Entrepreneuriat féminin : comment tordre le cou aux clichés ?
12%. Voici la part des PME-ETI dirigées par des femmes. À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Beaboss met en avant les femmes cheffes d'entreprise. Celles-ci sont victimes de nombreuses idées reçues, dont certaines sont particulièrement infondées... On fait le point.
Je m'abonneAlors qu'elles constituent la moitié de la population active, seule une femme sur dix est à la tête d'une PME-ETI. C'est ce qui ressort d'une étude publiée en décembre 2022 par Bpifrance Le Lab en partenariat avec le premier réseau français de Femmes Cheffes d'entreprise : FCE France (qui représente plus de 2 000 entrepreneures présentes dans l'Hexagone, pour un CA cumulé de plus de 8 milliards d'euros et près de 10 000 salariés). La banque publique a mené son enquête auprès de 417 dirigeantes et 743 dirigeants de PME-ETI.
Comment expliquer l'ampleur de la sous-représentation des femmes dans les fonctions de direction d'entreprise, alors même qu'elles sont meilleures à l'école et plus diplômées ? La persistance de ce phénomène interroge, d'autant plus que les femmes ont largement investi des secteurs historiquement masculins comme la médecine ou le droit. L'imaginaire collectif rattache souvent les femmes entrepreneures à des services réputés féminins (services à la personne, santé...). Pourtant, bien qu'elles soient à la tête d'entreprises plus petites que les hommes, les dirigeantes de PME-ETI sont positionnées sur tous les secteurs d'activité, y compris ceux réputés masculins, tels que l'industrie, le transport ou le BTP.
L'entrepreneuriat féminin demeure méconnu ou incompris. Il est grand temps de combler ce manque de connaissances afin de changer le regard de la société sur les femmes dirigeantes d'entreprises et, in fine, d'accélérer l'émancipation économique des femmes à l'oeuvre.
Halte aux idées reçues
De nombreux préjugés entourent l'entrepreneuriat féminin. Bien que certains d'entre eux soient vrais ou à nuancer, d'autres sont totalement erronés. L'étude menée par Bpifrance Le Lab et le réseau FCE fait le point sur les principaux clichés concernant les femmes cheffes d'entreprises. Saurez-vous dire s'ils sont vrais ou faux ?
Les femmes entreprennent avant tout dans les secteurs "féminins"
Voici une affirmation que beaucoup partagent. Pourtant, rien n'est moins vrai. Parmi les femmes dirigeantes de PME-ETI, seules 7% d'entre elles exercent dans les secteurs des services à la personne, et 5% dans la santé. A contrario, l'industrie constitue le deuxième secteur investi par les cheffes d'entreprise. Et l'on retrouve le BTP à la quatrième place. Ces deux secteurs représentent respectivement 22% et 12% des entreprises gérées par des femmes.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les femmes entrepreneures sont donc présentes dans tous les secteurs. En revanche, notons qu'elles sont généralement à la tête d'entreprises plus petites, et dans des proportions inférieures à leurs homologues masculins.
Elles sont moins formées que les dirigeants
Voilà encore une opinion largement répandue et totalement erronée. Les cheffes d'entreprises ont le même niveau d'études que les dirigeants. À l'instar de ceux-ci, elles sont majoritairement titulaires d'un bac +5. Relevons cependant le fait qu'hommes et femmes entrepreneurs ne sont pas issus des mêmes filières. Tandis que les dirigeantes ont souvent suivi des études en gestion et en commerce, les dirigeants, eux, sont davantage issus des filières scientifiques et techniques.
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Ces orientations différentes selon le genre ont un impact bien réel sur l'évolution des carrières des dirigeant(e)s d'entreprise. Ne disposer d'aucune formation scientifique constitue un défi de taille pour gérer une entreprise présente dans les secteurs techniques (industrie ou BTP par exemple). En effet, si les ingénieurs sont réputés capables de s'ouvrir à tous les métiers, y compris ceux du management, l'inverse est moins vrai. Une plus juste représentation des femmes au sein des directions d'entreprises passera nécessairement par une évolution sociétale concernant les choix d'orientation.
Elles ont moins accès au financement que les hommes
Cela pourrait sembler logique, étant donné les inégalités sociales et salariales persistantes entre hommes et femmes. Pourtant, en matière de financement, femmes et hommes sont logés à la même enseigne. Non seulement la majorité des dirigeantes (61%) ne relèvent pas de difficulté d'accès au financement, mais, en plus, cette proportion est comparable à celle observée chez les hommes. Ces derniers sont en effet 67% à déclarer ne pas rencontrer de difficultés de financement pour leur entreprise.
En fait, le genre n'est absolument pas déterminant dans l'accès au financement, selon Bpifrance. Celui-ci dépend de nombreuses autres variables, telles que la taille et l'âge de l'entreprise, l'ancienneté des dirigeant(e)s, leur parcours... Ainsi, les difficultés à se financer concernent en premier lieu les entreprises jeunes, de petite taille, dirigées par un ou une dirigeant(e) peu expérimenté(e) et qui a fondé sa propre entreprise.
Elles n'ont pas le goût du risque
Cette affirmation est... plutôt vraie. Au moins en partie. Comme entrepreneures, les cheffes d'entreprise assument par nature un risque économique. On ne peut donc pas estimer qu'elles n'ont pas le goût du risque.
Elles semblent toutefois avoir moins d'appétence pour le risque que les hommes. En effet, les cheffes d'entreprise sont généralement moins portées sur l'hypercroissance que les dirigeants. De plus, concernant le financement de leur entreprise, les dirigeantes sont moins enclines à la levée de fonds et privilégient des taux d'endettement plus faibles que les hommes.