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Alain Afflelou dévoile ses clés de management

Publié par Maëlle Becuwe le | Mis à jour le
Alain Afflelou dévoile ses clés de management

Self-made-man, l'opticien Alain Afflelou s'est imposé, en près de 45 ans, comme l'une des grandes figures de l'entrepreneuriat français. La tête sur les épaules, il règne sur un empire construit de toutes pièces, où le goût de la performance est érigé en règle absolue.

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Il est l'un des patrons préférés des français. Au palmarès BVA, dévoilé le 3 février dernier, Alain Afflelou s'est hissé à la quatrième place des plus grands entrepreneurs du pays, derrière Bernard Arnault, Xavier Niel et Vincent Bolloré. L'opticien, rendu célèbre par ses apparitions dans les publicités de sa marque et entré dans l'univers collectif des français grâce au bien connu "on est fou d'Affelou", arrive même en tête du classement chez les catégories populaires. Au point que 17% des sondés le nommeraient ministre de l'Économie. Pourtant, rien ne le prédestinait à devenir la tête de proue d'un groupe de près de 1300 points de vente dans le monde et réalisant 760 M€ de chiffre d'affaires l'année dernière.

Le gout de la performance et l'humain

Lorsqu'il ouvre sa première boutique, en 1972, avec son diplôme de l'école d'optique de Paris en poche, le jeune entrepreneur se sait "face à un terrain vague où tout est à construire". "On démarre, on ne sait pas où on va. On crée son premier magasin, mais l'équilibre est fragile. Alors, on en monte un autre pour consolider le précédent, brique par brique. Un jour, on se rend compte qu'on a bâti un mur", illustre le dirigeant. Pas à pas, Alain Afflelou fait grandir son empire, en s'appuyant sur les deux piliers historiques de sa stratégie : le goût de la performance, et l'humain.

"Les salariés doivent mettre leur savoir-faire au service de l'entreprise. Pas l'inverse."

A chaque nouvelle étape de sa croissance, il étoffe, toujours un peu plus, son équipe. "Une entreprise est comme un bâtiment : plus on ajoute d'étages, plus la structure qui le soutient doit être solide. Quand on grossit, il faut se muscler, renforcer ses fondations. Pour ça, il faut enrichir la société sur le plan humain". Pour lui, intégrer de nouveaux collaborateurs est trop souvent perçu, à tort, comme une source de charges supplémentaires pour l'employeur. "Or, ils sont une condition nécessaire à la croissance de l'activité et des revenus de l'entreprise".

A une condition toutefois: "qu'ils soient au service de l'entreprise, et pas l'inverse". Car chez Alain Afflelou, la compétence est le maitre-mot, et la qualité la plus essentielle à remplir. Il attend de ses équipes qu'elles consacrent, avant tout, leur savoir-faire et leur talent au développement et à la bonne marche de l'activité. Pour le reste, "l'humilité" et "le plaisir de bien faire" viennent compléter le trio des valeurs managériales de l'entrepreneur.

L'entreprise et le monde du sport

Ce souci de la performance et de la réussite qu'il inculque à ses équipes, il l'a retrouvé dans ses expériences sportives. Président des girondins de Bordeaux de 1991 à 1996, et de l'US Créteil de 1997 à 2001, côté football, puis de l'Aviron Bayonnais, de 2011 à 2014, Alain Afflelou a arpenté les couloirs des plus grands clubs de France pendant près de 25 ans. Un univers qu'il relie aisément à celui des affaires. "Dans le sport, on cherche les meilleurs joueurs et on les forme pour gagner. Dans l'entreprise, l'objectif est le même : rassembler les meilleurs éléments pour lutter contre ses concurrents et remporter davantage de clients", souligne l'opticien. "Se battre pour toujours être le meilleur", voilà une valeur du sport dans laquelle Alain Afflelou se reconnait.

"Quand on décide avec la tête, on ne doit pas y mêler le coeur"

Pourtant, il a mis fin à chacun de ces mandats de présidents et à chacun de ses partenariats avec le PSG et l'AS Monaco. Pourquoi? "Parce qu'on peut gérer un club comme une entreprise, mais très vite, s'y ajoute de l'affect, du passionnel. Or, là où il y a la passion, il y a rarement la raison". Et le résultat n'est pas au rendez-vous. "Quand on décide avec la tête, on ne doit pas y mêler le coeur" : telle est la leçon qu'a retenue l'homme d'affaires de ces expériences.

Mais du sport, il a aussi appris que : "le match n'est pas perdu tant qu'il n'est pas fini. Mais il n'est pas gagné non plus". Cette philosophie le pousse, encore aujourd'hui, à se replonger, chaque matin, dans ses projets pour espérer, peut-être, aboutir et réussir. "On ne programme pas le succès. Tout ce qu'on peut faire c'est en construire les conditions, s'en donner les moyens stratégiques, humains et financiers. Pour le reste, on se lance, on tente. Mais là tout dépend de votre tempérament".

Apprendre et s'adapter pour durer

Car pour le chef d'entreprise, tout doit, toujours, être remis en cause à la lumière de nouveaux éléments, conditions ou ambitions. "Les succès d'un jour n'est pas la garantie du succès de demain. Il n'y a pas de valeur d'exemple dans les affaires. Ce n'est pas parce qu'un concept fonctionne à Marseille, qu'il marchera aussi ailleurs. Rien n'est pas préétabli", insiste-t-il. Et c'est d'expérience qu'il parle. Cette remise en question, il l'a menée chaque fois qu'il a installé sa marque dans un nouveau pays, en apprenant et en s'adaptant à chaque nouveau marché, "et pas l'inverse".

Et fondamentalement, c'est cette capacité d'apprentissage qu'il recherche chez ses collaborateurs, comme lui a su le faire en son temps. La compétence, encore, plus que le niveau d'étude. "Quand on est manager, il faut inculquer à ses équipes que le diplôme c'est bien, mais que ce n'est pas un grade acquis d'avance. On rentre dans une entreprise comme à l'armée, tous au même niveau. Ensuite, certains grandissent". Lui qui a gravit les échelons un à un pour devenir l'entrepreneur qu'il est aujourd'hui offre cette opportunité à ses collaborateurs.

"Ce n'est pas parce qu'on rate qu'on doit s'arrêter"

La preuve : l'actuel président du directoire du groupe, Frédéric Poux, est entré chez Alain Afflelou à 23 ans, pour un stage au service comptabilité. Il revendique lui-même n'avoir "pas eu besoin de faire une grande école de commerce pour développer une compétence dans le monde des affaires". "C'est mon métier et mon bon sens qui m'ont fait évoluer".

Ça, et une vision de l'échec en avance sur son temps. S'il commence à peine à être accepté dans notre société, lui l'a intégré tôt dans sa vision de l'entreprise. "Ce n'est pas parce qu'on rate qu'on doit s'arrêter. Il faut apprendre de ses échecs. Mais si on a peur de ne pas réussir, on n'entreprend rien". Cet état d'esprit a plutôt fonctionné pour lui. Alain Afflelou peut se targuer d'avoir eu la main heureuse dans sa vie de dirigeant. Au point qu'il reconnait même, à l'aune de 44 ans d'entreprise : "Je n'avais pas l'idée d'arriver un jour là où je suis. Même pas dans le plus beau de mes rêves".



 
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