Mutuelle d'entreprise : analysez, comparez, changez
Une mutuelle d'entreprise est obligatoire, mais elle doit surtout correspondre aux besoins des salariés. Pour trouver le bon prestataire, certains éléments doivent être pris en compte. Revue de détails.
Je m'abonne1er janvier 2014, branle-bas de combat : toutes les entreprises ont désormais pour obligation de fournir un contrat de santé à l'ensemble de leurs salariés. Certaines ont pris le temps d'éplucher toutes les offres plusieurs mois avant l'entrée en vigueur de l'ANI (Accord National Interprofessionnel), d'autres se sont organisées au tout dernier moment. "Des entreprises ont choisi leur complémentaire santé à peine quelques jours avant l'échéance, confirme Julien Gonon, directeur commercial chez Mercer, conseil en ressources humaines. Maintenant, elles bénéficient de plusieurs années d'historique. Avec plus de recul, elles peuvent recevoir de meilleurs conseils et renégocier un contrat adapté à leurs besoins."
La personne en charge de suivre la mutuelle dans l'entreprise (dirigeant, Daf, DRH, responsable de paie...) peut donc évaluer des critères qui l'amèneront à réviser le contrat de complémentaire santé. Par exemple, elle analysera les garanties actuelles, pour estimer ce qu'il faut améliorer ou non, par rapport aux remontées des salariés sur des besoins particuliers. Elle peut aussi prendre en compte des problématiques plus administratives : délais et gestion des remboursements, qualité des réponses à ces questions, assistance d'un conseiller, etc.
Analyser les sinistres et les cotisations
Une chose ne changera pas : le panier de soins de base, défini soit par la branche professionnelle et sa convention collective dont dépend l'entreprise, soit par l'ANI. Pour certains, le premier réflexe sera de choisir le panier minimum de soins qui leur coûtera le moins cher possible. Mais la quête du prix le plus bas ne se révélera pas forcément pertinente. "Le tarif peut faire la différence car on est sur un marché de remplacement : les entreprises ont déjà des mutuelles, elles auront donc tendance à choisir le tarif le plus bas. Mais attention, à trop vouloir faire jouer la concurrence, il y a un risque de dumper un compte de résultat", met en garde Julien Gonon.
En effet, avant de changer de prestataire, assurez-vous de mener une analyse fine de votre compte de résultat, en établissant un ratio entre les sinistres et les cotisations. Votre assureur est tenu de vous remettre chaque année un rapport sur les comptes du contrat souscrit. Ce dernier doit contenir notamment le montant des cotisations et celui des prestations versées par l'assureur. L'objectif est d'avoir un équilibre : si votre taux de sinistralité est environ égal à 100 % (les prestations reçues sont à peu près équivalentes aux cotisations versées), alors le contrat correspond effectivement aux besoins de santé de vos salariés.
D'autres taux témoigneront d'un bénéfice ou d'un déficit. Il faut alors revoir les garanties complémentaires pour obtenir un compte équilibré. "Renégocier un contrat ou en conclure un sans avoir un retour précis de son compte de résultat, c'est prendre un risque. Le chef d'entreprise pourra, certes, obtenir des cotisations plus faibles, mais si ses dépenses restent les mêmes, cela déséquilibrera son compte. Dans les années qui suivront, son prestataire pourra alors lui réclamer des cotisations plus élevées et cette augmentation atteint parfois plusieurs dizaines de pourcent", poursuit Julien Gonon.
Une mutualisation des prix
Autres critères de sélection, le prix liés aux renforts tels que le dentaire ou l'optique, mais aussi des garanties qui correspondent à la démographie de l'entreprise. "Une start-up qui comprend surtout des célibataires sans enfants n'aura pas besoin d'un package famille. Plus l'entreprise est "famille" , plus il faut prendre en compte cet impératif", commente Gérald Loobuyck, p-dg du courtier d'assurance DevisProx.
À observer aussi : l'évolution de la pyramide des âges. Si des collaborateurs âgés partent à la retraite, la pyramide des âges peut être amenée à rajeunir. À nouveau, les besoins des salariés ne seront plus les mêmes. Tous ces éléments permettront d'affiner une proposition et de savoir quel type de contrat retenir.
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De même, des mutuelles permettent de coupler leur offre avec un contrat de prévoyance. Rendu obligatoire par certaines conventions collectives, facultative dans d'autres, le contrat de prévoyance permet de compléter l'offre de services proposées aux salariés. "Surtout, il est un poids de plus dans la négociation, car il permet une mutualisation des prix", assure Gérald Loobuyck.
Enfin, dernier point à prendre en compte, il est important aussi d'avoir une certaine qualité de relation, voire de confiance avec son interlocuteur. Ce dernier doit être réactif et en mesure de proposer conseils et suivi. "On joue sur des risques Urssaf et prudhommaux, si des erreurs sont commises dans la mise en place du contrat : il est donc important d'avoir un haut niveau de compétence", souligne Julien Gonon.
Pour comparer les offres, deux principales options s'offrent à vous : faire appel à un courtier en assurance ou utiliser un comparateur de mutuelles d'entreprise en ligne. À noter que ces deux solutions gratuites peuvent être complémentaires. Le comparateur en ligne vous permettra d'avoir un premier aperçu des offres proposées sur le marché, avec estimation tarifaire rapide et sans engagement. Le courtier sera davantage dans une approche d'accompagnement et de conseil. Connaisseur de l'environnement juridique, il pourra vous aider jusqu'à l'étape de contractualisation et restera votre interlocuteur commercial après la signature.
Votre interlocuteur doit aussi être en mesure de vulgariser des termes parfois compliqués pour les non-initiés en assurance et mutuelle. Enfin, n'hésitez pas à mettre au moins deux courtiers en concurrence.
Comment résilier son contrat ?
Avant d'envisager un changement de mutuelle d'entreprise, pensez à résilier votre contrat actuel. Les démarches sont alors propres à chaque contrat et doivent correspondre aux conditions fixées lors de la souscription.
Il faut d'une part respecter le délai de préavis indiqué, mais aussi la date à laquelle vous voulez y mettre fin, que ce soit à l'échéance ou en cours de contrat.
Généralement, le délai de préavis à respecter est de deux mois. Il sera nécessaire d'envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception à l'assureur. De plus, n'oubliez pas d'informer individuellement vos salariés du changement de prestataire. Là aussi, le processus doit se faire plusieurs mois en avance.