Des salariés heureux pour un business fructueux
Le capital humain rapporte. Ce message, porté par les pionniers de la RSE, se constate, chaque jour, dans un nombre grandissant de PME. Réduction du turnover, baisse des accidents du travail, motivation accrue des salariés... tout concourt à une augmentation du chiffre d'affaires.
Je m'abonneCet article fait partie de notre série "Rentabilisez votre RSE" dont vous pourrez retrouver, dans les prochaines semaines, les deux autres parties :
- Une politique RSE engagée pour gagner des marchés
"Notre capacité de production augmente de 25 % par an et notre productivité de 10 %", affirme Claude Haumesser, directeur général de la PME familiale De Buyer, concepteur d'ustensiles de cuisine. Une performance, au vu de la morosité de l'industrie française.
Pour lui, ce succès est la conséquence directe de son investissement de 5 M€ dans la modernisation de ses locaux. "Nos salariés travaillent mieux avec notre nouvel outil de fabrication, dans des bureaux plus clairs, climatisés et mieux agencés", témoigne-t-il.
Des locaux aux airs californiens
Ce constat fait écho au classement 2013 du baromètre RSE(1), selon lequel "l'amélioration des conditions de travail est en tête pour 66 % des sondés". Même son de cloche chez One2Team. Si, cette année, l'éditeur de logiciels accroît son effectif de 30 %, c'est, selon son p-dg, Hervé Laumonier, grâce à la cohésion de son équipe.
"L'ADN de One2Team repose sur la collaboration. Un cadre de travail propice aux échanges nous semblait donc primordial. Nous avons créé, avec l'architecte Olivier Chopin, des espaces modulables et fonctionnels conciliant performance et bien-être."
Ces locaux, inaugurés en 2013 à Neuilly-sur-Seine, ressemblent à ceux des sociétés californiennes de la Silicon Valley : un vrai lieu de vie, avec salon, cuisine et même douche pour les sportifs, sans oublier les petites attentions, comme la livraison hebdomadaire de fruits.
Fort d'une croissance à deux chiffres de son CA, Hervé Laumonier en est certain : "Favoriser l'épanouissement de ses salariés améliore leur productivité".
J'aime ma boîte
Et il est de moins en moins seul à le penser. Ainsi s'explique le succès croissant d'initiatives comme celles du collectif J'aime ma boîte. En 2013, 400 000 sociétés ont invité leurs collaborateurs, le temps d'une journée, à partager des moments de convivialité autour de déjeuners thématiques, d'activités de détente ou d'ateliers photo.
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Autant d'opérations de team building qui visent à resserrer les liens et renforcer la motivation au travail. Car un salarié heureux est un salarié présent. Or, selon une enquête menée par Kimberly-Clark professionnal, le coût de l'absentéisme est évalué à plus de 1 % de la masse salariale.
On comprend mieux pourquoi les entreprises optent pour des contrats sociaux. En prévoyant la pénibilité et en encourageant le télétravail, la qualité de vie au travail ou l'emploi des seniors, elles s'assurent, selon le dernier baromètre d'Alma Consulting, un taux d'absentéisme de 8,73 %, soit plus de deux fois moins qu'une entreprise ne l'ayant pas fait.
Autre cercle vertueux : améliorer la sécurité renforce aussi la participation des équipes. "En revoyant nos procédures dans le cadre de la certification 18001 sur la sécurité, nous avons diminué le nombre d'accidents du travail : huit ont été répertoriés en 2012, quatre en 2013 et un seul sur l'année en cours", témoigne Laurent Bizien, directeur général de Martin Technologies. Preuve, selon lui, que ces actions favorisent un "présentéisme favorable".
(1) Baromètre RSE des PME édition 2013, réalisé auprès de 378 PME par l'Obsar, CCI France, la Médiation Interentreprises et la CGPME.
Le management social consiste aussi à prendre en compte les besoins professionnels des salariés. "Nous avons interrogé nos employés pour connaître leurs souhaits, confie Jean-Charles Rinn, directeur général de la société Adam, spécialisée dans le packaging en bois. Les demandes les plus pressantes concernaient la mobilité interne. Parallèlement, l'audit a révélé une problématique de pyramide des âge et de transmission des savoirs. La RSE nous a apporté une double solution."
Avec le consultant extérieur Stéphane Trébucq, la PME a ainsi cartographié tous ses métiers, établi des passerelles entre eux, tout en réalisant des vidéos de formation aux compétences et des descriptifs de poste.
"Nous avons fait d'une pierre deux coup : contenter les souhaits d'évolution de nos collaborateurs et résoudre notre problème de transmission des savoirs", conclut le dirigeant.
Se sentir bien
Cette prise en compte des motivations des équipes est partie intégrante de la culture d'entreprise développée chez One2Team. "Nous avons créé un groupe de travail dénommé "Se sentir bien", explique Hervé Laumonier. Piloté par trois représentants de chaque département (produit, R&D, et marketing), il vise à fluidifier l'échange d'informations. Les salariés sont invités à répondre, de manière anonyme, à un questionnaire dont les résultats sont présentés au cours d'une réunion mensuelle. L'occasion d'exposer l'avancement des projets en cours, dans un cadre plus décontracté."
Un management participatif qui joue à plein sur la marque employeur One2Team, actuellement en phase de recrutement. Une qualité de plus à son actif.
"Nous avons gagné 20 points de productivité"
Le témoignage de Jean-Charles Rinn, directeur général d'Adam
Développer une dynamique sociale interne, donner du sens aux salariés et construire une culture commune d'entreprise : voici les objectifs visés par Jean-Charles Rinn lorsqu'il rachète la société, spécialiste du packaging en bois, en 2009.
En 2010, fidèle à ses idées, il participe à une démarche pilotée par l'universitaire Stéphane Trébucq - enseignant à l'IAE Bordeaux et chercheur à l'Institut de recherche en gestion des organisations (IRGO) de l'université de Bordeaux - pour éprouver un outil de mesure et de gestion du capital humain dans son entreprise.
À partir de ce diagnostic, un certain nombre d'actions ont émergé : mise en place d'une mutuelle d'entreprise, proposition d'un contrat d'intéressement et réinvestissement de la totalité des résultats au bénéfice des salariés et de l'outil de production. "Dès le premier exercice, nous avons gagné 20 points de productivité", se félicite le dirigeant.
Dans un second temps, la société a valorisé le travail de ses collaborateurs, afin de prouver son excellence opérationnelle et de se démarquer, en termes d'image, notamment par rapport à sa concurrence asiatique.
D'où l'obtention du label EPV (entreprise du patrimoine vivant), qui a eu plusieurs effets vertueux : "Non seulement nous avons renforcé notre marque employeur, mais grâce à cette nouvelle dynamique, 20 % de notre CA sont désormais constitués de produits issus d'idées en interne."
Repères : Adam
Activité : Conception et fabrication de packaging en boisVille : Saint-Médard-en-Jalles (Gironde)
Forme juridique : SAS
Dirigeant : Jean-Charles Rinn, 50 ans
Année de création : 1880
Année de reprise : 2009
Effectif : 45 salariés
CA 2013 : 8 M€