'il vous plait envers ceux qui sont véritablement à bout de forces. Vous ne pouvez pas leur dire « rhôôô mais t'es juste fatigué(e) », ou encore « oh ben moi, ne m'en parle pas, des burnout j'en ai fait 4 en tout ! » alors que la semaine dernière vous affirmiez sans gêne soigner votre « dépression » avec de l'Euphytose !

En bref, si l'on aborde la question du burnout, il ne saurait être question de le réduire à un simple surmenage et lorsque l'on parle de surmenage, et même de fatigue intense, il s'agirait d'arrêter d'utiliser systématiquement le mot « burnout » ! Burnout et épuisement professionnel sont liés mais la fatigue professionnelle n'est qu'un symptôme du burnout, elle n'est pas le burnout. Néanmoins, il est particulièrement crucial de rappeler que les risques liés à l'entrepreneuriat ne se limitent pas qu'aux aspects financiers et que la fatigue professionnelle mérite une attention toute aussi sérieuse, que celle que nous pouvons consacrer au burnout.

Confondre le burnout avec l'épuisement professionnel est loin d'être indolore : cela représente non seulement une menace pour votre bien-être personnel, mais également pour la pérennité de votre entreprise et le bien-être de vos collaborateurs. Le burnout requiert des approches thérapeutiques distinctes de celles appliquées à la simple fatigue professionnelle. En amalgamant ces deux états, vous risquez de ne pas bénéficier des soins et du soutien approprié pour restaurer votre santé mentale et physique. Mais il y a pire et nettement moins observable : en traitant la fatigue professionnelle comme une simple phase de surmenage, vous négligez souvent les facteurs environnementaux sous-jacents qui alimentent le burnout, tels que le stress chronique ou les relations de travail toxiques. Cette approche risque de perpétuer des environnements de travail préjudiciables non seulement à votre propre santé, mais également à celle de votre équipe. Bien que, en tant qu'entrepreneur, vous soyez moins sujet au burnout en raison de la passion qui vous anime, traiter ce dernier avec des méthodes inappropriées risque de vous faire reproduire les mêmes situations stressantes et les mêmes schémas destructeurs. Ne sous-estimez jamais la toxicité induite par certaines de vos relations.

J'ai longtemps cru que le burnout n'affectait pas les entrepreneurs en raison de l'absence de lien de subordination et donc de réification. Toutefois, j'ai réalisé que la réification, cet outil pervers de manipulation, pouvait provenir d'autres sources qu'un manager : un associé en déni ou encore des clients ou fournisseurs imposant leurs conditions sous peine de rompre la relation. L'actualité nous rappelle même que cela peut concerner aussi des followers pour des youtubeurs, à qui il est toujours demandé de faire plus pour amuser la galerie, jusqu'à donc organiser un grand prix ou escalader l'Everest. Mais jusqu'où irons-nous ?

Le message que je vous adresse est : choisissez la vie, pas la béquille ! Examiner la situation dans son ensemble. Si vous vous sentez épuisé, faites-vous accompagner par un professionnel. Sans une identification précise et un traitement adéquat des causes profondes, vous risquez de retomber dans un cycle d'épuisement chronique, compromettant ainsi la performance et la viabilité de votre entreprise. Reconnaître le burnout et appliquer des interventions adaptées sont essentiels pour préserver votre santé mentale, optimiser la performance de votre entreprise et garantir un environnement de travail sain et productif pour tous vos collaborateurs. Quant à moi, je vais reprendre ma partie de « Have a nice death », un jeu dans lequel vous incarnez la mort en état de burnout sévère, qui décide pour se soigner, de reprendre sa faux et d'effectuer un peu de « sur-ménage » ! Obsessionnel, moi ? Meuuuhhh non !

Références complémentaires et indispensables

  • Marie Andersen (2019). La manipulation ordinaire aux éditions Marabout
  • Sandra Boré (2021). Le POWER du Je(u) : Écologie personnlle et énergie : les clés de la neurobiologie
  • Claude Steiner (1996). Des scénarios et des hommes - analyse transactionnelle des scenarios de vie
  • Eric Berne (1967). Des jeux et des hommes
  • Maslach, C., & Leiter, M. P. (2016). Understanding the burnout experience: recent research and its implications for psychiatry. World Psychiatry, 15(2), 103-111. DOI:10.1002/wps.20311
  • Schaufeli, W. B., Leiter, M. P., & Maslach, C. (2009). Burnout: 35 years of research and practice. Career Development International, 14(3), 204-220. DOI:10.1108/13620430910966406
  • Pines, A., & Aronson, E. (1988). Career burnout: Causes and cures. Free Press.
  • Demerouti, E., Bakker, A. B., Nachreiner, F., & Schaufeli, W. B. (2001). The job demands-resources model of burnout. Journal of Applied Psychology, 86(3), 499. DOI:10.1037/0021-9010.86.3.499
  • Blumenthal, Rachel Leah (2019). "Why Entrepreneurs Are Less Likely to Burnout." Entrepreneur Magazine.
  • Murnieks, C. Y., Mosakowski, E., & Cardon, M. S. (2014). "Pathways of Passion: Identity Centrality, Passion, and Behavior Among Entrepreneurs." Journal of Management.
  • Patel, N. (2015). "The Secret of Avoiding Burnout When You're an Entrepreneur." Forbes.

[1] Étude de Malt et Drag'n Survey, février 2021 : https://bit.ly/3RP6eRk. Pour 30,79% des personnes interrogées, le salariat convient de moins en moins, 25,23% ont des personnes de leur entourage qui se sont, elles lancées dans le freelancing et pour 23,84%, la crise a été une opportunité de remettre leur vie professionnelle en perspective. Nous pouvons bel et bien parler de choix conscient, les reproches face à l'entreprise actuelle étant un désir d'une plus grande flexibilité et une meilleure autonomie (39,44%), un meilleur équilibre vie pro / perso (23,67%), un salaire plus élevé (17,87%) et plus de chalenge (7,66%). Il a l'air d'être loin le temps où il était souvent invoquée l'idée d'être entrepreneur pour ne plus avoir de patron (ici, 7,42%)

[2] Source OCDE (oecd.org) : https://bit.ly/3MgTamD

[3] Source European Datalab - article du 04 mai 2020 : https://bit.ly/3UXXCKx

[4] Source capital / Management : https://bit.ly/3Vq57dU

[5] Source Culture-rh.com « Santé mentale et entreprise (notamment au sein des RH » : https://bit.ly/3CijA2B

[6] Professeur d'économie à l'université de SATNFORD

[7] Sources ladn.eu "Les géants de la tech tentent tout pour faire revenir leurs salariés... et ça ne marche pas » : https://bit.ly/3rFVZnw.

[9] C'est bien Charles McDermid qui a été parmi les premiers à représenter la hiérarchie des besoins de Maslow sous forme de pyramide dans des ouvrages de psychologie et de gestion.

Guillermo Di Bisotto est auteur Eyrolles de "C'est où qu'on signe ?" et de "Questions pour un champion de LA vente" | Consultant marketing | Directeur Commercial Taskforce [Trouvez votre pépite IT en 1 minute grâce à l'IA] & Créateur du cycle de formation « La vente puissance TOI »


 
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