Les 3 méthodes de la Glass Vallée pour défendre le Made in France
Préserver les savoir-faire ancestraux tout en s'ouvrant à l'international et à l'innovation. Tel est le parti pris de la Glass Vallée, pôle mondial du flaconnage de luxe de la vallée de la Bresle, qui expérimente de nombreuses méthodes pour valoriser le patrimoine industriel local et le développer.
Je m'abonne1. Tester l'ingénierie concourante
Tirer le meilleur parti de l'intelligence collective pour rationaliser les process et innover. Tel est l'esprit de l'ingénierie concourante que tente de promouvoir la Glass Vallée auprès de ses adhérents à travers des groupes de travail pilotes. "Cette méthode consiste à réunir, pour tout projet, l'ensemble des parties prenantes (donneur d'ordre, sous-traitant, fournisseurs, etc.) autour de la table, dès le départ, détaille William Varrall, directeur de la Glass Vallée. L'objectif est double : affiner dès l'origine le cahier des charges du donneur d'ordre grâce aux recommandations opérationnelles des PME sous-traitantes d'une part, et d'autre part, optimiser l'organisation de ces dernières pour gagner en efficacité lors de la phase de fabrication." Transposable à l'extérieur comme à l'intérieur d'une entreprise, cette approche concertée améliore ainsi la performance globale de chacun des acteurs à travers l'émergence de nouvelles idées, une meilleure anticipation des problèmes potentiels et une plus grande souplesse d'exécution.
2. Promouvoir son savoir-faire
"Nous jouissons d'une tradition verrière multiséculaire malheureusement méconnue du grand public. C'est la raison pour laquelle nous menons depuis des années des actions de promotion de nos savoir-faire et de notre patrimoine industriel local", explique William Varrall. Parmi lesquelles, la création d'un flacon de parfum labellisé "Glass Vallée", la réalisation d'un film de présentation, l'organisation de portes ouvertes et d'interventions en classe ou encore la communication auprès des médias français et internationaux. Pour William Varrall, c'est en s'ouvrant à l'étranger, en valorisant ses spécificités et en modernisant son image qu'une entreprise ou industrie "traditionnelle" pourra véritablement se démarquer, à l'heure de la mondialisation. Un parti pris qui peut non seulement permettre de gagner en notoriété auprès de nouveaux prospects et partenaires mais aussi attirer de jeunes talents et des profils hautement qualifiés.
3. Anticiper les évolutions RH
"Pour survivre, nos industries doivent être plus réactives, monter en gamme, s'ouvrir aux nouvelles technologies. Ce qui implique en interne de profondes mutations au niveau de la gestion des ressources humaines et des compétences que les chefs d'entreprise doivent être en mesure d'anticiper", insiste William Varrall, qui a développé un programme d'accompagnement des dirigeants de la Glass Vallée pour leur GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), en partenariat avec l'État et les collectivités locales. Diagnostic des besoins de formation, mutualisation interentreprises de certains postes, préparation du transfert des compétences clés, suivi des évolutions légales... Autant d'enjeux stratégiques dont les chefs d'entreprise doivent se saisir dès aujourd'hui afin d'identifier rapidement les métiers en tension, les futurs besoins RH et sécuriser au mieux les parcours professionnels, en particulier dans les bassins d'emploi sinistrés.
À savoir
À la frontière entre la Haute-Normandie et la Picardie, la Glass Vallée - initialement baptisée "District industriel de la vallée de la Bresle" - a été fondée en 2001 par Seine-Maritime Expansion, le comité d'expansion économique de la Seine-Maritime. Chargée de fédérer et de valoriser les entreprises de la filière du flaconnage de luxe, l'association s'est fixé quatre priorités stratégiques : le développement de leur notoriété, de l'innovation, de leur capital humain et du patrimoine industriel local. La Glass Vallée fédère aujourd'hui une soixantaine d'entreprises qui réalisent 75 % de la production mondiale de flacons de luxe pour la parfumerie, les spiritueux ou la pharmacie, et emploient plus de 7 000 salariés entre le Tréport et Feuquières dans l'Oise mais aussi autour de Dieppe et d'Abbeville. Moulistes, fondeurs, verriers, trieurs, décorateurs... Tous les métiers gravitant autour du flaconnage y sont représentés.