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Voyage d'affaires: peut-on joindre l'utile à l'agréable ?

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Voyage d'affaires: peut-on joindre l'utile à l'agréable ?

La tendance du "bleisure", qui consiste à combiner travail et tourisme à l'occasion d'un déplacement à l'étranger, séduit 87% des voyageurs d'affaires français. Du dirigeant d'entreprise aux collaborateurs baroudeurs, tout le monde y gagne. Vraiment ?

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Le bleisure ? Un néologisme anglo-saxon né de la contraction de business et de leisure (loisir) qui désigne le fait, pour des voyageurs d'affaires, de prolonger leur séjour à l'étranger afin de jouer les touristes. Rien de bien nouveau sous le soleil, pensez-vous. Sauf que ce phénomène est de plus en plus massif, en particulier dans notre pays, comme le montre une étude réalisée en février de cette année à l'initiative d'Egencia1, la marque "voyages d'affaires" du groupe Expedia. On y apprend, entre autres informations, que 24% des voyageurs d'affaires français saisissent systématiquement l'occasion, contre 20% des Allemands et à peine 10% des Anglais.

Autre chiffre marquant: 87% des sondés français pratiquent régulièrement le bleisure, et près d'un sur deux glisse toujours un guide touristique dans son attaché-case, quelle que soit sa destination. Jérôme Fouque, directeur général France d'Egencia, y voit le signe d'un "impact grandissant des comportements relevant typiquement du loisir sur l'univers professionnel", qui se manifeste aussi par la montée en puissance des compagnies low-cost dans le voyage d'affaires.

Mais, de manière plus prosaïque, si le bleisure est de plus en plus courant, c'est qu'il profite aussi bien aux entreprises qu'aux salariés. Il permet paradoxalement de réaliser de substantielles économies, car prolonger un séjour de deux jours en incluant un week-end, c'est gagner en général entre 15 et 40% sur le coût des billets d'avion.

Profiter, découvrir... et optimiser ?

"Seul bémol, un flou juridique demeure sur la responsabilité de l'entreprise en cas d'accident survenant sur ce temps personnel"

"Pour les compagnies aériennes, cela permet de remplir les avions à des moments où ils sont pratiquement vides, explique Julien Chambert, directeur ventes et développement d'Avexia voyages. La différence de prix est particulièrement flagrante sur des destinations typiquement "affaires". Si vous prenez un Paris-Milan sur Air France, par exemple, vous allez payer 560€ aller-retour avec un départ le mercredi et un retour le vendredi. Mais si vous retardez votre retour au dimanche, le tarif tombe à 317€, soit 40% de moins ! Et c'est vrai aussi sur les long-courriers, vers l'Asie par exemple. Les jeunes voyageurs d'affaires, qui appartiennent à la génération Y, apprécient de profiter de leurs déplacements pour découvrir une grande ville ou un pays, et sont tout à fait prêts à payer leurs nuits d'hôtel. Certaines entreprises ont conscience que cela permet d'optimiser les coûts, au point de prendre en charge l'une des deux nuits d'hôtel supplémentaires pour leur collaborateur."

Sans compter que pour un salarié, il est évidemment très gratifiant de pouvoir visiter une capitale ou passer du bon temps dans un lodge à l'autre bout du monde à moindre coût. Seul bémol, un flou juridique demeure sur la responsabilité de l'entreprise en cas d'accident survenant sur ce temps personnel. En tout état de cause, il est recommandé de faire signer une décharge au salarié qui souhaite prolonger son séjour [...]. Cliquez ici pour continuer la lecture sur la page suivante.

(1) Étude réalisée par OnePoll, en février 2015, auprès d'un échantillon de 1000 salariés en France, en Allemagne et en Grande-Bretagne, voyageant pour des raisons professionnelles.

