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[Tribune] Entrepreneurs, ayons le sens du terroir

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[Tribune] Entrepreneurs, ayons le sens du terroir

Marier terroir et globalisation est un exercice essentiel pour les entreprises. Car chaque pays dispose de sa propre culture et de son propre savoir-faire.

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"Exceptionnellement, tu n'iras pas en cours aujourd'hui, je te propose de m'accompagner en rendez-vous en Californie, nous devons aller observer la méthode de transformation d'orange de l'un de nos fournisseurs". Mon père m'a très tôt pris sous son aile, parfois au détriment de l'école. Difficile à dire. Cela m'a au moins permis de voyager très tôt, de découvrir de nouvelles cultures et d'acquérir une certaine ouverture d'esprit. Surtout, cela m'a enseigné l'art de faire des choix.

Qu'est-ce qu'être ouvert d'esprit à l'heure où certains veulent construire des "murs-frontière" ? A mon sens, c'est se livrer au monde pour mieux se l'approprier. En un mot : oser. Un mantra qui s'éprouve quotidiennement par des rencontres, des échanges et des voyages. Oser n'est pas sans difficulté, c'est au contraire là où elle réside toute entière, là ou commence le face-à-face de l'entrepreneur face à ses choix.

Oser s'ouvrir au monde, c'est avoir un esprit frondeur dans un corps de sage. Prendre les devants sur soi, s'oublier un instant pour mieux comprendre l'autre, l'écouter. En tant que dirigeant d'une entreprise de terroir, je m'évertue quotidiennement à répondre au dilemme suivant : développer un produit régional du terroir puisant parfois dans d'autres culture sans jamais renier son histoire.

Nous sommes beaucoup dans ce cas avec nos compétences d'alpiniste-entrepreneur affrontant tous les jours le Mont Globalisation. A l'affût du moindre craquèlement sous nos pas, nous avançons prudemment vers le sommet, la montagne du terroir pouvant nous rappeler à tout moment qu'elle nous dépasse.

Avoir le sens du terroir est le fil rouge de ma carrière, ce qui m'a permis de donner du corps à mes choix, de la justesse à mon management, du sang neuf à mes idées. Mon témoignage à destination de tous les entrepreneurs.

L'entrepreneur du monde est avant tout un entrepreneur local

Dans les années 80, j'ai pu faire une partie de mes études à Berkeley. Au-delà d'avoir acquis des compétences en surf, très utiles encore aujourd'hui, j'ai compris que l'action n'avait pas de sens sans en tester ses limites.

Une vision que j'essaye de transmettre à mes collaborateurs, notamment au cours de nos séminaires aux quatre coins du Monde. Au-delà d'être des moyens de mieux se connaître soi-même, ce sont des moments de partage uniques où notre sens créatif s'éveille.

Ainsi chaque voyage fait l'objet d'une nouvelle recette inspirée des richesses du terroir et de la culture locale du pays visité. Il naît une forme de joute culinaire, un jeu entre épicuriens où le Chef et moi-même osons imaginer des mariages de saveurs aussi improbables que surprenants.

Notre dernier détournement culinaire est sorti tout droit d'Afrique-du-sud : la soupe du Cap de Bonne Espérance. Une soupe de butternut généreuse inspirée du Bobotie, plat traditionnel du Cap, avec sa patate douce et ses notes de curry et de cannelle. Un succès commercial certes, le succès d'un terroir avant tout.

A mon sens, c'est cette confrontation de points de vues, de saveurs, de valeurs, qui nous a permis de trouver une recette juste, celle qui fait voyager instantanément d'un monde à l'autre. En d'autres termes, allier terroir, savoir-faire et dépaysement.

La création du terroir, le terroir de la création

Je vis actuellement à Grenoble, j'ai très souvent voyagé aux États-Unis, en Afrique et en Asie, je connais ces territoires par coeur, à chaque fois c'est le même constat : il existe autant de terroir que d'histoire de vie, chaque nouvelle rencontre me permet d'avoir un regard neuf. Le terroir est alors une création collective que chacun s'approprie, dès qu'il en foule le sol, échange avec ses habitants, découvre sa culture.

Ces voyages deviennent alors autant coup de pinceaux sur la toile de mes souvenirs, autant de nouvelles sources d'inspirations pour créer de nouvelles stratégies, de nouvelles recettes, de nouvelles méthodes de travail. En sommes, il constitue un nouveau terroir de création.

C'est pourquoi j'ai toujours eu des difficultés avec l'expression commune "faire un pays" qui résulte d'une certaine logique marchande. J'ai toujours été partisan du plus engagé "être un pays", plus en accord avec mes principes ; oser se donner au monde, pour le changer en découvertes.

Attention, il ne s'agit pas ici de faire une ode au terroir, de défendre un nouveau mode de vie mais de susciter une vocation, celle de l'action. Penser le terroir en France et dans le Monde ne suffit pas, il faut l'incarner, le vivre. Oser cela, c'est faire prendre racine à nos actions. Une source inépuisable de créativité, d'innovation et partage.

S'ouvrir au monde est le meilleur moyen de mettre en valeur le terroir local. Dans une économie mondialisée, l'entrepreneur local, à l'écoute des hommes et de son territoire, doit être un entrepreneur du monde, un entrepreneur "glocal".

Bio

Dominique Reynaud est un entrepreneur français originaire de Grenoble. Il est, depuis 2012, p-dg de Giraudet et Giraudet Boutiques, maison qui élabore et commercialise depuis 1910 des quenelles, soupes et sauces fraîches, dans les règles de l'art bressan. Il dirigeait auparavant le groupe Teisseire.

Passionné par les grands espaces, il s'adonne régulièrement aux sports de glisses, à l'équitation, à la pêche à la mouche et aux voyages. Il a notamment fondé un centre équestre, développé une marque de ski haut de gamme, Bohême, fabriquée dans les alpes françaises.

 
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