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Pourquoi les PME profiteront (aussi) de la French Tech

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Pourquoi les PME profiteront (aussi) de la French Tech

Le dispositif French Tech a pour vocation d'accompagner les start-up du numérique les plus prometteuses. Mais même les PME les plus traditionnelles pourront y trouver des relais de croissance, en intégrant ces innovations ou en externalisant leur R&D.

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"France is the next big thing"

Désolé pour les anglophobes, mais c'est bien comme ça qu'il faut l'écrire car cette déclaration choc au journal Fortune est ­signée John Chambers, le patron de Cisco. Via un partenariat signé en février avec l'État, le géant américain des ­télécommunications s'est ­engagé à investir 100M€ dans des start-up françaises du ­secteur numérique. Pas par bonté d'âme mais tout ­simplement parce que les jeunes pousses tricolores ont impressionné par leur créativité ces dernières années dans les salons ­internationaux. Ingénieurs hypercompétents, entrepreneurs audacieux, ­designers de talent... Tout est réuni pour que la France soit au rendez-vous de la révolution numérique mais encore faut-il aider nos start-up d'aujourd'hui à ­devenir les "Tech champions" de demain.

C'est toute l'ambition de la French Tech, une politique de labellisation lancée par Fleur Pellerin du temps où elle était ministre de l'Économie numérique. Neuf métropoles françaises1 ont ­décroché le label l'an ­dernier, sur un cahier des charges qui comporte, a minima, le ­lancement d'un "accélérateur" de start-up et l'aménagement d'un "bâtiment totem". Avec, à la clé, une ­enveloppe globale de 200 M€ de la Banque publique d'investissement. En tant que ­dirigeant de PME, peut-être trouvez ­l'initiative intéressante mais en l'observant ­d'assez loin, en ­partant du principe que ce monde-là n'est pas le vôtre. Vous auriez tort. Car les start-up ne seront pas les seules à ­bénéficier de ces dispositifs, loin s'en faut.

Quels bénéfices pour les PME ?

" En grandissant, ces start-up vont acheter des prestations autour d'elles et ça tirera tout le monde vers le haut "

Pascal Grémiaux, président d'Eurécia, une PME toulousaine de 25 salariés, qui conçoit et commercialise des logiciels de gestion en ligne pour les TPE et PME, en est le premier convaincu. À tel point que son entreprise est ­officiellement devenue une ambassadrice de French Tech Toulouse: "C'est vrai que la base de la French Tech, c'est d'accompagner des start-up et, qu'à ce titre, je ne suis pas concerné directement, explique-t-il. En revanche, je suis convaincu que cela permettra de structurer tout un écosystème qui peut m'être très favorable."

Il poursuit: "J'ai l'espoir de me développer à l'international, et je vise, par exemple, un marché comme l'Allemagne. Peut-être que demain je serai mieux identifié comme "Tech champion'' grâce à French Tech Toulouse. Bénéficier de cette carte de visite peut me permettre de gagner des marchés, je vois ça comme un accélérateur de business. Sans oublier que, de toute manière, plus d'emplois dans le numérique, c'est plus d'activité pour tout le monde. En grandissant, ces start-up vont acheter des prestations autour d'elles et ça tirera tout le monde vers le haut."

L'autre pari de Pascal Grémiaux, c'est qu'à condition de garder l'esprit ouvert, toutes les PME peuvent tirer avantage de cet environnement créatif, et pas seulement les entreprises du secteur digital. Car elles auront à portée de main des équipes expertes susceptibles de les aider à intégrer le numérique dans leur propre activité. Soit qu'elles pratiquent une veille technologique de proximité soit qu'elles saisissent l'opportunité d'externaliser leurs besoins en recherche et développement auprès de start-up précisément à la recherche de clients ou de partenaires.

Et les croisements potentiels sont innombrables, le numérique pouvant même s'appliquer aux secteurs ­d'activité qui en semblent le plus éloignés. Comme l'agriculture avec un robot-laser chargé d'exterminer les mauvaises herbes sans pesticides, ou ­encore les boulangeries-­pâtisseries, qui pourront remplacer un gâteau manquant sur un présentoir-écran par son image virtuelle, afin de donner envie au client de le commander. Ça vous fait sourire ? Pourtant, toutes ces technologies existent déjà... Cliquez ici pour continuer la lecture sur la page suivante.

(1) Lille, Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Aix-Marseille, Lyon et Grenoble.

French Tech Lyon a particulièrement misé sur cette logique, en partant du principe que les PME de son territoire, bien plus que les grands groupes, ont tout à y gagner. "L'un de nos objectifs est de structurer un socle numérique d'excellence pour qu'il puisse aussi être utile aux entreprises traditionnelles qui sont aux portes de la transition numérique, souligne Karine Dognin-Sauze, vice-présidente du Grand Lyon en charge de l'innovation et des nouvelles technologies".

"Nous avons également tenu à rendre lisible cette démarche auprès de secteurs autres que le numérique. À dessein, nous avons positionné notre bâtiment-totem en dehors des périmètres numériques déjà identifiés. L'idée étant de favoriser le croisement des start-up du numérique avec les biotechnologies ou le textile, qui sont nos marques de fabrique. Les uns auront un bout d'idée, les autres un bout de solution et ensemble, ils peuvent faire émerger de nouveaux projets. Ils peuvent même donner naissance à de nouvelles entreprises sous la forme d'un consortium. Nous sommes persuadés que dans ce bouillonnement, les PME peuvent trouver de nouveaux relais de croissance".

