Le CV, un document dépassé ?

Donner une chance à tous ou mettre en avant ses qualités personnelles, tels sont les avantages du recrutement sans CV. C'est la méthode choisie par Cause à Effet, un prestataire de services pour les associations. La société met en place des collectes de fonds dans la rue pour soutenir des causes humanitaires. Elle travaille avec 27 ONG (Action contre la faim, Médecin du Monde, la Croix Rouge, etc.) dans les grandes villes françaises ainsi qu'à La Réunion.

Chaque année, l'entreprise recrute plus de 1000 personnes pour aller à la rencontre des passants. Oui mais voilà, la société n'exige pas de CV pour faire le tri parmi les candidats. En effet, son processus de recrutement diffère des méthodes traditionnelles. Quatre recruteurs sont chargés d'appeler les candidats pour déceler leur soft skills et effectuer une première sélection. La deuxième étape est plus classique, à savoir un entretien en visioconférence d'une trentaine de minutes, où les candidats sont mis en situation. Une équipe de cinq personnes est dédiée à la réalisation de ces entretiens. Enfin, le processus se termine par une formation de deux jours, avant d'être envoyé sur le terrain.

Cause à Effet traite 60000 candidatures par an et réalise 5000 entretiens en visioconférence. En 2024, le prestataire prévoit réaliser 10 millions d'euros de chiffre d'affaires, après un exercice 2023 bouclé à 8,3 millions d'euros.

Le CV n'est plus suffisant

Julien Bosch, fondateur de Cause à Effet, a un avis tranché sur le curriculum vitæ : « le CV est has been en 2024 », estime le dirigeant. Le chef d'entreprise estime qu'un CV sur deux est truqué. Surtout, les principales compétences recherchées pour son activité sont les softs skills, des aptitudes difficiles à démontrer sur un document : « ce qui m'intéresse le plus sur un CV sont les loisirs des candidats », s'amuse le fondateur.

D'une manière générale, le dirigeant perçoit le CV comme un outil de la vieille école « Le CV reste un indice mais ne doit pas être déterminant », juge Julien Bosch. Alors le CV est-il voué à disparaître ? Oui, mais le curriculum vitæ a encore de beaux jours devant lui « ce document est très ancré dans l'inconscient collectif », constate-t-il.

Cependant, les difficultés de recrutement obligent les RH à changer de méthode pour dénicher la perle rare. Face à une situation où les offres sont plus nombreuses que les demandes, les processus des recruteurs évoluent. L'après covid a bouleversé le recrutement : « nous sommes dans une situation de plein-emploi, ce qui a stimulé les entreprises et forcé les services RH à se renouveler », observe Julien Bosch. Candidatures vidéo, recrutement collectif, les services RH.

Par ailleurs, s'il existe des mauvais candidats, il existe également des mauvais recruteurs : « le métier d'un recruteur consiste à mettre à l'aise son interlocuteur », rappelle le chef d'entreprise.