Histoire d'entreprise : la chute de PriceMinister

PriceMinister était un acteur incontournable du commerce en ligne il y a 20 ans. Fondée en 2000 par Pierre Kosciusko-Morizet, l'entreprise a connu une ascension rapide. Pourtant, aujourd'hui, le vendeur en ligne n'apparaît plus sur internet et a disparu des radars. Google renvoie systématiquement vers la page de Rakuten France lorsque les internautes rentrent « PriceMinister » dans la barre de recherche. Voici quelques éléments qui expliquent cette chute.

Le succès de PriceMinister

Pierre Kosciusko-Morizet, un entrepreneur orléanais diplômé d'HEC, et quatre autres jeunes alumni ont lancé PriceMinister en août 2000. L'entreprise a émergé sur le marché de l'e-commerce avec comme proposition une plateforme en ligne permettant aux particuliers d'échanger des biens d'occasion. Ce type de marché offrait une alternative aux circuits de vente classiques. Son business model en BtoBtoC permettait aux commerçants d'échanger avec leur client et inversement sur la plateforme.

Ce paramètre apportait une plus-value à l'entreprise, contrairement aux autres marketplaces où consommateurs et vendeurs n'entrent pas en contact. Par conséquent, PriceMinister était reconnu par ses clients mais aussi par une importante communauté de professionnels. Surtout, l'entreprise a réussi à détrôner son principal concurrent eBay pendant quelques mois voire quelques années sur le marché français.

Dix ans après, en 2010, Rakuten, a racheté PriceMinister pour 200 000 millions d'euros pour en faire le numéro un européen de l'e-commerce. Le géant japonais souhaitait consolider sa présence en Europe et à capitaliser sur la croissance de PriceMinister, qui était estimé entre 25 à 30 % par an depuis sa création d'après Les Échos Investir. En 2009, la société avait réalisé 40 millions d'euros de chiffres d'affaires mais n'avait pas atteint la rentabilité selon Le Monde. De plus, le site était la marketplace la plus consultée en France à la fin des années 2000, avec plus de 11 millions de visiteurs uniques au mois d'avril 2010.

Les programmes de fidélité et les promotions agressives ont stimulé l'engagement des utilisateurs. Dans cette interview sur Europe 1, le p-dg de PriceMinister évoquait son nouveau rôle et le rachat de sa société :

L'intégration au sein de Rakuten avait pour but d'insuffler une nouvelle dynamique. Cependant, la pression concurrentielle s'est intensifiée, obligeant PriceMinister à repenser ses approches. C'est pourquoi en 2016, le site a lancé une vaste campagne de fidélisation « Price Club » qui a compté jusqu'à un million de membres. Cette offre gratuite et sans engagement avait pour but d'augmenter la fréquence d'achats et le prix des paniers des consommateurs. Elle exigeait également des standards de qualités envers les produits mis en vente sur le site.

La fin de PriceMinister

Les concurrents comme Amazon et Leboncoin se sont révélés être plus agiles pour saisir les opportunités du marché de l'e-commerce. À eux deux, ils captent une grosse part des clients de l'e-commerce français, laissant peu de places aux autres plateformes pour prospérer.

Par ailleurs, la société a tenté de diversifier ses activités avec l'introduction de services comme les petites annonces immobilières ou les voyages. Toutefois, ces initiatives n'ont pas permis à l'entreprise de se relancer.

En 2018, Rakuten a abandonné PriceMinister progressivement pour se concentrer sur sa propre marque. Le fondateur du site japonais affirmait que les 20 millions de membres de PriceMinister pourraient accéder aux différents services de Rakuten. Ainsi, la marque a absorbé l'entreprise française et PriceMinister s'appelle depuis Rakuten France. Néanmoins, la marketplace française aura gardé son identité pendant 8 ans aux côtés de Rakuten, un luxe que les autres marques européennes rachetées par le géant japonais n'ont pas connu.

Durant ces années de collaboration, PriceMinister affirme avoir multiplié par cinq ses transactions en France. Dans cette vidéo, la marketplace française annonçait son changement de nom :