Sport & Digital, quelle transformation ?

La transformation digitale du secteur du sport est l'un des neuf enjeux du projet Demain. Ce projet porté par Bpifrance est une démarche collective de réflexion qui vise à préparer les entreprises aux révolutions en cours.

Coup de projecteur sur cette industrie en pleine mutation avec Alexandre Rigal, Directeur du développement au sein de la Direction Communication de Bpifrance et Jauffray Dunyach, Fondateur et CEO de Joinly, solution de simplification pour la gestion des associations.

À quelles nouvelles attentes la digitalisation répond-elle ?

Alexandre Rigal (Bpifrance) : La digitalisation répond principalement à deux nouvelles attentes. La 1re, celle de positionner les fans non plus comme des spectateurs mais comme des acteurs (via les réseaux sociaux, par exemple).

Le 2e aspect repose sur le fait que la digitalisation change le terrain de jeu du sport. Jusqu'ici le sport se pratiquait en club. Aujourd'hui, il se pratique aussi à la maison. Ces nouveaux usages font émerger un marché énorme avec des entreprises qui grandissent très vite.

Jauffray Dunyach (Joinly) : La pandémie a complètement fait évoluer les attentes. Les structures étant à l'arrêt durant le confinement, les gens se sont appropriés les outils digitaux pour pratiquer le sport autrement (applis, coach en ligne...). À présent, il s'agit pour les acteurs du sport de mettre en place une nouvelle organisation qui intègre le fait de retrouver la pratique en présentiel et les nouvelles habitudes prises avec le digital (inscription et paiement en ligne, cours...).

Où en sont les acteurs du sport dans leur transformation digitale ?

Alexandre Rigal (Bpifrance) : En France, c'est actuellement le 1er défi ! La consommation du sport reste très traditionnelle avec un modèle économique qui, pour les clubs, repose sur la billetterie, le sponsoring... Le confinement a montré les limites de ce modèle et poussé les clubs à saisir l'urgence de s'emparer du digital pour se réinventer. Les supporters s'étant appropriés ces nouveaux usages, tous ne reviendront pas à leur pratique d'avant-crise, d'où la nécessité de poursuivre cette transformation.

Jauffray Dunyach (Joinly) : Une étude menée par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) sur la maturité numérique des fédérations indique que 82 % d'entre elles perçoivent le numérique comme une opportunité.

Pour autant, on constate que cette transformation a ensuite du mal à s'opérer dans les structures associatives.

Même si la plupart d'entre elles ont un site internet, c'est sur la gestion de la vie associative que repose l'enjeu de la transformation digitale.

Comment la crise sanitaire a-t-elle souligne l'enjeu pour les professionnels du secteur de se digitaliser ?

Alexandre Rigal (Bpifrance) : Les ressources financières des clubs ont été directement impactées. La fermeture des lieux a impliqué l'arrêt de la vente de billets ainsi que l'incapacité à fournir aux sponsors les prestations vendues. La crise sanitaire a donc obligé les acteurs du sport à se réinventer et s'est révélée être un levier de changement. Ce qui fait l'essence du sport, le lien social, est antinomique avec les règles imposées par le contexte sanitaire. Et pourtant, le lien avec les communautés a bien été maintenu durant cette période d'incertitude. Comment ? Grâce aux outils digitaux !

Jauffray Dunyach (Joinly) : C'est un changement structurel de la pratique sportive qui s'est opéré. On a vu émerger de nouvelles formes de pratiques autonomes ou semi-encadrées grâce aux supports numériques. Ainsi, l'expertise d'éducateurs sportifs reconnus est devenue accessible à tous, par exemple.

Ces nouvelles pratiques ont confirmé le potentiel du numérique comme levier de développement pour proposer de nouvelles offres.