Fake it until you lose it !

Le « Fake it until you make it » est un mantra populaire qui semble promettre une voie rapide vers le succès. Mais baser sa stratégie de conquête dessus est plus que risqué. Jouer un rôle, feindre la confiance ou prétendre être déjà la personne que vous aspirez à devenir pour, un jour, réellement l'incarner. Que se passe-t-il lorsqu'on joue un rôle trop longtemps ?
Je m'abonneCette méthode peut paraître efficace à court terme, mais elle s'accompagne de risques bien réels. Que se passe-t-il lorsque l'illusion prend le pas sur la réalité et que la dissonance devient insupportable ? Prenons l'exemple de Meero, une startup qui avait pour ambition de révolutionner la photographie professionnelle. En appliquant les principes du « fake it », son PDG a projeté une image de réussite flamboyante, s'appuyant sur un modèle de croissance rapide. Mais à quel prix ? Quelques années plus tard, l'entreprise a licencié près de 50 % de ses effectifs, soit environ 350 personnes. Pourquoi ? Parce que la façade ne pouvait plus cacher les fissures structurelles. L'illusion ne suffit pas pour construire une base solide.
Dans cet article, nous explorerons pourquoi cette approche peut être dangereuse et comment une alternative issue de la PNL, le levier du « comme si », offre une solution plus authentique et durable.
Les limites du « Fake it until you make it »
Le principe du « fake it » repose sur l'idée de feindre pour devenir. En surface, cela semble inoffensif : pourquoi ne pas afficher une confiance que l'on ne ressent pas encore ? Cependant, cette méthode peut devenir problématique lorsqu'elle pousse à adopter des comportements ou à véhiculer des images déconnectées de la réalité. Se forcer à jouer un rôle peut créer une dissonance cognitive et entraîne un épuisement progressif. Vous projetez une image de vous-même qui ne correspond pas à ce que vous êtes ou ressentez réellement. À mesure que cette dissonance grandit, elle devient une source de stress et d'épuisement. Vous êtes en permanence sur la défensive, cherchant à maintenir une façade que vous savez fragile. Le syndrome de l'imposteur, cela vous parle ? Si j'ai expliqué une partie de son origine dans Questions pour un champion de la vente, il est à noter que le masque que l'on se construit peu à peu du moi idéal, en est une caractéristique intrinsèque ! Du coup, allez creuser votre idéal du moi (cf : article 1)
Dans le cas de Meero, le choix de croître rapidement, sans adapter les fondations de l'entreprise, a conduit à une instabilité insoutenable. Les employés, qui croyaient travailler pour une entreprise en plein essor, ont été pris de court par les licenciements massifs. Cette stratégie a peut-être permis de lever des fonds et d'attirer des clients, mais elle a laissé un goût amer, tant en interne qu'à l'externe.
Le levier du « comme si » : une alternative plus alignée
Contrairement au « fake it », le « comme si » en PNL (programmation neurolinguistique) ne consiste pas à feindre ou à manipuler. Il repose sur une projection mentale positive et constructive. Vous ne prétendez pas être une version irréaliste de vous-même ; vous imaginez ce que vous feriez si vous aviez déjà atteint votre objectif. Ce processus active vos ressources internes et vous guide vers des actions concrètes.
Prenons l'exemple d'un entrepreneur qui souhaite établir sa crédibilité dans son domaine. Avec la méthode du « comme si », il peut se poser des questions pratiques :
Lire aussi : La gestion du stress et des émotions : Ce que l'entrepreneur peut apprendre des athlètes !
- Comment parlerait-il à un investisseur s'il était déjà reconnu comme un acteur clé de son secteur ?
- Quels arguments mettrait-il en avant lors d'une présentation ?
- Quels gestes ou comportements renforceront son message ?
En se projetant ainsi, il ne se perd pas dans une image irréaliste. Au contraire, il identifie des étapes concrètes : travailler sur sa posture, affiner son discours, ou approfondir sa connaissance du marché. Il se prépare mentalement tout en restant aligné avec son niveau actuel. Ce processus introspectif vous permet d'identifier vos forces, mais aussi les points à améliorer. Contrairement au « fake it », cette méthode ne crée pas de décalage avec la réalité, mais vous aide à progresser pas à pas.
Les conséquences organisationnelles du « fake it »
Appliqué à grande échelle, le « fake it » peut avoir des conséquences désastreuses pour une organisation. Meero en est un exemple frappant, mais ce n'est pas un cas isolé. Combien d'entreprises investissent dans une image de marque flamboyante tout en négligeant la qualité de leurs produits ou la satisfaction de leurs employés ?
Cette approche peut entraîner :
- Une instabilité interne, avec des équipes surmenées pour maintenir une illusion de succès.
- Un désengagement des collaborateurs, qui finissent par perdre confiance en leur direction.
- Une érosion de la crédibilité, lorsque les failles deviennent trop visibles.
En revanche, les entreprises qui adoptent une approche alignée avec leurs valeurs et leurs capacités réelles construisent une base plus solide. Elles ne cherchent pas à impressionner, mais à créer un impact durable.
Authentique et durable
Le « fake it until you make it » peut séduire par sa simplicité, mais il s'agit d'un piège risqué, tant pour les individus que pour les organisations. Jouer un rôle déconnecté de la réalité crée une dissonance qui épuise et finit par trahir.
En revanche, le levier du « comme si » propose une approche bien plus constructive. En vous projetant dans une version réussie de vous-même, vous clarifiez vos objectifs, mobilisez vos ressources et alignez vos actions avec vos capacités actuelles. Ne reste plus qu'à définir les étapes pour y arriver. Car bien entendu projection sans plan d'action, cela ne produit qu'un rêve naïf.
Que vous soyez entrepreneur, en recherche d'emploi ou simplement à la recherche de progrès personnel, posez-vous cette question : voulez-vous impressionner ou construire ? La réponse pourrait bien transformer votre approche du succès.
Hello je m'appelle Guillermo Di Bisotto et je suis l'auteur Eyrolles Business de "C'est où qu'on signe ? L'art de traiter les objections" (http://tinyurl.com/s93ufjx5) et de "Questions pour un champion de LA vente"(https://c3po.link/QJyHhbRRZa) | Mon dernier livre a remporté le prix du coup de coeur de l'IDRAC Business School et c'est un honneur que ce livre ait été plébiscité par ses étudiants. J'espère donc de tout coeur, en ayant écrit cet article, vous avoir donné envie de vous le procurer 😊(et surtout de le lire à votre tour)