[La question] Quel dress code pour une levée de fond ?

7h30 Bip Bip Bip Bip. Mais vous êtes déjà réveillé. Dans deux heures, vous pitchez devant un fond d'investissement. Ordi, présentations imprimées, cartes de visite, tout est prêt. Alors, c'est parti : se lever, se doucher, s'habiller... S'habiller ? La question que vous ne vous êtes pas même pas posée ! Quel dress code pour une levée de fond ?

Vous optez pour votre tenue casual chic habituelle : jean bleu, veste noire, chemise blanche. Verdict devant la glace. Votre barbe naissante fait plus négligée que stylée. Votre chemise passe mais faut la repasser. Baskets ou chaussures noires ? Vous vous imaginez serrer la main à des loups de Goldman Sachs. Face à leurs chaussures noires au cuir léger, vos baskets blanches font tâche. Vous hésitez... Laura ! Elle saura ! Laura est votre associée. Vous la whatsappez :

Vous : Hello. on s'habille comment pour y aller ?

Laura : J'y crois pas !

Laura : Classe, propre quoi. Mets ta belle chemise.

Vous : OK. OK. On se retrouve 15mn avant devant.

Laura a omis de vous dire que, la veille au soir, elle est passée par toutes les tenues et tous les états. Quand elle décolle, son canapé est encore jonché de fringues. Vous optez pour les baskets, repassez votre chemise et rasez votre barbe.

Les dress codes ont changé. Surtout depuis l'institution du Friday wear : tous les vendredis, les traders des salles de marché ont troqué leur costard contre un jean-polo. Tout s'est décontracté. Même chez Goldman Sachs. Mais aujourd'hui comme avant, il faut nager entre deux récifs : overdressed et underdressed. Le pire étant souvent le premier.

C'est d'autant plus compliqué que se vêtir est devenu un moyen d'affirmer sa personnalité.

Depuis que les codes se sont assouplis, les choix se multiplient. Et ça nous ralentit. Avant le cadre était assisté. Une assistante lui prenait son billet de train, réservait son hôtel, remplissait ses notes de frais. Il pouvait se concentrer sur son travail. Tout était pris en charge.

Aujourd'hui, il fait tout lui-même. Même s'il est rigoureux, il oublie des choses. Overbooké, il a le sentiment de ne jamais être en contrôle. Une partie de son processeur déjà bien encombré est occupé par plein de microdécisions qui l'empêche d'être concentré sur les grandes. Comme l'affirme Roy Baumeister, chercheur en psychologie sociale à l'université d'Etat de Floride, " les gens qui ont du succès ne prennent pas de meilleures décisions grâce à leur volonté. Plutôt, ils développent des habitudes qui réduisent le nombre de décisions qu'ils doivent prendre et, donc, le stress. "

Alors si Mark Zuckerberg est toujours en hoodie (sweat à capuche), c'est pour éviter ce que les consultants appellent la " decision fatigue ". Parmi les microdécisions du quotidien, le p-dg de Facebook a décidé de ne pas avoir à réfléchir à sa tenue. C'est donc plus une stratégie qu'une provocation.

Alors allez-y. Face au private equity, osez le hoodie !

Pour en savoir plus

Alexandre des Isnards est auteur et storyteller. Il décrypte le monde du travail depuis sa sortie de L'open space m'a tuer en 2008. Avec son associé Charles de Saint Remy, il fonde en 2019 Winner Inc., un studio de storytelling. Leur devise : " la transformation digitale par le sourire. "