Stanislas Gruau, l'ex-trader qui veut renverser le business model du tourisme

Une école de commerce, une première partie de carrière (dopée à l'adrénaline et aux revenus aisés) dans le trading qui le porte à 30 ans au management, en Suisse, d'une équipe de plus de 150 traders... Et puis, la naissance de sa première fille : un électrochoc qui l'emmène, en 2019, vers la concrétisation d'un projet auquel il réfléchissait depuis plusieurs années, la création d'une agence de voyages spécialisée dans les expéditions pleine nature et à faible impact carbone.

Au menu : des treks dans les Pyrénées, du bivouac sous les étoiles dans le Vercors mais aussi du Yoga dans les Aravis, des randonnées dans le Jura, du bivouac familial dans le Mercantour... le tout en limitant au maximum l'impact carbone du voyage (acheminement le plus vert possible, approvisionnement en circuit court etc).

Une levée de fonds de 4 millions d'euros

Basée à Annecy, Explora Project emploie désormais 25 salariés et devrait faire partir, cette année, environ 4 000 voyageurs. Des chiffres que Stanislas Gruau, et son associée Alix Gauthier (par ailleurs cofondatrice de la start-up Copines de voyage), compte bien doubler chacune des trois prochaines années.

Après une première levée de fonds d'1,7 million d'euros menée au coeur de la première vague Covid, la start-up vient d'opérer un deuxième tour de table, de 4 millions d'euros auprès de CapHorn Invest, Aonia Ventures, 50 partners et Crédit Agricole Alpes Développement.

Elle doit lui permettre notamment de finaliser le développement de son « hub » digital. Une plateforme d'automatisation des différentes étapes des process administratifs liés aux voyages : réservations, échanges avec les prestataires, confirmations etc. « Sur le voyage pleine nature, les interlocuteurs sont très éclatés, les échanges administratifs sont très chronophages », explique Stanislas Gruau.

Cette automatisation permettra à Explora Project d'améliorer ses marges. « Aujourd'hui, nos marges brutes sont excellentes, 35 % environ, soit deux fois plus que la moyenne du secteur car nous désintermédions complètement le process. Le revers est que nous avons une masse salariale importante pour tout gérer en interne. Nos marges nettes sont beaucoup plus faibles », souligne-t-il.

Des voyages 100 % en train

Le sujet est d'importance car Explora Project porte une ambition forte : réussir à moyen terme le challenge de devenir la première agence de voyages « no plane », c'est-à-dire avec un catalogue de destinations accessibles à 100 % en train afin de réduire drastiquement l'empreinte carbone des voyages, empreinte dont la plus forte proportion est liée au mode d'acheminement.

Aujourd'hui, 80 % des propositions de la start-up entrent dans ce cahier des charges. Insuffisant pour Stanislas Gruau qui compte bien aller au bout de son objectif : « pour réussir, nous devons avoir les moyens économiques de ne plus proposer de voyages lointains. Or, il faut savoir que plus la destination est lointaine, plus elle est rentable pour l'agence. En automatisant, nous améliorerons nos marges, et pourrons assumer les voyages 100 % sans avion. À condition, bien sûr, qu'en parallèle, le maillage ferroviaire de l'Europe s'améliore ».

Stanislas Gruau est clair : « les vieux modèles du tourisme basés sur les voyages long-courrier doivent être revus de toute urgence. Le secteur doit prendre ses responsabilités et assurer sa transition ». Sur ce chemin, Explora Project est prête à montrer la voie. Avec en ligne de mire, l'objectif de devenir le leader européen, pionner du voyage pleine nature.

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