[Histoire d'entreprise] : La chute de WeWork
Retour sur la start-up qui voulait révolutionner la location des espaces de travail et qui a levé des milliards de dollars, avant de déposer le bilan en novembre 2023. Décryptage d'un succès mondial et d'une chute qui a conduit l'entreprise a déclaré faillite.
Je m'abonneFondé dans le but de transformer la location d'espaces de travail, WeWork a séduit les plus gros investisseurs. Son succès a été rapide et l'a emmené à se développer à une vitesse folle, avec un dirigeant recherchant avant tout la croissance, au dépit de la rentabilité.
L'ascension de WeWork
Lancé en 2010 à New York par Adam Neumann, WeWork avait pour ambition de réinventer l'espace de travail traditionnel. La mission de l'entreprise était de créer des lieux partagés, favorisant la collaboration et la flexibilité. La start-up souhaitait répondre aux besoins d'une nouvelle génération de travailleurs indépendants et d'entrepreneurs. WeWork a proposé une alternative aux bureaux conventionnels avec des contrats de location flexibles, des endroits entièrement équipés et des environnements de travail communautaires. En quelques années, la jeune pousse a connu une croissance exponentielle.
WeWork a profité de l'essor des concepts de travail collaboratif et des start-up. À cette période, les modes de travail ont évolué avec une augmentation significative du nombre de free-lances et de start-up à la recherche d'espaces pour exercer leurs activités. WeWork a répondu à cette demande en permettant aux entreprises de toutes les tailles de s'adapter rapidement à l'évolution de leurs besoins en matière d'espace.
Grâce à son concept nouveau pour l'époque et à un marché en rapide évolution, WeWork s'est développé à l'international. L'entreprise a levé plusieurs milliards d'euros auprès de SoftBank, ce qui lui a permis d'accélérer son expansion. À son apogée, l'entreprise était valorisée à 47 milliards de dollars et comptait plus de 800 espaces de coworking dans le monde, d'après l'Usine Digitale. Dans cette vidéo, Arte revenait avec humour, sur l'échec de We Work avant même son dépôt de bilan :
Une gestion douteuse et le Covid-19 comme bourreaux
Toutefois, l'entreprise a eu les yeux plus gros que le ventre, en menant une expansion et des projets démesurés. Une série de problèmes structurels et de gouvernance ont amené l'entreprise à sa perte. WeWork, fonctionne comme une société immobilière en louant de grands espaces pour les sous-louer sous forme de bureaux partagés. Ce modèle s'est développé très vite mais tous les espaces de travail n'ont pas été rentables pour la start-up, contrainte de payer des loyers exorbitants pour certains bureaux peu fréquentés.
De plus, la tentative d'introduction en Bourse, avec Adam Neumann en tant que P.-D.G., a été un échec retentissant. Les investisseurs, alarmés par les pertes importantes et le style de gestion irréaliste de Neumann, ont retiré leur confiance. Au bord de ma faillite en 2019, c'est l'investisseur japonais SoftBank, actionnaire de We Work, qui a sauvé l'entreprise en y injectant 5 milliards de dollars supplémentaires, avant de devenir actionnaire majoritaire. À cette occasion, le P.-D.G. Adam Neumann a fait l'objet d'un examen en raison de son style de vie extravagant et de son leadership peu conventionnel, avant d'être écarté de l'entreprise.
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Le dirigeant est devenu simple observateur, et actionnaire minoritaire. Ses méthodes de gestion catastrophiques, ont failli mener We Work à sa perte, dès 2019. Ce businessman cultive une image d'entrepreneur atypique, fumant du cannabis, avec un look décontracté et des méthodes de travail originales. Pourtant, ses folies et son ambition éloignée de la réalité, ont amené les investisseurs à le détrôner de son rôle de P.-D.G.
Parmi les problèmes de gestion de Neumann, des transactions douteuses et une méconnaissance des limites de l'entreprise face à une crise économique potentielle, ont été pointé du doigt.
Puis, la valorisation de WeWork a chuté, passant de 47 milliards de dollars à aussi peu que 10 milliards de dollars en 2021. L'entreprise a finalement été introduite en Bourse via une fusion avec une société d'acquisition à vocation spécifique (SPAC) en octobre de la même année.
Cependant, la pandémie de Covid-19 a entraîné la descente aux enfers de WeWork, avec des clients annulant des contrats et une transition massive vers le télétravail. WeWork a été contraint de restructurer ses dettes et de modifier ses baux, mais ces mesures n'ont pas suffi à éviter la faillite. Les obligations locatives à long terme de l'entreprise, s'élevant à 13,3 milliards de dollars, ont constitué un fardeau dans le contexte post-Covid d'une demande de plus en plus faible pour l'espace de bureau. Dans cette vidéo, France 24 annonçait la faillite de l'entreprise :
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Ainsi, la société a déposé le bilan le 6 novembre 2023 et son action ne valait plus que quelques centimes. L'entreprise affirme avoir perdu des milliards de dollars au premier semestre 2023 à cause d'une baisse de clients. WeWork va donc fermer ses espaces de travail aux États-Unis. Les milliards de dollars investis par SoftBank, le groupe de technologie japonais qui détient près de 70 % de l'entreprise, pour redresser l'entreprise n'ont pas suffi. Néanmoins, WeWork possède toujours environ 700 espaces de travail à travers le monde et espère se relancer une nouvelle fois.