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François Fillon : "Je lancerai un New Deal entrepreneurial dans les 100 jours suivant mon élection"

Publié par Eloise Cohen le - mis à jour à
François Fillon : 'Je lancerai un New Deal entrepreneurial dans les 100 jours suivant mon élection'

Ministre des gouvernements Juppé et Balladur, premier ministre de Nicolas Sarkozy durant tout son quinquennat, François Fillon est aujourd'hui candidat aux primaires des Républicains. En ligne de mire, l'élection présidentielle et, au programme, la défense de l'entreprise et de l'entrepreneuriat.

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Chef d'Entreprise: Dans le cadre de son plan d'urgence pour l'emploi, le président, François Hollande, a annoncé la création d'une prime de 4 000 euros pour l'embauche, dans les PME, d'un salarié payé jusqu'à 1,3 fois le Smic. Qu'en pensez-vous?

François Fillon: Il s'agit d'une mesure que nous avons déjà utilisée des dizaines de fois, sans parvenir à changer le marché du travail. Son coût est très élevé et 90 % de ses résultats seront dus à un effet d'aubaine. Il y aura peu de création d'emplois vraiment nouveaux. Le plan d'urgence annoncé s'est dissous dans un recyclage de dispositifs éculés et le président est passé à côté des opportunités, réelles, que lui offrent les circonstances politiques et économiques. Sans adopter tout le programme que je préconise, il aurait pu prendre appui sur le référendum Smart pour desserrer les contraintes du temps de travail et supprimer les seuils sociaux. Il aurait également pu proposer un contrat de travail alternatif dont les motifs de rupture seraient définis à l'avance...

"Nous avons perdu cinq ans"

En revanche, le président a annoncé la transformation du CICE en baisse de charges. N'est-ce pas ce que vous proposez avec la refonte du CICE et des allégements de charges du Pacte de responsabilité en un dispositif unique d'allégement des cotisations sociales employeur?
Cette décision que j'approuve éclaire, tout de même, d'une manière cruelle celle que François Hollande avait prise, en 2012, de supprimer les baisses de charges votées en 2011. Nous avons perdu cinq ans... Nous devons faire le ménage dans tous les dispositifs d'aides, dans les niches fiscales, et transformer ce maquis d'aides illisibles et aux effets pervers en des baisses d'impôts et de charges simples et durables.

Comment comptez-vous financer ces baisses dans un État qui, vous le rappelez régulièrement, est en faillite?
Nous devrons réduire, d'autant, notre dépense publique. Comment? En reculant l'âge de la retraite à 65 ans, en augmentant le temps de travail dans les fonctions publiques dont les effectifs seraient réduits, en fusionnant les départements et les régions, en créant une aide sociale unique, en supprimant certaines aides qui ont totalement dérapé comme l'aide médicale d'État.

Concernant le recul de l'âge de la retraite, que ferez-vous du compte pénibilité?
Il faut en suspendre l'application. J'avais déposé un amendement en ce sens lors de la loi Macron 1. Pourquoi? Car cette disposition est une fausse bonne idée. Et j'en ai d'autant plus conscience qu'en 2003, lors de la réforme des retraites, nous cherchions des solutions pour introduire ce critère de pénibilité. Et nous sommes arrivés à la conclusion qu'aucun pays du monde ne le prend en compte de manière systématique dans les régimes de retraite. Tout simplement parce que c'est impossible de définir objectivement le principe de pénibilité. L'entrepreneur en faillite, l'agriculteur qui se lève à cinq heures du matin, l'ouvrier, l'enseignant... Tous peuvent légitimement ­estimer leur travail difficile.

La loi Macron est-elle à même de tenir sa promesse , celle de libérer la croissance et l'emploi? Ou du moins va-t-elle, selon vous , dans le bon sens?
Qu'elle prenne la bonne direction, c'est une évidence. Elle est, cependant, homéopathique. Car elle ne consiste qu'à passer de cinq à 12 dimanches travaillés, avec l'accord des organisations syndicales. Quant aux accords de maintien dans l'emploi, pourquoi les avoir limités aux entreprises en difficulté ? Toutes devraient pouvoir, si besoin, en profiter ! Nous devons aller plus loin pour obtenir de vrais résultats. Ce que je propose, c'est un New Deal entrepreneurial pour créer des entreprises de croissance et donc des emplois.

