Pour un cadre sur deux, la situation a évolué "défavorablement" depuis 20 ans
Qu'est-ce qui a changé chez les cadres depuis 1990 et quel est le climat selon eux aujourd'hui dans les entreprises? Telles sont les deux questions posées par l'Apec dans sa dernière enquête.
Je m'abonneL'Apec, l'association pour l'emploi des cadres, réédite le 25 novembre une enquête menée en 1990, une façon d'analyser l'évolution de la population cadre sur deux décennies.
Le nombre de cadres travaillant dans le secteur privé a progressé de 62% et s’établit actuellement à 3,5 millions. Les cadres restent majoritairement des hommes, mais la proportion de femmes est passée de 23% à 34% en près de 20 ans. Les effectifs de femmes cadres ont ainsi progressé de 136% contre 39% pour les effectifs masculins. Ils sont plus nombreux à avoir signé un CDD durant leur parcours professionnel. Ils sont aussi plus nombreux à se sentir menacés par le chômage qu’ils ne l’étaient dans les années quatre-vingt-dix, même si le taux de chômage des cadres représente actuellement moins de la moitié de celui de l’ensemble des salariés.
Les cadres estiment toujours jouer un rôle moteur dans les entreprises, mais les évolutions économiques de ces dix dernières années les ont amenés à considérer que les décisions en matière de stratégie leur échappaient. Dans ce contexte, le regard qu’ils portent sur leur environnement est plus négatif qu’il y a 20 ans et ils estiment plus fréquemment que la situation a évolué défavorablement pour eux: 51% en 2010 contre 12% en 1990. Ils se sentent plus isolés dans leur entreprise, et le sentiment d’avoir un pouvoir d’influence a nettement reculé en deux décennies. Mais cette prise de distance signifie aussi davantage de maturité et un rapport plus "équilibré" au travail et à l’entreprise.
53% des cadres estiment que la stratégie menée par la direction de leur entreprise va dans la bonne direction. Par contre, ils portent un regard critique vis-à-vis des politiques de gestion des ressources humaines. Ils sont un sur deux à penser que les dirigeants ne sont pas attentifs aux conditions de travail des salariés, 42% seulement à penser que ces dirigeants "se préoccupent de l’avenir de leurs salariés". Et enfin, 35% à estimer que "quand les dirigeants prennent des décisions, ils se soucient de leurs impacts humains".
Aujourd’hui, les cadres ont le sentiment que la mobilité professionnelle, qu’elle soit interne ou externe, est devenue particulièrement risquée, voire angoissante. Pour autant, ils ont conscience de la nécessité de continuer à "garder la main" sur leur carrière et à agir pour la faire évoluer. Peu enclin à se tourner vers le service de gestion des ressources humaines de leur entreprise, ils préfèrent faire appel à un conseil extérieur qui privilégiera l’écoute, en leur laissant autonomie et entière liberté dans leurs actions. Ils attendent en particulier que la singularité de leur parcours soit prise en compte et qu’un lien personnalisé puisse se tisser avec l’expert qui pourra les accompagner.