Retraite: les astuces pour la préparer sereinement
La retraite est une question d'anticipation. Elle s'organise tout au long de votre carrière. Voici le calendrier à respecter et les démarches à accomplir pour vérifier vos droits à la retraite, et aborder cette dernière sereinement.
Je m'abonneLa retraite est un sujet souvent négligé ou repoussé par les dirigeants. "Il est pourtant nécessaire de la préparer pour aborder au mieux la fin de sa vie professionnelle, qui est souvent un moment d'inquiétude", confie Jean-Marie Paumier, directeur adjoint du RSI Ile-de-France Centre. Voici quelques conseils et dates clés à retenir pour l'aborder sereinement.
Ce qu'il faut faire entre 35 et 55 ans
Surveillez les documents envoyés par les régimes de retraite de base et complémentaire. Notamment le relevé individuel de situation, qui est un relevé de carrière envoyé tous les cinq ans à partir de 35 ans, et l'estimation indicative globale qui renseigne, à partir de 55 ans, sur le montant total de votre retraite des régimes obligatoires de base et complémentaire. "Le dirigeant doit alors regarder de près ces documents. Le mécanisme du régime salarié et du RSI est bien huilé, mais certains trous de carrière peuvent apparaître, tout simplement car le report d'informations n'a pas été fait régulièrement", met en garde Jean-Marie Paumier (RSI).
"Le dirigeant doit donc vérifier que le nombre de trimestres avancé dans les simulations automatiques est le bon. À défaut, c'est à lui d'apporter la preuve qu'il a cotisé plus de trimestres", confie Michel Lentini, expert-comptable, associé du réseau Talenz. Si votre dossier comporte des erreurs, en particulier si vous avez connu plusieurs vies dans votre carrière professionnelle, vous pouvez le faire compléter en joignant les pièces justificatives comme une attestation de chômage, les bulletins de salaire pour la période litigieuse, une attestation patronale certifiée précisant les salaires versés et le montant des cotisations prélevées (si vous avez été salarié).
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En cas de doute, vous devez contacter le plus tôt possible le régime adéquat (sur chaque feuillet est précisé le numéro de téléphone à contacter). Cela vous assurera que votre carrière est à jour lors du dépôt de la demande de retraite. "Dans la carrière d'un indépendant, il peut arriver que la cotisation versée ne soit pas suffisante pour valider une année entière", explique Jean-Marie Paumier. Pour être certain de confirmer quatre trimestres chaque année, vos revenus professionnels doivent atteindre 150 fois le Smic horaire, soit 1 429,50 euros en 2014. Résultat : avec 5 718 euros de revenus déclarés sur l'année (4 x 1 429,50), vous validez vos quatre trimestres en 2014, "quel que soit le nombre de mois réellement travaillés, et quel que soit le mois où votre activité est lancée", précise Michel Lentini. L'attribution des trimestres dépend de vos cotisations, calculées d'après les revenus sur lesquels vous cotisez.
S'il vous manque des trimestres, la pension de votre régime de base sera minorée et elle ne vous sera pas versée à taux plein. Vous pouvez, dans ce cas précis, racheter certains trimestres. Deux options s'offrent à vous : le rachat Madelin ou le dispositif Fillon. Le premier est largement utilisé par les artisans et les commerçants. Le dispositif est souvent plus intéressant que le rachat Fillon, car le prix des trimestres est généralement bien moindre. Il est calculé en fonction des cotisations versées durant votre carrière d'indépendant et de votre âge au moment du rachat. Le coût des trimestres Fillon, quant à lui, est un forfait qui dépend de l'âge au moment du rachat pour acquérir des années d'études supérieures ou, dans certaines conditions, des années incomplètes. Avant d'arrêter votre choix, n'hésitez pas à vous tourner vers votre caisse de retraite pour obtenir des estimations comparées (voir notre simulation en fin d'article).
