[Tribune] Multiplier les opportunités de la génération Z
La génération Z possède un rapport différent à l'entreprise de celui de ses ainés. Comment dès lors lui donner les clés pour s'insérer dans la vie active ? La réponse se trouve probablement dans la création de synergies entre l'enseignement supérieur et l'entreprise.
Je m'abonneLorsqu'on les interroge sur les caractéristiques d'un leader idéal à leurs yeux, 33% des jeunes évoquent un leader qui construit un environnement de travail épanouissant(1) et 31% valorisent celui qui est capable de reconnaitre le travail accompli. Ces chiffres révèlent deux notions majeures pour la jeune génération : d'abord le besoin de trouver un sens à son travail, mais aussi le besoin d'être reconnue dans sa singularité et pour les qualités dont elle fait preuve au quotidien. Il est donc temps de répondre à ces attentes. Au-delà des entreprises et afin de fournir aux jeunes les moyens qui leur permettront de s'insérer plus facilement dans la vie active, c'est désormais au système éducatif de s'adapter à travers une professionnalisation accrue des étudiants.
Une génération exigeante vis-à-vis du marché du travail
Omniprésence du numérique, changement climatique, pandémie de Covid-19... Les jeunes de la génération Z font face à de nombreux défis, aussi bien individuels que collectifs, qui conditionnent leur développement, leur perception et leur position au sein de la société. Ces expériences collectives esquissent, davantage que chez leurs ainés, des traits communs. Par exemple, la nécessité de contribuer à l'amélioration de la société, une recherche constante de l'apprentissage mais également un besoin d'autonomie, de flexibilité et de reconnaissance.
Les entreprises, quant à elles, ont été bousculées dans leur fonctionnement par la crise sanitaire. Attentes des clients, gestion des fournisseurs et des équipes, sont autant d'enjeux qui ont imposé aux leaders une adaptabilité sans précédent. Une étude menée par le BCG et l'ANDRH(2) confirme ainsi que l'adoption du télétravail allait devoir s'accompagner " d'une refonte du système managérial pour 93% des entreprises ".
C'est une première étape prometteuse, mais qui doit se poursuivre et se renforcer pour séduire les talents de la génération Z. La flexibilité est en effet une priorité. Alors que seuls 33% de l'ensemble des Français travaillent uniquement à distance, on note que 43% de ces télétravailleurs ont entre 18 et 24 ans(3). Dans ce contexte, outre les entreprises, le système universitaire est appelé à se réinventer pour être toujours plus en phase avec le 21è siècle.
Poursuivre la transformation du système scolaire
L'enseignement supérieur doit poursuivre sa transformation pour mieux prendre en compte ces mutations. A ce titre, les 650 000 contrats d'apprentissage signés en 2021 représentent une véritable avancée. Ce chiffre est d'ailleurs en hausse de 25% par rapport au nombre déjà historique de 2020(4).
Il témoigne de la volonté des jeunes de mettre un pied dans le monde du travail dès leurs études. L'objectif ? Ne pas être brutalement confronté à un monde professionnel dont ils ne maitrisent pas tous les codes, lorsqu'ils sont diplômés. Si l'on peut donc se réjouir que les établissements offrent davantage de formations professionnalisantes, nous sommes convaincus qu'ils peuvent encore aller plus loin.
La scolarité française, concentrée sur la réputation de ses filières thématiques, semble avoir délaissé un aspect essentiel de son rayonnement : la dimension pratique. Où sont enseignés le travail collaboratif, la capacité d'organisation, l'esprit d'équipe ou encore la prise de parole en public ? Ces compétences concrètes façonnent les futurs leaders et ont permis aux entreprises, en période de crise sanitaire, de maintenir le cap. Ce sont aussi des aptitudes sollicitées par la nouvelle génération, désireuse d'abattre les murs qui entravent sa mobilisation au service de projets collectifs bénéfiques pour l'entreprise comme pour la société.
La gestion de projet, premier pont entre études supérieures et entreprises
Comment donc réconcilier les ambitions théoriques du système scolaire avec les impératifs pratiques du marché du travail ? L'enseignement de la gestion de projet constitue peut-être la réponse. Dès leur scolarité, l'idée est d'offrir aux jeunes générations les clés pour s'immerger et comprendre le quotidien des entreprises. C'est ce qui leur permettra d'avoir une approche opérationnelle lorsqu'ils intégreront le monde du travail, une arrivée souvent marquée par une période d'adaptation délicate. C'est la raison pour laquelle il est essentiel qu'universités, écoles et autres organismes de formation travaillent de concert avec les entreprises, fleurons industriels, mais aussi start-up et PME. Ce sont eux qui demain recruteront les jeunes talents.
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La popularité des junior-entreprises, ces associations d'étudiants dont le fonctionnement est calqué sur celui des cabinets de conseil, en est la preuve. Qu'ils officient dans l'ingénierie, le commerce ou encore la communication, leurs membres peuvent compter sur un réseau d'étudiants-entrepreneurs aguerris, ainsi que sur des entreprises partenaires de renom comme EY, Alten ou Engie. L'implication dans ces structures professionnalisantes est un véritable passeport pour le marché du travail.
A titre d'illustration, 80% de ces jeunes entrepreneurs décrochent un emploi avant l'obtention de leur diplôme(5).
Comme le rappelle si bien Sarah El Haïry, secrétaire d'Etat chargée de la Jeunesse et de l'engagement, la nouvelle génération " a soif d'action, de coopération, d'invention et réinvente le monde de demain". Et il faut lui donner enfin tous les outils pour saisir ces nouvelles opportunités.
Pour en savoir plus
Keren Deront est Business Head Europe du Project Management Institute. Elle partage son expertise sur les sujets liés au management et à la gestion de projet en général.
[1] https://www.jean-jaures.org/publication/les-jeunes-et-lentreprise/
[2] https://www.bcg.com/fr-fr/press/19jun2020-93-percent-of-hr-managers-believe-overhaul-of-managerial-practices-necessary
[3] https://www.airofmelty.fr/la-jeune-generation-et-le-teletravail-quelle-realite-en-2021-a757447.html
[4] https://etudiant.lefigaro.fr/article/apprentissage-650-000-contrats-ont-ete-signes-en-2021-un-record_7d32c8f0-5f12-11ec-8986-b8ee2f4285c7/
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[5] https://junior-entreprises.com/blog/les-junior-entrepreneurs-champions-de-linsertion-professionnelle/