Foisonnement d'innovations durables à VivaTech
Après une année sabbatique, Viva Tech revient en force malgré la jauge et une diminution de sa surface d'exposition. La " Sustainable Innovation " réalise une forte percée autour des sujets de l'énergie, de la mobilité et de l'économie circulaire.
Je m'abonneProduire de l'énergie et la stocker de manière durable sont les enjeux primordiaux pour la société d'aujourd'hui et de demain. Les nombreuses innovations à VivaTech visent à réduire les contraintes des solutions actuelles.
Wind my Roof, une éolienne sans pales et enfermée dans une cage métallique est beaucoup plus silencieuse que les éoliennes classiques et sans danger pour les oiseaux. Equipée aussi de panneaux photovoltaïques et installée sur le toit, elle fournit une énergie d'appoint aux bâtiments. Les panneaux solaires sont aussi plein de défauts. Pour la plupart, fabriqués en Chine avec du silicium et des métaux rares, ils perdent de leur efficacité au-delà de 25°C, sont encombrants et difficiles à recycler.
Pour résoudre ces problèmes, Heliatek fabrique en Europe des panneaux solaires organiques (à base de carbone). Ils n'utilisent ni métaux rares ni silicium, simplifient grandement leur recyclage et ne perdent pas en efficacité avec la hausse des températures. Actuellement leur rendement est encore deux fois plus faible que les panneaux classiques et deux fois plus chers mais ayant l'épaisseur d'une dizaine de feuilles de papier A4, ils peuvent s'installer partout car ils sont légers et flexibles.
Deux gaz légers étaient aussi à l'honneur à VivaTech, l'hydrogène qui équipe Hopium Machina, une berline française et l'hélium qui gonfle les dirigeables de Flying Whales prêts à transporter autant qu'un avion-cargo mais en émettant nettement moins de CO2.
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La chaleur produite par les industriels (ciment, pétrochimie, acier et verre) est très majoritairement de l'énergie perdue. Water Horizon parvient à stocker cette chaleur dite fatale grâce à une batterie composée de sels absorbant l'humidité et à la restituer sous forme de froid. Utile pour rafraîchir un immeuble, un datacenter ou un entrepôt frigorifique et beaucoup moins émetteur de CO2 que les technologies traditionnelles!
En matière d'économie circulaire, Nona Source collecte les fins de rouleaux de textile et les propose à la vente aux créateurs de mode. Pour ne rien gaspiller, elle travaille sur les " fins de fins " de rouleaux avec une petite marque Le Bon Sauvage qui les " surcycle " pour créer de nouveaux vêtements mais l'ambition de sa fondatrice, Aline Alagbo, est plus grande. Elle veut bâtir au Togo, son pays d'origine, " enseveli " par des montagnes de vêtements usagés, une filière de création de " surcyclage " en formant les habitants locaux à l'" upcycling " de textile.
Les déchets ultimes sont aussi la cible de Néolithe. Il transforme les matières non recyclées lors de la démolition ou de la construction de nouveaux bâtiments pour réaliser des granulats réutilisables dans la construction de bâtiments ou de routes.
Pour les déchets alimentaires, Mutatec transforme en substrats nutritifs des insectes réduits en poudre pour nourrir des crevettes notamment.
Utiliser des matières plus durables motive les équipes de MycoWorks capables de substituer au cuir une matière ayant une texture et un toucher très proche à partir de champignons.
Pour l'e-commerce, Hipli résout le problème du packaging réutilisable en intégrant l'enveloppe retour directement sur le packaging. Il suffit de le plier et de le poster pour le retourner. Il fallait y penser !
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L'innovation la plus loufoque est Grow Your Own Cloud, qui manipule génétiquement des plantes pour y stocker vos données. La mémoire est minuscule, juste de quoi y mettre quelques mots de passe, mais au moins vous pourrez les voir fleurir !
Il y avait aussi de nombreuses conférences sur ces sujets. Celle que j'animais sur le Zéro Carbone avec Lilo.org, Ilek et Carbo montrait que le coeur du sujet est de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, et non de les compenser. Il faudrait planter 9 forêts amazoniennes pour pouvoir neutraliser les émissions CO2 sur le plan mondial, ce qui est un brin irréaliste !
Il est aussi nécessaire d'associer lutte pour le climat avec d'autres enjeux environnementaux comme la biodiversité et la réduction des inégalités sociales.
C'était une édition riche en découvertes et en rencontres qui préfigure d'un mouvement de fonds une innovation prioritairement au service de la planète et de ses habitants.
Dimitri Carbonnelle, fondateur de Livosphere, Innovation durable et auteur du livre 2050, Crash ou Renaissance ? publié à la rentrée 2021.