Rachat de trimestres pour sa retraite : stop aux idées reçues !

Avouons-le : face à la retraite, les Françaises et les Français sont encore un peu perdus. Nombreux sont ceux qui croient encore qu'il s'agit d'un couperet. Un couperet qui ne leur donnera le choix ni de la date à laquelle la prendre, ni du montant qu'ils percevront. Or, c'est faux ! Ils ont bien plus de liberté par rapport à cette échéance qu'ils ne le croient. A condition d'activer les bons leviers.
Je m'abonneUne chose toutefois a changé ces dernières années : avec les soubresauts de l'inflation, des taux d'intérêts, de la croissance, de l'emploi et du coût de la vie notamment des prix de l'énergie, nos compatriotes ont compris une chose : la retraite générale et même, pour ceux qui y ont droit, la retraite complémentaire, risquent de ne pas suffire pour leur assurer non seulement un maintien de leur pouvoir d'achat mais même une vie correcte. A fortiori pour celles et ceux qui n'ont pas réussi à devenir propriétaire de leur logement.
Atteindre le graal du taux plein
Face à ce mur inquiétant, le minimum est de disposer d'une retraite à taux plein. Une perspective que les réformes successives menacent ou éloignent de plus en plus. Pour espérer atteindre ce graal du taux plein, il est tout de même un levier dont certains ont entendu parler : le rachat de trimestres. Mais même là, ce dispositif, certes intéressant, fait l'objet d'un certain nombre d'idées reçues et de fantasmes qui constituent autant de blocages ou de dépenses inutiles.
Le plus répandu qui amène un grand nombre à y renoncer est le coût d'un tel rachat. Trop cher, affirment certains avec assurance. Pas toujours en fait. Et surtout pas systématiquement. Car le prix d'un rachat de trimestre est variable selon votre situation et selon le type de rachats, puisqu'il en existe plusieurs. De 2 500 à 6 000 euros, le delta est large. Avec en outre, une déduction fiscale à la clé.
Surtout, le prix final dépend du nombre de trimestres que vous allez racheter. Et là, les cas de figures peuvent varier du tout au tout. Racheter quatre trimestres à 2 500 euros l'unité ou dix à 6 000 euros et l'addition peut être quintuplée ou sextuplée, sans que cela ne soit forcément nécessaire.
La décote, est-ce si grave ?
Car la question initiale consiste à se demander si vous avez intérêt à un tel rachat, en d'autres termes s'il vous faut absolument obtenir ce fameux taux plein. Oui, me direz-vous, sans quoi vous ferez l'objet d'une décote, d'un malus, qui sera définitif - pas possible une fois décidé de liquider votre retraite à taux partiel à demander à bénéficier du taux plein une fois acquis les trimestres manquants. Cela représente certes un manque à gagner virtuel.
Mais entre-temps, vous aurez touché chaque mois votre pension, certes légèrement diminuée. Et pour peu que le différentiel soit faible, avoir attendu pour atteindre le taux plein ou cassé votre tire-lire pour y parvenir n'est pas forcément avantageux. Surtout si vous avez opté pour le cumul emploi-retraite - en faisant attention toutefois aux plafonds qui limitent l'intérêt d'un tel cumul au-delà d'un certain niveau de rémunération.
Si toutefois vous arrivez à la conclusion qu'un rachat de trimestres est une bonne option car le taux plein est vraiment plus avantageux - et disons-le, sur la base de plus d'un millier de dossiers traités, il s'agit de la majorité des cas -, encore faut-il choisir la bonne option de rachat. Il en existe plusieurs dont les modalités sont différentes et le prix aussi.
Souvent une bonne option
Pour résumer, le rachat de trimestres se révèle souvent une bonne option... à condition de bien le connaître et de bien l'effectuer. Car en la matière, le diable se cache souvent dans les détails. La clé d'un tel process est de ne pas agir à l'aveugle.
Ce type de décision ne peut se prendre qu'avec la vision la plus précise, la plus exacte, la plus fine de sa situation. Et ce n'est pas votre relevé de carrière, ni même un simple diagnostic, fait à la va-vite, sans « challenger » vos différentes caisses de retraites, sans s'interroger sur les éventuels trous dans votre carrière ou ses particularités - travail à l'étranger, grossesses, service militaire, changements de statuts, interruptions de carrière, chômage, etc. - qui vous permettra d'y voir clair.
Retrouver la liberté
Le rachat de trimestres est un des leviers dont nous parlions initialement qui démontre que non, la retraite n'est pas un couperet, rigide, indiscutable, incontournable, dans sa date et son montant.
Les Françaises et les Français disposent de plus de liberté en la matière qu'ils ne l'imaginent, y compris en pouvant cumuler prise de retraite - de préférence, souvent le plus tôt possible pour toucher le maximum de ce à quoi ils ont droit après toute une vie de labeur et de cotisations - et poursuite d'une activité professionnelle s'ils en ont l'envie et l'énergie comme c'est le cas de beaucoup de dirigeants, commerçants et même managers.
Cette souplesse et cette liberté, même vis-à-vis de la sacro-sainte retraite, est bien dans l'air de notre temps qui voit se multiplier les créations d'entreprises, les passages d'une activité de salariés à celle de free-lance et d'indépendants (le joli mot). Encore faut-il savoir que l'on peut en profiter.
Marilyn Vilardebo est la Présidente d'Origami&Co, cabinet d'audit et de préparation à la retraite qu'elle a fondé en 2017. A la tête de cette entreprise qui compte 6 salariés basés à Lyon et Paris, Marilyn Vilardebo accompagne les dirigeants et travailleurs dans l'anticipation de leur retraite. Après des études de gestion financière à Paris, Marilyn Vilardebo bifurque dans le commercial. Elle est alors responsable puis directrice commerciale d'une société de conseil pendant 5 ans, jusqu'en 2017.