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Refuser la carte bancaire pour les petits montants : une fausse bonne idée pour les commerçants ?

Publié par le - mis à jour à
Refuser les petits paiements CB n'est pas forcément une bonne idée
Refuser les petits paiements CB n'est pas forcément une bonne idée

De nombreux commerçants imposent un montant minimum pour les paiements par carte bancaire, estimant que les frais de transaction grignotent leur marge. Mais cette stratégie est-elle réellement rentable ? Entre perception client, évolution des coûts bancaires et nouvelles habitudes de paiement, ce choix pourrait s'avérer contre-productif.

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Alors que les paiements sans contact et mobiles se démocratisent, la question du montant minimum pour les paiements par carte bancaire se pose avec acuité. Si les commerçants souhaitent avant tout éviter les frais fixes sur de trop petites transactions, ce refus de paiement pourrait en réalité générer une perte de clientèle et nuire à leur chiffre d'affaires. Qu'en est-il réellement ? Décryptage.

Pourquoi certains commerçants imposent-ils un minimum pour les paiements par carte ?

Les paiements par carte bancaire impliquent des coûts pour les commerçants, notamment :

  • La commission d'interchange, qui est versée par la banque du commerçant à la banque du client. Elle est plafonnée dans l'UE à 0,2 % du montant pour une carte de débit et 0,3 % pour une carte de crédit.
  • Les frais de réseau, prélevés par Visa, Mastercard ou d'autres opérateurs, qui varient généralement entre 0,1 % et 0,2 % du montant.
  • Les frais bancaires supplémentaires, qui dépendent des conditions négociées avec l'établissement financier.

Face à ces frais, de nombreux commerçants préfèrent exiger un paiement minimum par carte, souvent 5 ou 10 €, pour éviter de perdre trop d'argent sur de petites transactions.

Une pratique risquée : entre frustration client et perte de ventes

Si l'objectif est d'optimiser la rentabilité sur chaque transaction, cette pratique peut avoir des effets contre-productifs :

  • Frustration des clients : habitués aux paiements sans contact, ils peuvent percevoir cette contrainte comme une contrainte archaïque.
  • Perte de chiffre d'affaires : certains consommateurs, pris au dépourvu, préfèrent abandonner leur achat ou aller chez un concurrent plus flexible.
  • Impact sur l'image du commerce : dans un contexte où le digital et le sans contact sont devenus la norme, refuser la carte en dessous d'un certain montant peut donner une image peu moderne.

D'après une étude du Groupement des Cartes Bancaires, les paiements par carte et mobile représentent aujourd'hui 61 % des transactions courantes. Restreindre ces paiements pourrait donc priver les commerçants d'une part importante de leur clientèle.

Évolution des frais bancaires et alternatives possibles

Bonne nouvelle pour les commerçants : si les frais de transaction étaient un frein par le passé, leur évolution récente pourrait changer la donne. Avec la digitalisation croissante des paiements et la concurrence entre les prestataires de services financiers, plusieurs solutions existent aujourd'hui pour réduire les coûts et optimiser la gestion des transactions.

1. Une baisse progressive des commissions bancaires

Depuis 2015, l'Union européenne a plafonné les commissions d'interchange à 0,2 % pour les cartes de débit et 0,3 % pour les cartes de crédit. Ce plafonnement a permis d'atténuer le coût des transactions pour les commerçants.

En parallèle, les frais de transaction appliqués par les banques sont devenus plus compétitifs. Selon un rapport de la BCE, le coût moyen d'une transaction par carte a baissé de près de 20 % ces dix dernières années. Cependant, tous les commerçants ne bénéficient pas de ces conditions : tout dépend du contrat signé avec leur banque ou leur prestataire de paiement.

2. Opter pour des solutions de paiement adaptées

Les nouveaux acteurs du paiement, tels que SumUp, Zettle (PayPal) ou Smile&Pay, proposent des terminaux sans abonnement avec des commissions uniquement prélevées sur chaque transaction (généralement entre 1 % et 1,75 %). Cette flexibilité permet aux petits commerces d'accepter la carte sans supporter de coûts fixes élevés.

D'autres alternatives existent :

  • Les banques en ligne et fintechs (Qonto, Revolut Business, Shine, etc.) offrent des solutions avec des frais de transaction réduits et des fonctionnalités adaptées aux indépendants et commerçants.
  • Les abonnements à prix fixe avec volume de transactions illimité : certaines offres permettent aux commerçants avec un volume de paiements élevé de mieux maîtriser leurs coûts (ex : Stripe, Adyen).

3. Encourager le paiement mobile et sans contact

Le paiement sans contact a explosé ces dernières années, représentant plus de 60 % des transactions par carte en France. L'avantage ? Ces transactions sont souvent traitées avec des frais réduits pour le commerçant.

Autres options à explorer :

  • Paiement via QR Code : des solutions comme Lydia, Paylib ou Alipay permettent aux clients de payer en scannant un QR code, évitant parfois les frais élevés des réseaux de cartes.
  • Virement instantané (Request to Pay) : en pleine expansion, il permet d'être crédité en quelques secondes sans passer par un réseau bancaire traditionnel (et donc sans les frais de carte).

Si refuser la carte pour les petits montants peut sembler logique d'un point de vue économique, les nouvelles habitudes des consommateurs et l'évolution des coûts de transaction remettent cette pratique en question. Au-delà du gain immédiat sur les frais bancaires, les commerçants doivent évaluer l'impact sur la fidélisation client et leur chiffre d'affaires global. Dans un monde où les paiements digitaux dominent, s'adapter aux nouvelles attentes pourrait bien être la clé d'une meilleure rentabilité.

 
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