[Tribune] Quand le numérique pousse à l'innovation managériale
A l'heure où le numérique ébranle toutes les certitudes des dirigeants et les force à évoluer dans une instabilité permanente, le plus grand défi pour les TPE et PME concerne la métamorphose du management et l'avènement d'une organisation fondée sur l'autonomie et le mode projet.
Je m'abonneBien que situées à des années-lumière de la Silicon Valley, les PME d'Agen ou de Bar-le-Duc n'en sont pas moins concernées par la révolution numérique. Celle-ci fait surgir des usages, des services, des acteurs et des modèles économiques disruptifs, innovants mais foudroyants. À des degrés divers, toutes les entreprises sont touchées. Et pas seulement les grands groupes.
Avec cette révolution, les dirigeants entrent dans une ère d'instabilité permanente, même ceux qui se sentent encore à l'abri. Leur seule certitude est qu'ils doivent désormais vivre avec l'incertitude. Autrement dit, être capables d'agilité et de modestie. Bonne nouvelle! N'est-ce pas ce qui distingue les PME des autres, aux moyens incomparables? Loin du "too big to fail", les PME sont habituées aux enjeux de survie. Réactivité, souplesse, fluidité sont autant de qualités qui leur sont reconnues. À l'ère numérique, plus que jamais, ces qualités deviennent des atouts stratégiques très convoités. Car il s'agit désormais de les mettre au service d'une autre révolution: celle du management. Encore peu identifié, c'est pourtant le plus grand défi associé à l'ère numérique. Avec la nécessité d'innover plus, plus vite et partout en interne, le modèle des entreprises traditionnelles n'est plus adapté. Place à l'organisation polycellulaire fondée sur l'autonomie et les communautés en mode projet. Il ne s'agit plus de faire mieux de la même façon, mais d'agir autrement.
L'heure est à la métamorphose systémique de l'organisation pour que la culture digitale pénètre tous ses compartiments. L'impact est énorme sur les façons de travailler. Les outils numériques cassent les silos et suppriment les échelons intermédiaires inutiles tandis que la génération Y remet en cause les hiérarchies traditionnelles. Le monde du "top-down" fondé sur la détention de l'information et l'obéissance est en train de disparaître. C'est un projet global et il doit être porté par le dirigeant en personne. Décideur ultime, qui peut, mieux que lui, porter un tel mouvement pour rester compétitif, quitte à chahuter l'ordre établi?
Les auteurs
Philippe Le Roux (photo de gauche) est le président-fondateur du centre de formation Key People.
Denis Terrien est le président d'Entreprise et Progrès.