Moi idéal et Idéal du Moi : une boussole pour l'entrepreneuriat !

Le syndrome de l'imposteur guette dans un coin et notre ego nous souffle des excuses du type « si je ne vends pas, c'est parce que c'est la crise ! ». Pour mieux comprendre ces dynamiques internes, deux concepts issus de la psychanalyse peuvent nous éclairer : le Moi idéal et l'Idéal du Moi. Ces notions, bien qu'apparentées, jouent des rôles distincts dans notre manière de nous projeter et d'agir. Si vous êtes entrepreneur, ce voyage dans votre psyché pourrait bien vous révéler pourquoi certaines approches échouent, tandis que d'autres résonnent profondément, tant en vous qu'avec vos partenaires ou clients.

Le Moi idéal, une illusion séduisante, mais risquée

Le Moi idéal désigne cette image de perfection que nous projetons de nous-mêmes. C'est une version idéalisée, invincible, une sorte de « super-soi » que l'on voudrait incarner. Ce concept trouve ses racines dans l'enfance, cette période où l'on se percevait comme le centre du monde, sans limites ni failles. Bien qu'il puisse être motivant, le Moi idéal devient problématique lorsqu'il est trop investi.

Prenons un exemple simple : LinkedIn, ce réseau social professionnel souvent critiqué pour sa « gênance » (poke @yann leonardi). Vous avez sûrement déjà vu ces publications parfaitement calibrées, où tout semble lisse, idéal, irréprochable. Ces profils exhibent des réussites sans failles, des parcours exceptionnels, mais manquent parfois de sincérité. Cette façade peut impressionner, mais elle met à distance le lecteur. Cette projection du Moi idéal reflète une peur de se montrer vulnérable, de reconnaître ses limites.

Dans l'entrepreneuriat, cette dynamique se traduit par une incapacité à admettre ses erreurs ou à accepter la critique. Un entrepreneur trop attaché à son Moi idéal pourrait, par exemple, insister sur une stratégie pourtant vouée à l'échec, simplement pour préserver une image d'invulnérabilité. Le PDG de WeWork, Adam Neumann, en est une illustration : en cultivant une image de visionnaire invincible, il a ignoré les signaux d'alarme jusqu'à ce que l'entreprise s'effondre partiellement sous le poids de ses contradictions.

L'Idéal du Moi : une boussole intérieure

Là où le Moi idéal se concentre sur l'apparence et la perfection extérieure, l'Idéal du Moi représente une boussole intérieure. Il ne s'agit pas d'impressionner, mais de s'aligner sur des valeurs profondes et authentiques. Ce concept découle des normes, valeurs et attentes que nous avons intégrées au fil de notre vie : celles de nos parents, de la société ou de nos expériences personnelles.

Simone Veil est un exemple emblématique de cette quête. Tout au long de sa vie, elle s'est efforcée de rester fidèle à des idéaux de justice, de résilience et d'engagement. Elle ne cherchait pas à être perçue comme parfaite, mais à incarner des principes qui la guidaient profondément.

Pour un entrepreneur, s'appuyer sur son Idéal du Moi, c'est concevoir des projets alignés avec ses convictions. C'est se demander : « Pourquoi est-ce important pour moi ? Quelles valeurs ce projet reflète-t-il ? » Par exemple, un fondateur d'entreprise engagé dans la transition écologique ne cherchera pas seulement à séduire des investisseurs, mais à bâtir une entreprise qui répond à ses aspirations profondes pour un avenir durable.

Cependant, l'Idéal du Moi peut aussi devenir oppressant si l'on place la barre trop haut. Ce perfectionnisme peut engendrer de la culpabilité ou un sentiment constant de ne jamais en faire assez. Pour éviter cet écueil, il est crucial de trouver un équilibre entre ambition et acceptation de ses limites.

Apprendre à équilibrer Moi idéal et Idéal du Moi

Pour les entrepreneurs, comprendre ces deux notions est essentiel. Le Moi idéal peut être un moteur à court terme, mais il doit être tempéré par l'authenticité de l'Idéal du Moi. Voici deux exemples pour illustrer ce point :

1. Dans la vente : Imaginez un commercial qui cherche à vendre un produit en insistant uniquement sur ses qualités techniques, sans jamais se connecter aux besoins ou frustrations réelles du client. Il adopte un discours de Moi idéal, cherchant à briller sans vraiment écouter. À l'inverse, un vendeur aligné avec son Idéal du Moi prendra le temps de comprendre ce qui motive son client, d'adapter son discours et de créer une relation de confiance.
2. Dans la gestion d'entreprise : Un dirigeant qui cherche à impressionner ses collaborateurs ou investisseurs peut adopter des postures rigides, incapables de reconnaître les échecs ou de demander de l'aide. Ce Moi idéal nuit à la croissance de son entreprise. À l'opposé, un dirigeant ancré dans son Idéal du Moi valorisera la transparence et l'échange, créant ainsi une culture d'entreprise où chacun peut s'exprimer et contribuer.

L'authenticité comme clé du succès

Que ce soit dans l'entrepreneuriat ou dans toute autre quête, le chemin ne réside pas dans une perfection factice, mais dans une sincérité profonde. Le Moi idéal peut séduire, mais il ne connecte pas, il met à distance. L'Idéal du Moi, lui, pousse à agir en accord avec ses valeurs, à construire des projets porteurs de sens.

Alors, la prochaine fois que vous vous présenterez ou que vous concevrez un projet, posez-vous cette question : cherchez-vous à impressionner, ou à toucher ? Car au final, ce qui marque vraiment les esprits, ce n'est pas une façade parfaite, mais une vérité humaine et imparfaite.

Hello je m'appelle Guillermo Di Bisotto et je suis l'auteur Eyrolles Business de "C'est où qu'on signe ? L'art de traiter les objections" (http://tinyurl.com/s93ufjx5) et de "Questions pour un champion de LA vente"(https://c3po.link/QJyHhbRRZa) | Mon dernier livre a remporté le prix du coup de coeur de l'IDRAC Business School et c'est un honneur que ce livre ait été plébiscité par ses étudiants. J'espère donc de tout coeur, en ayant écrit cet article, vous avoir donné envie de vous le procurer 😊(et surtout de le lire à votre tour)