Faire émerger de nouveaux projets ensemble

Cette même conviction est au coeur du projet Avignon-Provence French Tech Culture, en lice dans la deuxième vague de labellisation. Le festival de d'Avignon est l'un des initiateurs de cette candidature, qui entend dépasser le clivage entre culture et sphère économique mais garde une vocation généraliste. La preuve, elle est très activement soutenue par les chambres de commerce d'Avignon, d'Arles et de Nîmes. Soit les trois pôles d'une "métropole diffuse" qui entend exister à côté des mastodontes de Montpellier et d'Aix-Marseille.

L'un de ses meilleurs ambassadeurs est paradoxalement un patron du CAC 40: Paul Hermelin, p-dg de Capgemini. En tant que vice-président d'Avignon-­Provence French Tech Culture, il invite, lui aussi, les PME à s'intéresser au réseau déjà existant mais aussi à l'accélérateur, dont l'ouverture est programmée dans les prochaines semaines. Cliquez ici pour terminer la lecture sur la page suivante.

CE QU'IL FAUT RETENIR:

(1) Principalement tournées vers les start-up, les métropoles French Tech constituent des écosystèmes créatifs qui peuvent aussi profiter aux PME en quête d'innovation.

(2) En pratiquant la veille technologique ou la R & D externalisée, vous pouvez vous appuyer sur ces équipes expertes pour anticiper la révolution numérique, qui touchera la quasi-totalité des secteurs d'activité.

Cliquez ici pour terminer la lecture sur la page suivante.

"Il n'y a que très peu de secteurs qui ne seront pas touchés par la révolution numérique, explique Paul Hermelin, p-dg de Capgemini. À peu près tout le monde est concerné, de la culture au BTP, en passant par le transport de marchandises, estime-t-il. Et, à mon sens, les PME sont les mieux placées pour en profiter car dans les grands groupes, tout ­changement amène à revoir le système. Les PME, elles, sont plus réactives. Avec French Tech, on peut faire en sorte que les bonnes personnes se rencontrent avant de partir sur la pointe des pieds pour les laisser faire du business... Avec ce grand avantage qu'il n'est plus forcément nécessaire de passer par Paris". C'est d'ailleurs sans doute là que réside la vraie révolution French Tech: elle se déroule près de chez vous, et pas dans une lointaine Silicon Valley. Profitez-en.



3 QUESTIONS À:
François Salomone, président de Creatique Technologie

Votre entreprise est spécialisée dans les systèmes de validation des fonctions électriques de véhicules. En quoi la démarche French Tech vous intéresse-t-elle ?
Je pars du principe que nous sommes cousins. Aujourd'hui, mes produits sont déjà des produits intelligents, avec une partie physique de connexion au véhicule et une partie logicielle, qui analyse les résultats du test. Si j'arrive à entrer encore davantage d'intelligence dans mes connecteurs, cela me permettra d'abord de me démarquer de la concurrence, ce qui est essentiel, mais j'y trouverai d'autres avantages. Je vous donne un exemple : je cherche à exporter, en particulier au Brésil. Aujourd'hui, la classification douanière de mes produits m'oblige à payer 18 % de droits d'entrée. Mais si demain j'arrive à prouver au gouvernement brésilien que mes produits n'ont pas d'équivalent chez lui, parce que mettre de l'informatique au beau milieu de la matière leur donne des fonctions supplémentaires, je tombe à 2 % S'agissant d'un pays où l'industrie automobile se développe à grande vitesse, avec des modèles sophistiqués, je peux vous dire que c'est intéressant.

Mais pourquoi miser sur des start-up "French Tech" au lieu de financer vous-même votre R & D ?
Compte tenu de la taille de mon entreprise, je suis incapable de financer de la R & D en interne en permanence, le retour sur investissement ne serait pas assez rapide. Il y a quelque temps, nous avons eu besoin de développer un protocole de communication radio en milieu confiné et nous étions arrivés en limite de compétence. Nous avons fait appel au LETI, un laboratoire du CEA de Grenoble... et ça nous a presque ruinés. Qu'Areva ou EDF en aient les moyens, c'est une chose mais moi, non. Ce qui m'intéresse, c'est qu'une start-up développe précisément une technologie dont j'ai besoin et qu'ensuite, on passe un partenariat, un accord ou une alliance stratégique. Outre que je serai son premier client, l'avantage pour elle, c'est que je peux l'emmener dans le milieu automobile, où je suis reconnu comme expert sur toutes les marques. Pour moi, c'est beaucoup plus économique mais tout le monde est gagnant.

Cette logique est-elle vraiment applicable dans tous les secteurs ?
Oui, c'est bien pour ça que j'ai fortement soutenu la candi­dature de French Tech Lyon et que j'arrive à la fin de mon deuxième mandat d'adminis­trateur de l'Espace numérique entreprise de Lyon. Les technologies numériques vont s'infiltrer partout et se bana­liser, comme l'a fait l'ordina­teur. On ne sait pas vraiment où, on ne sait pas exactement comment mais on sait que ça va tout envahir. On posera une idée sur la table et ces gens-là sauront comment la concrétiser. Ça n'ira ­peut-être pas jusqu'au cordonnier, mais qui sait... peut-être que demain en ressemelant votre chaussure, il y glissera une puce vous indiquant le nombre de pas que vous aurez fait dans la journée...

L'ENTREPRISE: Créatique Technologie

Activité: fabrication de systèmes de validation des fonctions électriques sur véhicule
Ville: Caluire-et-Cuire (Rhône)
Forme juridique: SAS
Dirigeant: François Salomone, 62 ans
Année de création: 1992
Effectifs: 50 salariés
CA 2014: 4,2 M€

 
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