DossierFidélisez et motivez les talents
1 - Créez un lien durable et un lieu d'épanouissement
Des collaborateurs fidèles, solidaires, enthousiastes et attachés au projet de l'entreprise. La panacée ! Mais susciter l'engouement n'est pas toujours facile.
Les salariés d'Octo Technology trouvent qu'il fait bon travailler dans cette SSII parisienne. La preuve, leur notation hisse leur société dans le top 3 du palmarès 2013 Great Place to Work (catégorie moins de 500 salariés), après avoir monopolisé la première place les deux années précédentes... " Nous souhaitons donner du sens au travail collectif, affirme François Hisquin, dirigeant de la société. Nous sommes animés par une même envie, une même vision que nous affichons et qui sert de moteur à tous les salariés. Cela se traduit par la responsabilisation de nos collaborateurs, nous leur laissons la possibilité d'exprimer leur créativité. Les salariés se sentent libres et épaulés pour des projets, des objectifs globaux et non uniquement locaux. La communication chez nous est ascendante, descendante, latérale mais pas "top down". " Quête de sens, créativité, encouragements, partage, esprit de corps, entraide, humour, communication... Les valeurs de l'entreprise sont adoptées par tout un chacun. Normal, " elles sont écrites par nos consultants eux-mêmes ", sourit le p-dg.
Sentiment d'appartenance
Une culture d'entreprise ne se décrète pas si facilement. C'est un projet de longue haleine et de tous les instants... Mais le jeu en vaut la chandelle. " C'est un chantier stratégique : la fidélisation des bons éléments s'impose comme un levier RH incontournable, notamment en période de crise ", analyse Patrick Dumoulin, directeur de l'Institut Great Place to Work France qui réalise, outre des études, diverses prestations de consulting pour transformer les entreprises en lieux où il fait bon travailler." Booster le sentiment d'appartenance des salariés suppose la conjonction de trois leviers : la fierté dans le travail, la confiance dans le management et la convivialité ", note-t-il.
En effet, si l'intérêt du travail s'impose comme le premier facteur d'attachement à l'entreprise d'après le sondage J'aime ma boîte-OpinionWay publié en octobre dernier, les relations avec les collègues et l'ambiance sont citées respectivement par 39 % et 31 % des répondants. " Nous passons la majeure partie de notre vie au bureau, donc l'ambiance qui y règne est primordiale ! Sans une atmosphère sereine, favorisant un travail en équipe de qualité, impossible pour les salariés de s'épanouir et de se projeter durablement ", souligne Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic et initiatrice de la fête d'entreprise J'aime ma boîte. " Face à un pessimisme ambiant très franco-français et souvent hostile aux patrons, peu de salariés osent aujourd'hui proclamer qu'ils aiment leur entreprise. L'idée de cette opération est de rappeler, à travers des activités ludiques (lip dub, tournoi de Wii, concours de talents, etc.), que nombreux sont les collaborateurs à se sentir heureux au travail. Via cette manifestation, ils peuvent resserrer les liens entre eux et avec leurs dirigeants. "
Plusieurs solutions existent pour créer du lien, " comme, par exemple, organiser des événements réguliers (déjeuners d'équipe, pots, team building, etc.). Tous les salariés doivent être conviés de façon à renforcer la cohésion d'équipe ", indique Bernard Thévenot, directeur de l'activité management du cabinet conseil Merlane.
Confiance réciproque
Instaurer en interne une dynamique collective ne peut venir que du dirigeant lui-même, selon l'expert. " Il doit être animé par une volonté forte, en ayant une vision sur le long terme et un projet bien ficelé suscitant l'enthousiasme de tous. " Construire une vision du futur claire et la faire partager aux collaborateurs, tels sont les enjeux. " Encore faut-il créer une culture du changement durable centrée sur la confiance réciproque, affirme Catherine Lagarde, directrice de projets au pôle management du cabinet Inergie. Le dirigeant doit transmettre une vision stimulante, mais accepter de ne pas tout savoir et décider seul. Charge à lui donc d'écouter, de questionner, tout en expliquant de façon transparente ses décisions. "
Au-delà de la motivation personnelle de la direction, encore faut-il qu'elle ait les moyens économiques de motiver et de fédérer les équipes autour de son projet. " Les PME fragilisées par la crise ne disposent pas toujours d'une visibilité sur l'avenir, analyse Alain d'Iribarne, économiste et directeur de recherche au CNRS. Cela étant, elles conservent un avantage de taille : celui d'avoir su préserver le modèle traditionnel de la gestion patrimoniale, voire paternaliste, très intégrateur pour les salariés. Et qui favorise un attachement réciproque et l'identification de l'équipe à un leader charismatique. "
Les PME, de par leur taille, favorisent la proximité, un point fort en termes de communication et de confiance. Ce à quoi il faut ajouter un brin de management participatif permettant d'impliquer les salariés dans les process de décisions-clés. Il peut alors être nécessaire de revoir et d'innover dans les modes d'organisation afin qu'ils soient propres à valoriser l'initiative et le travail en équipe. " Les rôles de chacun doivent être clairs et précis, ce qui suppose d'avoir doté, en amont, l'entreprise d'une politique explicite et comprise de tous. Une organisation qui ne se décrète pas du jour au lendemain, mais qui s'inscrit dans la durée via la communication et la coconstruction ", complète Bernard Thévenot.
Soignez l'aménagement des bureaux
Si la dynamique collective est portée par la direction, elle s'appuie, au quotidien, sur les collaborateurs. Le premier prérequis est de soigner les recrutements pour embaucher des personnalités en accord avec les valeurs de l'entreprise, afin de s'assurer qu'elles s'intégreront sans difficulté et s'adapteront à la culture d'entreprise.
Dernier point, couramment négligé : l'environnement de travail. " C'est un sujet trop souvent considéré comme accessoire, déplore Odile Duchenne, directrice générale d'Actineo, l'observatoire de la qualité de vie au bureau. Alors que les salariés sont de plus en plus sensibles au confort de travail. " En effet, 92 % d'entre eux considèrent que l'aménagement des bureaux a un fort impact sur leur bien-être, tandis que 89 % y voient une corrélation sur l'efficacité et 83 % sur, la motivation, d'après le baromètre Actioneo/CSA 2013.
Confort acoustique, ergonomie du poste, agencement de lieux de détente (cafétéria par exemple) constituent autant de solutions indispensables avec la montée en puissance de l'open space, " qui favorise certes le travail en équipe, mais peut dégrader les conditions de travail lorsqu'il est mal conçu et mal aménagé ", conclut Odile Duchenne.