L'autre façon de pratiquer le bleisure concerne surtout les dirigeants d'entreprise. Elle consiste à choisir de passer ses vacances, en couple ou en famille, dans un pays où l'on a déjà pris pied, ou qui paraît offrir de belles opportunités de développement. Quitte à sacrifier un ou deux jours pendant lesquels il faudra remettre sa casquette de patron. En échange, les billets d'avion du dirigeant seront pris en charge par l'entreprise. Mais il faudra bien sûr être en mesure de prouver cette dimension professionnelle, le cas échéant. À défaut, gare à l'accusation d'abus de bien social.

Même les PME s'y mettent...

" Typiquement, il s'agit par exemple de prospecter aux États-Unis quelques jours, avant de partir visiter les grands parcs de l'Ouest avec femme et enfants "

"C'est quelque chose qui existe depuis très longtemps, mais je dirais que jusqu'à présent, ce phénomène concernait surtout les grands groupes, estime Julien Chambert. Comme les PME ont désormais davantage besoin de travailler à l'international, on voit aujourd'hui leurs dirigeants arriver sur ce marché. Typiquement, il s'agit par exemple de prospecter aux États-Unis quelques jours, avant de partir visiter les grands parcs de l'Ouest avec femme et enfants. Pour une agence mixte comme la nôtre, qui facturera les prestations sur deux comptes complètement séparés, la mission est alors de préparer le déplacement clés en main pour toute la famille, en prenant comme point de chute un hôtel qui ne soit pas trop éloigné du lieu de rendez-vous professionnel, mais pas non plus dans le quartier des affaires, où les proches vont s'ennuyer."

Sans sacrifier sa vie de famille, le dirigeant prend ainsi le temps de découvrir en profondeur un pays. Ce qui n'est pas enrichissant que sur le plan personnel, car montrer, au détour d'une conversation professionnelle, qu'on cherche sincèrement à comprendre la culture ou les coutumes locales, se révèle la plupart du temps très payant. Comme quoi les voyages forment bel et bien la jeunesse mais sans toujours déformer le portefeuille.

LE TÉMOIGNAGE DE...
Laurent Cohen, directeur général de Corania


Laurent Cohen s'est fixé une règle: toujours prendre le temps de découvrir le pays ciblé à la manière d'un touriste. En partie pour le plaisir, il ne s'en cache pas, mais aussi parce que c'est bon pour les affaires. Directeur général de Corania, une entreprise marseillaise de conception et de fabrication de parfums qui exporte près des deux tiers de sa production, Laurent Cohen s'envole ainsi de quatre à six fois par an, vers l'Amérique du Sud, les États-Unis ou encore la Russie, en prévoyant systématiquement des visites de sites ou de monuments. "Si je veux avoir des performances sur un marché, je dois connaître le pays, sa culture et ses spécificités, insiste-t-il. Évidemment aller voir le Corcovado, quand on est au Brésil, ce n'est pas une démarche commerciale. Mais la frontière est floue parce qu'aujourd'hui, arriver dans un pays, vendre et partir, ça n'existe pas. Il faut visiter, comprendre, échanger avec les locaux. C'est essentiel pour développer un business de qualité." Il y a quelques années, Laurent Cohen est parti avec son épouse passer des vacances au Brésil. Elle avait payé son billet d'avion et l'entreprise a pris en charge celui de Laurent. "Elle a passé de vraies vacances et moi, j'ai travaillé tous les jours, s'amuse-t-il. Mais c'était un séjour fantastique, d'autant que nous étions hébergés chez des amis. Dans un cas comme celui-là, la limite entre travail et plaisir est difficile à tracer."

CORANIA
Activité:
conception, fabrication et distribution d'eaux de toilette
Ville:
Marseille (Bouches-du-Rhône)
Forme juridique:
SARL
Dirigeants:
Jean-Luc (65 ans), Bernard (62 ans) et Laurent Cohen (41 ans)
Année de création:
1934
Année de reprise:
1973
Effectif:
19 salariés
CA 2014:
5,7 M€

 
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