Humour et management font bon ménage, si, si !
Quels sont les bénéfices individuels et collectifs du rire en entreprise ? Élodie Arnéguy, coauteur du Petit traité de l'humour au travail, vous livre sa réponse.
Je m'abonneLe rire est considéré comme un remède de choix contre le stress pour plus d’un tiers des salariés français, selon une étude réalisée par Monster. Mais, l'humour, ce n'est pas simplement raconter des blagues, c'est une manière de construire ses relations professionnelles avec recul et plaisir. Voilà la thèse soutenue par David Autissier, maître de conférences en management à l'Institut d'administration des entreprises de l'Université de Paris-Est Créteil et Élodie Arnéguy, consultante en conduite du changement et en management chez Datiss. Ils ont écrit à quatre mains le Petit traité de l’Humour au travail paru aux éditions Eyrolles fin 2011.
Interview d'Élodie Arnéguy.
Selon l'étude menée pour l'écriture de votre ouvrage, près de deux collaborateurs sur cinq estiment que l'humour n'est pas assez utilisé en entreprise. De quoi les managers ont-ils peur ?
Que leur autorité en prenne un coup, pour commencer ! De se mettre ensuite dans une situation risquée où les collaborateurs pourraient répliquer ou les critiquer (même si c'est au détour d'une blague ou d'un jeu de mots). Enfin, ils pensent à tort que les minutes passées à rire ou à se détendre sont perdues. Or, in fine, la production n'en sera que meilleure.
Briser des barrières assoit une proximité avec ses équipes, favorise la cohésion, encourage la créativité et désamorce les conflits. La prise de recul par rapport au travail permet en outre de réduire le stress tant du côté du manager que du salarié et de (ré)humaniser le management.
Blague, objets rigolos, affiches décalées, séminaires, formulations drôles, toutes les formes sont les bienvenues tant qu'elles sont en cohérence avec les valeurs véhiculées par l'entreprise et son organisation. Autrement dit, si certains prérequis sont absents, c'est le flop assuré.
Les salariés refuseront de jouer la carte de l'humour si le climat social n'est pas apaisé ou s'ils considèrent que des conditions nécessaires à leur bien-être ne sont pas remplies. Je pense par exemple à une société qui a payé relativement cher des objets humoristiques censés créer une ambiance agréable et détendue. Hermétiques, les salariés ont été interrogés : ce qui les intéressait, eux, c'était que la direction fasse d'abord réparer le four de la cafétéria !
Il faut appréhender cette stratégie managériale comme un véritable projet d'entreprise. Imposer, non. Impliquer, oui. En séminaire, demandez ainsi à vos chefs de service lors de groupes de travail s'ils se sentent capables de manier l'humour et comment. Pourquoi ne pas commencer par quelques “cobayes” avant l'élargir la population concernée ?
Petit traité de l'humour au travail par David Autissier et Élodie Arnéguy publié chez Eyrolles en novembre 2011. 178 pages. 20 €.
L'humour peut aussi servir en négociation ! .