Max Guazzini, la sélection par la passion
Chanteur, avocat, directeur de radio, président du Stade français... Aujourd'hui vice-président de la Ligue nationale de rugby, Max Guazzini a connu plusieurs vies professionnelles. Le fil conducteur pour ce meneur d'hommes : la passion, et un management respectueux des individualités.
Je m'abonne"Je ne suis pas un saint", revendique-t-il auprès de ses 15 300 abonnés sur Twitter. Max Guazzini, c'est un homme qui assume tout, même ses tentatives ratées dans la chanson, avec l'aide du frère de Dalida. "J'ai essayé, j'ai quand même fait deux disques !" s'amuse l'auteur d'" Amoureux ", qui n'est pas resté dans l'histoire de la chanson française mais est devenue un tube au Stade français, où les joueurs l'entonnaient en choeur pour se moquer tendrement de leur coach... "J'accepte volontiers de me faire chambrer". Lui-même tance pas mal, "parce qu'avec humour tout passe mieux. Cela permet de faire passer des messages, sans remettre en cause l'autorité". De toute façon, celle-ci est à ses yeux "quelque chose de naturel". Tout comme le management : "Un jour, j'ai gagné un prix de marketing sportif, pour lequel j'étais en concurrence avec Jean-Michel Aulas et Michel Platini. Mais je n'ai pas étudié ça, moi !" Il revendique simplement son besoin d'être créatif, et d'oser tout ce qui lui passe par la tête : "J'ai fait des bêtises, ce n'est pas grave !"
Je n'ai jamais été dans un rapport patron-employé
De la même manière, si on le sent fier de "ne jamais avoir été dans un rapport patron-employé", cela procède pour lui avant tout de sa personnalité : "Jouer le patron, c'est quelque chose que je ne peux pas". Il se souvient encore avoir mis à pied un animateur de NRJ. "J'ai rédigé la lettre pendant l'émission, j'ai attendu la fin pour la lui donner. C'était dur, mais juste : il avait vraiment déconné et le savait. Il ne m'en a pas voulu d'ailleurs on se voit toujours !"
Laisser s'épanouir les individualités
Max Guazzini, c'est un sélectionneur qui, dans toutes ses vies professionnelles - il a également été avocat, NDLR -, a constitué ses équipes sur un seul critère : la passion. Des changements de vie qui se sont faits au hasard des rencontres, parce que chaque fois on lui proposait un défi : "Quand j'étais dans le show-biz - il a été l'attaché de presse de Dalida, NDLR --, je ne pensais pas que je serais avocat un jour. Au barreau, je ne m'attendais pas à être embarqué dans l'aventure de la radio."
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Et les défis, "ça se mène en équipe, avec des gens avec qui ont se sent bien. C'est important de bien s'entourer !" Pour cela, Max Guazzini ne passait pas par des agents mais préférait s'entretenir avec les joueurs eux-mêmes... de tous autres sujets. "Je leur demandais quel était le dernier film qu'ils avaient vu, le dernier livre qu'ils avaient lu... pour cerner un peu leur personnalité. En revanche il n'y avait qu'une réponse à donner la question : Est-ce que tu es né pour être un champion ?!" À partir de cette étonnante sélection, les grandes gueules, comme le rugby sait en fournir, ne posent pas de problèmes, au contraire. "C'est plus compliqué de se gérer soi-même !" S'il confesse une certaine impatience, il sait aussi que certains défauts deviennent des qualités quand on est un coach, comme celui de ne pas aimer la défaite. Et même si c'était avec des boutades, certains anciens du Stade français doivent se souvenir encore de certaines soufflantes poussées au retour dans les vestiaires...
Max Guazzini, c'est une personnalité aussi complexe qu'attachante, comme en attestent ses relations avec ses anciens collaborateurs. "J'en ai reçu pas mal des lettres me disant : tu m'as tout appris, grâce à toi je suis devenu un homme..." Manager pour Max Guazzini, c'est aussi laisser s'épanouir les individualités... sur le long terme. "Regardez, ceux que j'ai recrutés, aujourd'hui ils sont partout, comme entraîneurs - en dix ans on en a fourni deux à l'équipe de France -, comme consultants, mais il y en a aussi un qui est devenu médecin, un qui travaille pour la Ville de Paris..." Laporte, Moscato, Dominici et tant d'autres... Des hommes qui se découvrent d'autres talents, ou plutôt d'autres activités pour laisser s'épanouir leurs talents. "Les fortes personnalités, c'est bien pour un groupe. Dans le mien il n'y a pas eu beaucoup de gens lisses, au pire quelques tièdes !"
Max Guazzini, homme capable de mener quinze grands gaillards à la victoire comme d'ameuter les médias et les réseaux sociaux quand il ne trouve plus sa chère chienne beagle Holy ... "J'aurais pu la chercher pendant des jours et des jours, tant que je ne savais pas qu'elle s'était fait écraser". Le genre de trait qui le rend encore plus attachant auprès du public comme de ses troupes. Ce sudiste n'exclut pas, voire revendique l'affectif : "L'autre jour, je suis passé devant l'immeuble où on a commencé l'aventure NRJ, vers le métro Télégraphe. Qui se doute aujourd'hui de ce qui s'est tramé au dixième étage ? Je me souviens que la cohabitation n'était pas facile, on était bruyants et il fallait faire avec un concierge horrible... J'éprouve pour cette époque non de la nostalgie, mais beaucoup de tendresse".
Je n'ai jamais aimé les réunions
Comme pour cette période où il a changé l'image du rugby français, faisant entrer la musique et la couleur rose sur les stades. "Vous savez comment ça s'est passé ? Je m'ennuyais en réunion - je n'ai jamais aimé les réunions - et je pensais au slogan "Black is beautiful", j'ai lancé l'idée, et on l'a déposée en 2005".
Il sait aussi qu'avec toutes ses idées, il a renforcé le groupe et sorti le rugby de ses bastions traditionnels, donnant rendez-vous à coups d'affiches inspirées des peplums ou des mangas japonais pour de grands spectacles populaires au Parc des princes puis au Stade de France. Max Guazzini, c'est aussi l'auteur d'une politique tarifaire volontariste, avec des places à 5 €. "Je suis un peu fou, vous savez..." Aujourd'hui cette folie lui manque : "A la Ligue, on n'a pas de rapport direct avec les acteurs". Heureusement, en tant que directeur des Barbarians français, il est "toujours en prise avec la matière humaine", celle qui sue et crie, et qu'on façonne en la portant vers un objectif commun.
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De son enfance marseillaise, il a gardé non l'accent provençal mais une éducation catholique qu'il ne renie pas, bien au contraire, et qui n'est certainement pas étrangère à cet humanisme. En début d'année, il a produit un CD de chants à Marie. "Oui j'ai la foi, je fais partie de la chorale et je vais à la messe en latin. Pourtant je ne suis pas un intégriste ! " On croit volontiers celui qui a déshabillé ses rugbymen pour un calendrier et invité les danseuses du Moulin Rouge sur la pelouse du Stade de France... Cela l'énerve copieusement qu'on continue "à mettre à ce point les gens dans des cases"... Max Guazzini pourrait d'ailleurs encore nous réserver quelques surprises : "Aujourd'hui je pourrais bien me passionner pour la pâtisserie"... Pour sûr, il est loin d'être sur la touche.