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DRH : enfin stratèges ou toujours pompiers ?
Alors que les entreprises affrontent une complexité croissante, les Directeurs des Ressources Humaines s'imposent comme des acteurs stratégiques incontournables. Selon le dernier Baromètre des DRH, 84 % d'entre eux placent la transformation de l'entreprise au sommet de leurs priorités. Décryptage d'un rôle en pleine mutation.
Je m'abonneDans un contexte de bouleversements multiples - géopolitiques, technologiques, réglementaires et sociaux - les entreprises cherchent des repères. Elles en trouvent un, solide et adaptable, dans la fonction RH. Le Baromètre 2025 des DRH, réalisé par WTW, ABV Group et RH&M, révèle l'ampleur de cette transformation : les DRH ne sont plus de simples gestionnaires de talents, mais les stratèges d'une entreprise en transition permanente.
Transformation en ligne de mire
Avec 84 % des DRH plaçant la transformation de leur organisation comme priorité absolue (vs 81 % en 2024), l'édition 2025 du baromètre souligne l'évolution de leur rôle. Ce chiffre ne surprend guère tant les défis se multiplient : intégration de l'IA, pressions réglementaires, attentes accrues en matière de RSE, quête d'agilité. Les DRH doivent réinventer les fondations du travail tout en assurant l'équilibre entre performance économique et impact social.
Pour 74 % d'entre eux, favoriser une organisation innovante et agile est la clé de cette transformation. Mais un glissement s'opère vers une approche plus structurée : la Gestion des Emplois et des Parcours Professionnels (GEPP), ou Strategic Workforce Planning, gagne 17 points en un an (58 % vs 41 %). L'heure est à l'anticipation, à la planification stratégique des compétences et à la redéfinition des rôles.
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IA, robotisation : la double lame
L'un des signaux les plus forts de cette édition 2025, c'est la percée spectaculaire de l'Intelligence Artificielle. Son adoption progresse de 24 points, atteignant 55 %, et devient la troisième priorité des leviers de transformation, juste derrière l'agilité et la GEPP. Mieux : 45 % des DRH identifient l'IA comme levier principal pour pallier les pénuries de compétences.
Les DRH, conscients des défis associés, s'emparent du sujet avec réalisme. 52 % estiment que leur entreprise reste en retard, mais ce chiffre est en net recul par rapport à 2024 (71 %). Ils sont 40 % à se sentir prêts, et 8 % même en avance. L'enjeu dépasse la productivité : il s'agit de redéployer les collaborateurs vers des tâches à plus forte valeur ajoutée, d'accompagner l'émergence de nouvelles compétences (65 %) et d'exploiter l'IA dans toutes les phases du cycle RH : recrutement, évaluation, formation, gestion des carrières.
Engagement, QVT et performance : un triptyque indissociable
La transformation ne se joue pas uniquement dans les outils et l'organisation. Elle repose sur les individus. En 2025, 92 % des DRH placent l'engagement et la fidélisation des collaborateurs en tête de leur politique RH. Cette priorité est renforcée par deux leviers : le développement des compétences (89 %) et le management de la performance (87 %). La QVT et la diversité restent des fondamentaux, portés respectivement par 79 % et 74 % des répondants.
Côté rémunération, l'heure est à la justice : l'équité entre salariés (60 %) devance désormais la parité femmes-hommes (58 %), témoignant d'une volonté plus globale d'instaurer des politiques salariales plus transparentes et cohérentes.
Entre incertitudes et réglementations : le DRH en funambule
Le contexte externe, lui, ne cesse de se durcir. L'impact écologique (59 %), les tensions géopolitiques (50 %), mais aussi la défiance envers les institutions (27 %) s'imposent comme des facteurs influençant directement l'organisation du travail. Les DRH n'ont d'autre choix que de composer avec cette volatilité, tout en intégrant une inflation réglementaire sans précédent : CSRD, directive sur la transparence des rémunérations, loi Rixain...
Ils deviennent ainsi les garants de la conformité, mais aussi les facilitateurs du changement, capables de faire dialoguer stratégie, opérationnel et vision long terme.
Une figure centrale et résiliente
Comme le souligne Delphine Lancel (RH&M), les DRH sont désormais perçus comme des piliers de stabilité dans une époque incertaine. À la fois stratèges, accompagnateurs du changement et garants du lien humain, ils doivent élargir leur champ d'action et inventer de nouvelles réponses face à des défis inédits. En 2025, le DRH n'est plus simplement un acteur de la transformation : il en est l'architecte.
Méthodologie : L'édition 2025 du Baromètre des DRH a été menée du 2 décembre 2024 au 9 février 2025 via un questionnaire en ligne adressé aux DRH d'entreprises de toutes tailles et industries confondues.
