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Les secrets du succès de Mourad Boudjellal

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Les secrets du succès de Mourad Boudjellal

Il a fait fortune dans l'édition de BD avant de prendre la présidence du mythique club de rugby de Toulon. Cette réussite, que Mourad Boudjellal doit pour beaucoup à son expérience de chef d'entreprise, lui a appris en retour qu'il n'est de richesse que d'hommes.

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Ce jour-là, il a la mine fatiguée. Sans doute d'avoir trop fêté la troisième victoire consé­cutive du RCT en coupe d'Europe, contre Clermont. Mais aussi de superviser le recrutement des stars de la prochaine saison. De courir, enfin, d'un média à l'autre, aujourd'hui "Les grandes gueules", sur RMC, demain Canal +, où il sera consultant pour la coupe du monde de rugby, et bientôt Europe 1, pour une chronique...

" Au début, j'ai cru qu'il suffisait d'investir de l'argent ; j'avais tort "

Mais dès qu'on lui demande ce que la phénoménale réussite du club toulonnais doit à son expérience de chef d'entreprise, Mourad Boudjellal a l'oeil qui pétille et lance crânement : "Je n'ai pas fait d'école de commerce, mais j'ai quand même quelques notions. J'ai dû créer environ 800 emplois dans ma vie..."

Parti de rien à la fin des années quatre-vingt, ce fils d'immigrés algériens a réussi en une décennie à faire de Soleil productions le troisième éditeur de BD français. Lorsqu'il débarque à la présidence d'un RCT à la dérive, en 2006, c'est donc précédé de sa réputation de redoutable businessman.

Persévérance

"Moi, j'ai cru dans l'économie du rugby, contrairement à beaucoup de présidents de club et même à la Ligue, confie-t-il. J'ai été le premier à dire que le prix d'un joueur n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est la différence entre ce qu'il coûte et ce qu'il rapporte, Johnny Wilkinson en est le meilleur exemple..." D'emblée, le président Boudjellal bouscule l'Ovalie, encore très "cassoulet-troisième mi-temps", en faisant signer Tana Umaga, le capitaine des All Blacks. Le gratin de l'élite mondiale du rugby suivra, mais cette politique de recrutement, inouïe pour un club français, mettra plusieurs années à porter ses fruits.

"Au début, j'ai cru qu'il suffisait d'investir de l'argent et j'avais tort, reprend-il. Il fallait aussi que j'investisse du temps et de ma sensibilité car le rugby, c'est un secteur émotionnel. C'est d'ailleurs pour ça que j'y suis allé. Quand j'ai vendu Soleil, il y a quatre ans, c'était pour me consacrer entièrement au RCT et ça correspond à un changement radical, à partir duquel on a tout gagné ou presque..." C'est aussi le moment où Mourad Boudjellal définit sa stratégie, "le business plan, si on veut, consistait à considérer le RCT comme un produit alors que jusque-là, il n'y avait pas de contrôle de gestion, pas d'optimisation des charges, pas de perspective de développement de la marque..."

Mourad Boudjellal rapatrie, alors, son équipe de direction, embauche des commerciaux, ouvre des boutiques, finance la création de 29 loges VIP au stade Mayol et "pousse les murs, en allant jouer à Marseille et à Nice, pour donner au RCT une image grand Sud-Est". Il multiplie aussi les produits dérivés, dont le chiffre d'affaires passe de 200 000 € à 7 M€, tandis que le budget "partenaires" est multiplié par six.

Dimension humaine

Aujourd'hui, la marque RCT cartonne et finance le recrutement, toujours aussi spectaculaire. "La seule chose qui compte, c'est la marge, et au RCT, pour ça, on est des tueurs, s'amuse le président. Mais le club m'a aussi beaucoup appris sur le plan du management. À Soleil, je ne voyais pas l'importance du bien-être des salariés. Comme j'avais toutes les manettes, je pensais sincèrement que j'étais le seul à faire avancer l'entreprise... Au RCT, j'ai appris qu'il faut créer l'osmose parce qu'ici, à la moindre étincelle, tout peut péter. On ne se bat pas pour quelqu'un qu'on n'aime pas. Or, on peut mettre en place tout ce qu'on voudra, il y a toujours 80 minutes qui vous échappent... Si, demain, je dois remonter une boîte, il est clair que je soignerai le bien-être et la dimension humaine, qui passent par la motivation et la considération. " Sur le terrain, on appelle ça l'esprit d'équipe, tout simplement.

 
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