PME à fort potentiel : de quoi ont-elles besoin ?

En septembre 2021, Bruno Le Maire confirme un objectif de croissance de 6% du PIB pour l'année. Un chiffre qui semble coller à la réalité des entreprises selon l'enquête de France Clusters, publiée le mercredi 1er décembre 2021 en marge du forum Filex France. 84% des entreprises interrogées déclarent en effet que cet objectif de 6% est à leur portée. Plus précisément, 45,1% trouvent l'objectif réaliste, 31,4% l'estiment difficile mais atteignable et 7,8% pensent qu'elles feront plus.

Deuxième bonne nouvelle de cette étude : au moins 1 500 entreprises membres de clusters/pôles devraient voir leur chiffre d'affaires croitre de plus de 10% par an pour les trois prochaines années. "Il y en a beaucoup, mais on peut citer par exemple Algolesko en Bretagne, qui propose de la culture d'algues en haute-mer avec une transformation à usage alimentaire, santé, cosmétique, etc. Elle a réalisé un chiffre d'affaires d'1,2 million d'euros en 2021 et table sur 7 millions en 2025 soit 55% de croissance annuelle d'ici là", s'enthousiasme Xavier Roy, directeur général de France Clusters.

Autre exemple mis en avant : celui de la TPE aindinoise Cycl-Add qui met sur pied notamment une filière de recyclage des masques usagés. Et qui annonce un chiffre d'affaires d'un million d'euros en 2021, 17 millions en 2025 et 44 millions en 2028.

Sauf que toutes ces entreprises à fort potentiel de croissance doivent composer avec deux freins : les difficultés de recrutement, impactant désormais un large éventail de secteurs d'activité, et les difficultés de financement à certaines étapes de développement.

Recrutement et financement : la double peine

La moitié des clusters ayant répondu à l'enquête de France Clusters affirment que 60 à 100% de leurs entreprises ont des recrutements en cours. "Nos adhérents nous remontent en revanche des difficultés à embaucher en raison de l'inadéquation entre les besoins de compétence et les profils disponibles sur le marché", regrette Xavier Roy.

Deuxième point de difficulté : les fonds propres. Presque 30% des clusters et pôles indiquent ainsi que la plupart des PME industrielles à fort potentiel de leur réseau sont à la recherche de fonds propres pour assurer leur développement. Pour plus d'un tiers des clusters, leurs entreprises seraient plutôt en recherche de capital innovation late stage et pour 27,5% de capital innovation. "L'argent ne manque pas aujourd'hui dans les fonds d'investissement, reconnait pourtant Sylvain Boucher, délégué France de Véolia et tout nouveau président de France Clusters. Sauf que les termes juridiques actuels d'un certain nombre de sociétés de gestion ne leur permettent pas d'investir dans ces entreprises parce qu'elles ne respectent pas les critères habituels requis." Et de regretter : "Le changement d'échelle est très mal financé en France. Il est dommage que certaines entreprises, après avoir bénéficié d'argent français pour leurs premières étapes de développement, soient contraintes de se tourner vers l'extérieur pour poursuivre leur déploiement."

France Clusters plaide ainsi pour la mise en place de nouveaux véhicules financiers, adaptés à ces besoins et s'appuyant sur des gestionnaires de fonds territoriaux en lien avec leur écosystème régional.