Développement des compétences : des inégalités sectorielles marquées !
Alors que les mutations du monde du travail s'accélèrent, seules 12 % des salariés français estiment que leur employeur investit suffisamment dans leur développement. Une lacune qui freine leur évolution et affaiblit la compétitivité des entreprises, comme le révèle une étude d'ADP Research.
Je m'abonneDans un contexte de transformation accélérée du monde du travail, la question du développement des compétences devient cruciale. Pour les entreprises, il ne s'agit plus seulement de former leurs collaborateurs, mais de garantir leur employabilité face aux mutations technologiques et organisationnelles. Une étude menée par ADP Research auprès de 38 000 travailleurs dans 34 pays, dont plus de 1 100 en France, met en évidence un manque d'investissement criant des employeurs dans la montée en compétences de leurs salariés. Seuls 12 % des travailleurs français estiment que leur entreprise investit suffisamment dans leur développement professionnel, un chiffre encore plus bas pour les femmes (11 %) et les seniors (10 %). Alors que la possibilité d'évolution est un facteur clé de fidélisation et de productivité, ce manque d'engagement des employeurs pose un réel problème.
Un manque de confiance dans l'évolution professionnelle
L'étude révèle que seuls 18 % des salariés français estiment avoir les compétences nécessaires pour accéder à un poste supérieur dans les trois prochaines années. Un chiffre particulièrement faible en comparaison avec d'autres régions du monde, où les travailleurs affichent une bien plus grande confiance en leur avenir professionnel (38 % au Moyen-Orient et en Afrique, 32 % en Amérique latine).
Sans surprise, ce sont les jeunes actifs (27-39 ans) qui se montrent les plus confiants (26 %), contre seulement 15 % des plus de 55 ans. Un fossé générationnel qui s'explique par une adaptation plus rapide aux évolutions technologiques et une plus grande réceptivité aux nouvelles compétences numériques. De même, les hommes (21 %) se montrent plus confiants que les femmes (16 %), révélant des inégalités persistantes dans l'accès aux opportunités de formation et de progression.
Former pour mieux fidéliser et performer
Les résultats de l'étude soulignent un lien direct entre formation, engagement et performance. Les salariés qui bénéficient d'un réel investissement en formation de la part de leur employeur sont :
- 6 fois plus susceptibles de recommander leur entreprise comme un bon employeur,
- 3,3 fois plus enclins à se considérer comme très productifs,
- 2 fois plus susceptibles de vouloir rester dans leur entreprise.
Ces chiffres confirment que la formation ne profite pas seulement aux salariés, mais aussi aux employeurs. Investir dans le développement des compétences permet de renforcer la motivation, la fidélisation et, in fine, la productivité.
Des inégalités sectorielles marquées
Si le déficit d'investissement en formation est global, il touche certains secteurs plus durement que d'autres. Les ouvriers de la chaîne de production sont particulièrement défavorisés, avec seulement 9 % des hommes et 7 % des femmes satisfaits des opportunités de développement qui leur sont offertes. Dans un monde où la mécanisation et l'automatisation redéfinissent de nombreux métiers, cette lacune risque d'accentuer la précarité de ces travailleurs.
L'étude "People at Work 2025" met en évidence un véritable gâchis de potentiel au sein des entreprises françaises. Alors que le développement des compétences est un levier clé de compétitivité, trop peu d'entreprises s'y engagent activement. Dans un contexte où les mutations du marché du travail s'accélèrent sous l'effet des innovations technologiques et des évolutions sociétales, il devient impératif de repenser les stratégies de formation et de développement des talents.
Former ses collaborateurs ne doit plus être perçu comme un coût, mais comme un investissement stratégique. Car à terme, ce sont les entreprises qui auront su capitaliser sur le potentiel de leurs équipes qui tireront leur épingle du jeu.
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