Ce qu'il faut faire entre 55 et 60 ans
Vous pouvez simuler vos droits à la retraite. Comment ? En vous connectant sur le site www.marel.fr. Vous pouvez, ainsi, calculer, en ligne, en fonction de votre parcours professionnel et des revenus perçus depuis le début de votre carrière, l'âge de départ à la retraite à taux plein, les incidences en cas de départ anticipé ou reculé, ainsi que le montant de votre future pension.
Pour rappel, l'âge légal de départ à la retraite est fixé de 60 à 62 ans selon votre date de naissance. Des possibilités de départ avant ces âges existent pour les personnes ayant commencé à travailler entre 14 et 16 ans. Un départ anticipé est possible dès 55 ans pour les assurés lourdement handicapés et dès 56 ans pour les personnes ayant eu une longue carrière professionnelle.
Ce qu'il faut faire à partir de 60 ans
Aucune retraite n'est accordée automatiquement. Il est conseillé de vous tourner vers la dernière caisse où vous avez cotisé et de déposer votre dossier quatre à cinq mois avant la date choisie. "Il suffit de remplir une demande unique de retraite qui vaudra pour le RSI et le régime des salariés. Elle doit contenir des informations sur votre état civil, votre situation de famille et sur votre carrière pour vérifier qu'aucune période n'a été omise entre les différents régimes par lesquels vous êtes passé", confie Jean-Marie Paumier (RSI).
Le dépôt des dossiers ne doit pas être tardif. Si, par exemple, la date de départ à la retraite est programmée au 1er juin, et que le dossier est remis fin mai ou à une date postérieure au 1er juin, les régimes de retraite ne pourront rétroagir. "Un dirigeant doit s'y prendre à l'avance, car la retraite est liquidée une fois que le dossier complet est déposé", confirme Michel Lentini. Vous devez également justifier d'une cessation d'activité enregistrée auprès du centre de formalités des entreprises (chambre des métiers, chambre de commerce ou greffe du tribunal de commerce). " Si un commerçant ou un artisan entreprend de vendre son entreprise et que la cession n'est toujours pas réalisée à la date choisie, le point de départ de la retraite devra être repoussé ", précise Jean-Marie Paumier (RSI).
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Dernier conseil à suivre : lors du dépôt de votre demande de départ à la retraite, pensez à liquider les autres régimes non obligatoires, comme les contrats Madelin. "Ces démarches ne sont pas automatiques. La compagnie d'assurances va demander la preuve de dépôt de liquidation des droits de régime de base", prévient Michel Lentini. Une organisation qui vous aidera à aborder sereinement votre retraite et de connaître votre niveau de pension globale.
Rachat Madelin vs dispositif Fillon : qui remporte le match ?
Prenons l'exemple de M. Tristan X, qui atteint l'âge légal de départ à la retraite le 1er décembre 2014. Il formule sa demande en octobre 2013, à l'âge de 60 ans, et décide, finalement, de racheter trois trimestres pour atteindre les 165 trimestres obligatoires et partir à la retraite le 1er décembre 2013.
Sans rachat, le montant mensuel de sa retraite aurait été de 273,91 euros tout en poursuivant son activité un trimestre de plus. Avec le rachat, deux possibilités s'offrent à lui : les dispositifs Madelin ou Fillon.
- En se tournant vers le premier, le Madelin, le rachat de trois trimestres lui coûte 2 832 €, soit 944 € le trimestre.
- Le second, c'est-à-dire le Fillon, coûte 11 625 €, soit 3 875 € le trimestre.
Le Madelin est donc moins onéreux. Mieux : toujours avec le Madelin, le montant mensuel de sa retraite est de 296,92 € et il peut partir 11 mois avant l'âge légal. Avec le dispositif Fillon, le montant aurait été de 293,33 €. En effet, les trimestres rachetés dans le cadre de la loi Madelin comptent pour la retraite anticipée pour longue carrière, ce qui n'est pas le cas pour les rachats de trimestres Fillon.