Le plan du gouvernement pour accélérer la transition écologique des TPE/PME
Vendredi 5 juin 2020, à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, la ministre de l'Ecologie Elisabeth Borne a présenté un nouveau plan pour accélérer la transition écologique des TPE/PME. Un choix assumé malgré la crise économique post-covid19 qui s'annonce.
Je m'abonneC'était une demande de nombreux dirigeants de TPE/PME sensibles au enjeux environnementaux depuis longtemps. Et ce n'est pas la crise économique post-confinement qui aura dissuadé la ministre française de l'Ecologie d'y répondre. Vendredi 5 juin 2020, à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, Elisabeth Borne a présenté un nouveau plan pour aider les TPE/PME tricolores à accélérer leur transition écologique.
Élaborée en partenariat étroit avec Bpifrance et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), cette nouvelle stratégie prévoit une enveloppe de 250 millions d'euros et sa philosophie tient en ces mots de la ministre : "Choisir la transition écologique, ce n'est pas un supplément d'âme, ni s'imposer une contrainte, c'est être plus performant économiquement. (...) C'est la meilleure stratégie d'attractivité et de croissance pour créer de nouvelles activités, de l'emploi et de la richesse."
Et de rappeler ensuite le poids majeur des TPE/PME dans l'économie française avec ces quelques chiffres clefs : elles représentent 99,7% des entreprises du pays (3,67 millions de TPE et 140 00 PME), emploient 46% des salariés français et réalisent chaque année environ un tiers du chiffre d'affaires total des sociétés.
D'un point de vue opérationnel, ce nouveau dispositif obéit à trois principes : "diagnostiquer, financer et accompagner". Il se structure autour de 10 mesures incitant les chefs d'entreprises à se lancer dans la transition écologique. Parmi elles, 4 se démarquent.
Un "Climatomètre"
A l'image de ce qui a été lancé pour la French Tech, afin d'évaluer "le degré de maturité numérique des entreprises", un nouvel outil en ligne gratuit baptisé " Climatomètre" permet d'auto-diagnostiquer sa situation en matière de transition écologique, énergétique et d'économie circulaire. Porté par Bpifrance, cet outil donne également accès à des recommandations, des ressources et des formations personnalisées. L'idée : permettre aux chefs d'entreprise de lancer ou de poursuivre leur conversion verte.
Dans le même esprit, un autre outil, appelé "Diag Eco-Flux", permet aux PME de l'industrie, de la restauration, de la distribution, de l'hôtellerie-hébergement et de l'artisanat, d'être accompagnées par des bureaux d'études spécialistes de l'économie d'énergie, d'eau, de matière et de déchets. Payant, ce dispositif est accessible à un tarif avantageux pour les année 2020 et 2021 : 250 euros pour les TPE de moins de 20 salariés, 1000 euros pour les établissements ayant entre 20 et 49 salariés et 1500 euros pour celles employant jusqu'à 250 personnes. L'objectif du ministère est que 100 PME soient accompagnées par ce biais en 2020, puis 300 en 2021.
Emprunts verts
La conversion à l'écologie a nécessairement un coût, qui bien souvent dissuade les entrepreneurs de faire le pas. Pour les aider, le ministère, Bpifrance et l'Ademe ont créé deux types de prêts.
Un " Prêt Vert ", garanti et bonifié par l'Ademe, s'adresse aux TPE/PME et ETI qui souhaitent investir dans la réduction de l'impact environnemental sur des procédés tels que la performance énergétique, la mobilité bas carbone pour les salariés ou encore le transport de marchandises. L'entreprise pourra emprunter de 10 000 à 1 million d'euros avec un échéancier de remboursement pouvant aller jusqu'à 10 ans. L'enveloppe globale allouée pour ce prêt est d'environ 100 millions d'euros.
Garanti par Bpifrance, le " Prêt Économie d'énergie " se veut plus spécifique. Il finance les équipements moins consommateurs et notamment ceux éligibles aux certificats d'économie d'énergie. Les PME bénéficiaires doivent avoir au moins 3 ans d'existence et peuvent emprunter entre 10 000 et 500 000 euros, remboursables en 3 à 7 ans. L'enveloppe prévue est de 137,5 millions d'euros avec un objectif d'accompagnement de 1000 entreprises d'ici 2025.
Un réseau de TPE/PME axé sur l'écologie
Si la French Tech avait son coq rouge et la French Fab (l'industrie) son coq bleu, les TPE/PME engagées pour le climat auront, elles, leur coq vert. Ce nouvel emblème présenté par la ministre symbolise l'autre partie du travail à entamer : fédérer les entrepreneurs qui se sont lancés dans le défi de la transition écologique. Concrètement, un nouveau réseau de dirigeants de TPE/PME ayant déjà entamé leur conversion, est créé. Ces "ambassadeurs" auront plusieurs rôles : témoigner et ouvrir les portes de leur entreprise afin d'inspirer leurs pairs, animer des "clubs d'entreprise locaux" à l'image de ce qui existe déjà pour la French Tech, ou encore faciliter les échanges avec des investisseurs.
"Un bon signal pour l'avenir"
Co-fondateur de Phenix, start-up spécialiste de l'anti-gaspi et membre du FT120, Jean Moreau a suivi l'annonce de ce nouveau plan. Voici sa réaction :
"Enfin, l'association écologie/économie apparait dans le discours du gouvernement. C'est un très bon signal pour l'avenir que d'embarquer les TPE/PME dans la transition écologique. Une entreprise 'classique' qui fait évoluer son modèle pour mettre au coeur l'impact social et écologique peut autant contribuer à réduire son empreinte sur la planète qu'une start-up à impact. Le bémol : la somme allouée à ce plan, 250 millions d'euros. Elle est certes honorable mais la veille, le gouvernement a annoncé un 1,2 milliard d'euros pour soutenir les start-up dans la crise économique post-confinement. Je pense que le gouvernement pourrait allouer autant, voire plus pour aider les entreprises dans leur conversion écologique."