Lucine, la future molécule digitale antidouleur
Les thérapies numériques peuvent-elles agir sur les douleurs chroniques ? Avec sa solution innovante, l'entreprise Lucine s'y emploie avec expertise et détermination.
Je m'abonneL'application finale ne pourrait arriver sur le marché que d'ici 5 ans, mais l'innovation et ses premières exploitations font déjà parler au sein de la communauté médicale. Lucine s'adresse aux personnes atteintes de douleurs chroniques, soit près de 150 millions dans le monde, 12 millions en France (source : AFVB), et dont 70 % sont dépourvues de traitement.
Après une phase de recherches démarrée en 2012, Maryne Cotty-Eslous élabore une solution sur smartphone qui mesure, analyse le niveau de douleur et propose un traitement personnalisé à partir de sons, d'images ou encore de lumières afin d'activer ses propres antidouleurs. " Concernée par le sujet depuis la naissance, j'ai voulu apporter ma pierre à la science, témoigne la fondatrice. Le plus dur a été de convaincre les chercheurs et les financiers. Mais les rencontres avec médecins et patients ont permis d'ajouter des briques au fur et à mesure. "
De la faisabilité à l'accélération
L'étude de faisabilité validée, tant pour la partie scientifique que business, l'entreprise voit le jour en 2017. Deux groupes accompagnent ces premiers pas : Sanofi vient en soutien humain et la première POC est lancée avec IPSEN en 2017-2018 auprès d'une dizaine de volontaires.
Puis, les contrats de coopération avec les laboratoires pharmaceutiques se multiplient. L'idée : mêler les forces pour créer des solutions sur des pathologies particulières. En deux ans et demi, le chiffre d'affaires cumulé de Lucine s'élève à 1,5 M€. Un succès auquel il faut ajouter l'obtention d'un contrat de distribution.
Rapidement, survient la phase d'hyper-croissance. L'effectif passe de 10 à 40, l'entrepreneure devient CEO et les règles évoluent, comme l'explique la dirigeante : " Avec l'appui d'un coach et de mes mentors, j'ai appris à remettre les choses à leur juste place, à déléguer, à faire confiance. "
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Résultat : les équipes mixant les disciplines scientifiques (psychologues, neurologues, biologistes...) et les experts du développement technique - une composition déjà inédite ! - se voient davantage impliquées. C'est là l'un des principes du label Esus, obtenu par Lucine, qui prône l'utilisation de l'intelligence collective dans les décisions stratégiques.
Le premier labo DTx
Un élan peu courant dans l'écosystème medtech, mais nécessaire pour atteindre les prochains objectifs de l'aventure Lucine. Le principal sera lancé en 2020 : apporter les preuves de la solution en termes d'analyse et de soulagement par un plan d'études cliniques à grande échelle.
Si une durée de 5 ans environ est nécessaire pour cette phase cruciale, Marine Cotty-Eslous affiche clairement les ambitions : " Notre vocation est de devenir le premier laboratoire DTx (Digital Therapeutics) ". La fondatrice voit même plus loin : " À terme, l'application fera partie d'un parcours de soin avec prescription ".
Recherche-développement en autres sciences physiques et naturelles
Bordeaux (Gironde)
Maryne Cotty-Eslous, CEO, 30 ans
Création en 2017
SAS > Effectif : 40 salariés
CA 2018 : NC