Quand la flotte auto se met à l'Économie du partage
Dans une flotte automobile, chaque véhicule ne roule que 5% du temps. Pourtant, il représente un coût fixe particulièrement élevé. Et si, pour économiser, la solution était la mutualisation des achats, de l'entretien mais aussi, pour les plus audacieux, de l'usage ?
Je m'abonnePour une fois, l'État donne l'exemple. Dans une circulaire du 16 février 2015, le Premier ministre demande à ses ministres et aux préfets d'instaurer un système de mutualisation de sa flotte automobile entre ses différents services. Une bonne nouvelle qui, si elle est appliquée, réduira de 10 % la taille du parc automobile et diminuera la facture d'acquisition et d'entretien (600M€ par an). Car une automobile coûte même si on ne s'en sert pas. Pour une entreprise, le budget automobile est souvent important, entre mensualités de la LLD (location longue durée) ou LOA (location avec option d'achat), assurance, entretien éventuel, TVS (taxe sur les véhicules de société), sans oublier le carburant...
À l'année, le TCO (Total cost of ownership ou coût total de détention) d'un véhicule de flotte est en moyenne de 10 000€. Une solution pour réduire ces coûts : la mutualisation, idée séduisante car chaque véhicule d'un parc ne fonctionne qu'en moyenne 5 % du temps. Pis, les automobiles des flottes d'entreprise sont rarement utilisées simultanément à plus de 40%. Alors, n'hésitez plus, regroupez-vous au sein d'un club d'entreprises ou d'un groupement d'entrepreneurs.
1. À l'achat
Les constructeurs ont des offres dédiées aux entreprises. Mais le tarif n'est jamais le même si l'entreprise achète une, deux ou vingt voitures. " L'idée est de se regrouper entre petites entreprises ou de se placer dans le sillage d'une entreprise plus importante qui a des politiques d'achat régulières de véhicules ", explique Adrien Bonnet-Mialon, vice-président du RESF (Réseau d'entreprises du sud Forez), basé dans la Loire. En synchronisant leur période d'achat (ou de location), les entreprises obtiennent davantage des constructeurs. Celle qui n'a besoin que de deux voitures tous les trois ans bénéficiera des avantages accordés à une PMI, voire une ETI qui renouvelle régulièrement sa flotte de trente ou cinquante voitures.
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Pour une mutualisation totale, il convient de bien évaluer ses besoins. Ensuite, mieux vaut tout commander auprès d'un seul constructeur et homogénéiser la flotte (marque, équipements, couleurs) pour obtenir le meilleur tarif. " Au total, la mise en place d'une flotte mutualisée peut diminuer les coûts de 20 % ", estime Yves Potiron, de chez MoPlus, société de gestion de flotte établie dans la Sarthe.
2. Entretiens et achats courants
Si vous optez pour des formules en LLD, tout est inclus pendant la durée du contrat. Plus adaptée à la clientèle des grandes entreprises, la location longue durée proposée par les constructeurs ou par les sociétés spécialisées (ALD, filiale Société générale ou Arval, filiale BNP-Paribas) intègre tous les entretiens et le remplacement des pièces d'usure (freins, pneus, etc.). Dans le cadre d'une LOA (mieux adaptée à de petites ou moyenne flottes), les entretiens sont à la charge du locataire. Cliquez ici pour terminer la lecture sur la page suivante.
Toutefois, les réseaux de garages accordent des rabais aux grands comptes. Idem pour les fabricants de pneumatiques qui, comme Michelin, peuvent accorder jusqu'à 40 % de remises aux flottes. Chez les assureurs, une flotte mutualisée permet d'obtenir des rabais sur les primes annuelles ou des options gratuites sur les services d'un assureur (assistance 0 km après expiration de la garantie, par exemple...). Pour toutes les questions de logistique, recourir à un service de gestion de flotte permet d'optimiser les coûts et de déléguer l'organisation de toutes les opérations de maintenances.
3. Mutualiser l'usage
C'est sans doute la partie la plus difficile à mettre en oeuvre car il faut pouvoir partager des locaux ou une zone d'activité. Pour que le projet soit viable, les véhicules doivent être immédiatement et facilement disponibles. " Il convient de sous-dimensionner la flotte afin d'avoir le minimum de véhicule en parc, explique Yves Potiron. Ainsi, toutes les voitures sont constamment utilisées. Mais pour éviter la pénurie, il faut pouvoir recourir à des locations de courte durée, voire à d'autres moyens de déplacement comme des taxis ou, pour de très petites distances, des vélos électriques. " L'ennemie de la flotte automobile, c'est la voiture qui ne roule pas.
" Il est impératif d'atteindre une forte rotation. En flotte, une voiture est une charge fixe, qu'elle roule ou pas. Ce qu'il faut éviter, ce sont les trajets absurdes (laisser la voiture à la gare et la reprendre le lendemain après-midi). La voiture est immobilisée et, donc, coûte. " Mais au quotidien, comment gérer un parc interentreprises ? Il existe plusieurs solutions. La plus simple : un système de conciergerie avec un ou deux employés chargé de la gestion du planning et des clés, selon la taille du parc.
Une autre solution, plus complexe à mettre en place, est de créer un dispositif de réservation en ligne avec accès aux véhicules par carte et code. C'est un système éprouvé par les grandes entreprises comme EDF ou SFR qui ont déjà franchi le pas de l'autopartage. Reste la délicate question de qui paie quoi ? Là encore, le plus logique est d'opter pour un prix au prorata temporis. Dans tous les cas, la gestion de la flotte déléguée à un prestataire de service assure la paix dans la mutualisation, une optimisation des coûts et des soucis en moins pour le chef d'entreprise.
Des solutions déjà éprouvées ?
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Mutualisation interne
De plus en plus de grandes entreprises passent à la mutualisation interne, c'est l'autopartage, pour des raisons d'économie et de rentabilité. Citons : EDF, SFR, Bouygues Télécom et même TF1 qui a déployé 30 véhicules pour sa rédaction : 27 thermiques et 3 électriques pour les déplacements urbains.
Location à l'heure
L'offre Hertz 24/7 Business permet aux professions libérales et entreprises (de la TPE à la PME/PMI) d'accéder à un pool d'automobiles réparties dans 60 centres. Les tarifs (6,50 €/h à 8 €/h) incluent le carburant, 60 km par location, l'assistance 7j/7, les taxes, l'assurance automobile responsabilité civile et les protections complémentaires, la maintenance et l'entretien.