L'ouvrage
Best-seller des ouvrages politiques, Faire, publié aux éditions Albin Michel, détaille le programme présidentiel de François Fillon, en pleine campagne pour les primaires des Républicains qui se dérouleront le dimanche 20 novembre 2016.

Cette loi, tout homéopathique qu'elle soit, a nécessité l'emploi du 49-3 pour passer en force. Comment comptez-vous faire accepter la "thérapie de choc" que vous préconisez?

D'abord, en jouant cartes sur table, avec un projet clair. La raison principale du discrédit et de l'impuissance de François Hollande, c'est qu'il s'est fait élire sur une taxe à 75 % sur les plus riches, un discours archaïque sur l'entreprise et une campagne très à gauche et que, quelques mois plus tard, il nomme M. Macron pour libéraliser l'économie... Ce n'est pas anormal qu'il y ait un divorce avec ses électeurs et sa majorité. Il est, au fond, dans la même situation que Jacques Chirac qui, élu, en 1995, sur un programme social incarné par Philippe Séguin, nomme Alain Juppé Premier ministre, pour conduire une politique différente ! Le contrat démocratique n'est pas respecté. L'autre obstacle, c'est que François Hollande est élu depuis quatre ans. Or, les réformes structurelles doivent s'effectuer dans la foulée de l'élection et pas au terme du mandat présidentiel.

"Il faut profiter de l'élan démocratique pour agir"

D'où votre engagement à prendre dix mesures chocs, dont la suppression des 35 heures dans les trois mois suivant votre élection, entre juin et septembre?
Oui, car il faut profiter de l'élan démocratique, du soutien populaire pour agir. Concernant la durée du temps de travail, je propose des négociations en entreprise avec les organisations syndicales ou un référendum. Personne ne pourra s'opposer à ce débat démocratique. D'autant que lorsque je rencontre des salariés, nombreux sont ceux à regretter la défiscalisation des heures ­supplémentaires. Et je n'ai pas le sentiment que les 35 heures constituent, pour beaucoup, un acquis social majeur. Les Français sont prêts à se retrousser les manches pour sécuriser leur emploi ou pour améliorer leur salaire.

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, remettra, en mars, sa réforme du droit du travail. Les rapports sur lesquels elle devrait se baser, Combrexelle et Terra Nova, prônent un renversement de la hiérarchie des normes. N'est-ce pas également ce que vous proposez?
Bien sûr. Sauf que cela n'arrivera pas avec ce ­gouvernement ! Car le Premier ministre a bien dit qu'il ne toucherait ni aux 35 heures ni au contrat de travail. Je suis très sceptique sur la capacité de cette majorité à accepter, à la veille d'une élection présidentielle, une modification radicale du code du travail.

Statut de jeune entreprise innovante, CIR, CICE, création de la BPI... Selon vous, aide-t-on suffisamment et correctement l'innovation en France?
Ce que les entrepreneurs attendent, ce ne sont pas les aides, mais la liberté d'agir. Nous devons encourager l'investissement dans les entreprises innovantes. Comment? Soit en fléchant arbitrairement vers elles des crédits, soit en baissant la fiscalité pour attirer l'épargne. C'est cette dernière solution, de libéralisation de l'économie, qui me paraît la plus judicieuse. Une étude prouve qu'en France, la fiscalité sur le capital est deux fois plus élevée que dans la quasi-totalité des pays européens. C'est pourquoi je propose notamment de supprimer l'ISF, ainsi que d'exonérer l'impôt sur le revenu entre 30 et 50 % des sommes investies dans les PME jusqu'à un plafond d'1,2 million d'euros. Autre mesure : instaurer un sursis d'imposition lors de la transmission des entreprises.

Quels axes de réformes préconisez-vous pour le RSI?
Ce n'est pas l'idée du RSI qui est mauvaise, mais sa mise en oeuvre. Nous devons donc agir pour favoriser l'étalement du règlement des cotisations et investir pour mettre fin aux dysfonctionnements informatiques entre l'Acoss et le RSI. En attendant, il nous faut mettre en place un système de concertation et de médiation pour éviter qu'aucun entrepreneur ne voie la pérennité de son entreprise menacée.
En revanche, contrairement à certains de mes amis, je refuse de faire croire aux adhérents du RSI que tout s'arrangerait en s'affiliant au régime général. Ce faisant, leurs cotisations seraient, au contraire, plus élevées.

 
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