4 étapes pour réussir votre introduction sur Euronext
Une introduction en Bourse ou IPO (Initial Public Offering) permet de se donner les moyens de ses ambitions. L'opération est loin d'être anodine, surtout si vous visez le marché réglementé d'Euronext.
Je m'abonne1. Peser les pour et les contre
La cotation sur Euronext est-elle adaptée à vos besoins et à votre entreprise? Une IPO peut répondre à plusieurs objectifs: financer vos projets de développement, refaire appel au marché pour couvrir de nouveaux besoins de financement, réduire votre endettement, gagner en crédibilité et en visibilité... "Sur Euronext Growth (ex-Alternext), les entreprises lèvent en moyenne 15 à 20 millions d'euros. Sur Euronext, les montants peuvent être bien supérieurs. Le succès de l'opération dépend de la qualité du dossier et de sa capacité à attirer les investisseurs", précise Éric Forest, responsable des activités PME et ETI d'Euronext.
Les bonnes raisons de se lancer sont donc nombreuses. Mais il y a un revers à la médaille: la cotation en Bourse implique un processus long, complexe et chronophage. Rares sont les entreprises telles que Biom'up (lire l'encadré ci-dessous) à réussir le tour de force de boucler leur IPO en quatre mois. "Une fois la décision prise, comptez plutôt six mois: cinq mois de préparation et un mois de placement", note Éric Forest. Des aménagements (juridiques, comptables, RH...) seront peut-être à prévoir afin de répondre aux conditions d'admission et aux obligations des sociétés cotées.
Par exemple, l'introduction sur les marchés réglementés d'Euronext implique l'adoption des normes comptables internationales IFRS. "Cette transition peut être plus ou moins lourde selon les entreprises", signale Franck Serratrice, expert-comptable et commissaire aux comptes du cabinet BBM Baker Tilly.
Enfin, une introduction en Bourse induit des frais directs et indirects, en amont et en aval. "En fonction de la taille de l'IPO, les coûts liés à l'opération représentent 6 à 10 % des montants levés", indique Éric Forest. "Les banques pèsent lourd dans l'addition, admet Franck Serratrice (BBM Baker Tilly). Mais elles sont rémunérées au succès de l'IPO."
Sachez que les contraintes sont plus limitées en optant pour Euronext Access (ex-Marché libre) ou Euronext Growth. Pour vous familiariser avec les marchés financiers et lever (ou non) vos doutes, Euronext a lancé des formations gratuites dédiées aux dirigeants de la tech (TechShare) ou d'entreprises familiales (FamilyShare).
2. S'entourer de partenaires
L'introduction en Bourse est une affaire d'experts. Vous devez obligatoirement sélectionner une ou plusieurs banques ayant la qualité de prestataire de services d'investissement (PSI). Le PSI organise et met en oeuvre l'IPO, tout en coordonnant les différentes parties prenantes. Il s'occupe de rédiger le prospectus, qui doit être visé par l'AMF. Il détermine notamment le prix des actions et place les titres auprès des investisseurs institutionnels. "Les principaux investisseurs en Bourse sont des gérants de portefeuille et des fonds, révèle Franck Serratrice. La part publique est souvent marginale."
Autre partenaire incontournable, l'avocat spécialisé en droit boursier participe aux opérations préparatoires (restructuration juridique, optimisation patrimoniale...), aux audits et au montage juridique de l'IPO. En l'absence de compétences en interne, un expert-comptable peut s'occuper de l'élaboration des comptes IFRS, qui doivent ensuite être certifiés par un commissaire aux comptes. Ce dernier doit établir une lettre de fin de travaux, par laquelle il indique avoir vérifié les informations mentionnées dans le prospectus. Enfin, une agence de communication financière se chargera de concevoir et de mettre en oeuvre un plan de communication pour valoriser l'entreprise et son projet d'IPO.
Lire aussi : Le PER, un levier de défiscalisation pour les indépendants et entrepreneurs : explications
3. Structurer son entreprise pré et post-IPO
Si le processus d'IPO est en partie externalisé, vous serez néanmoins très sollicité. Le risque est de vous laisser absorber par ce chantier, au détriment du pilotage de l'entreprise. Désignez l'équipe interne en charge de l'IPO et dégagez-lui du temps pour mener à bien le projet. Il peut être opportun d'embaucher des ressources juridiques et/ou financières ayant déjà participé à une introduction en Bourse ou de faire appel à des professionnels expérimentés, comme des managers de transition.
Ensuite, tout au long de leur cotation, les sociétés sont soumises à des obligations: communication régulière d'informations financières, tenue d'une comptabilité française qui doit être retraitée pour obtenir des comptes IFRS et consolidés... Il faut donc se préparer, en amont, à se conformer aux exigences de votre futur statut de société cotée.
4. Convaincre les investisseurs
Une étape ne peut se dérouler sans vous: le road show, alias la tournée auprès des investisseurs institutionnels. Vous devrez probablement vous faire coacher et vous exercer à la prise de parole, à maîtriser votre equity story, à affûter vos arguments... y compris lors des inévitables interviews avec les journalistes. "Il faut se préparer physiquement!", conseille Étienne Binant, directeur général de Biom'up. En 10 jours de road show non-stop, il a enchaîné les entretiens à New York, Milan ou Copenhague?! Sonner la cloche de la Bourse se mérite, à plus d'un titre.
Témoignage
"La réussite d'une IPO est le fruit d'un travail collectif"
38,1 millions d'euros, tel est le montant levé sur Euronext Paris, le 13 octobre 2017, par Biom'up. La PME visait initialement 33 millions d'euros. Après plusieurs tours de table, la société passe un cap afin de financer la commercialisation de son nouveau produit, Hémoblast, qui nécessite l'embauche de 40 personnes sur les 10 prochains mois.
Étienne Binant, directeur général, attribue la réussite de son IPO au travail collectif mené par ses équipes et celles de ses conseils (banques, avocats, agence de communication). "Une IPO ne s'improvise pas, souligne-t-il. Le processus est très encadré, c'est pourquoi il est nécessaire de s'entourer d'experts, en interne et en externe, ayant l'habitude de ce type d'opérations."
En revanche, les obligations inhérentes aux sociétés cotées ne l'ont nullement freiné. Avec des investisseurs au capital, la PME est habituée à produire des reportings réguliers. "La seule différence, c'est que dorénavant nous avons ce devoir de communication et de transparence auprès du grand public", souligne le dirigeant. Néanmoins, pour faire face à ses obligations, Biom'up a étoffé son service comptable et financier.
Biom'up
Activité : Fabrication de dispositifs médicaux
Ville : Saint-Priest (Rhône)
Dirigeant : Étienne Binant, directeur général, 39 ans
Année de création : 2005
Effectif : 70 salariés
CA 2016 : 3,6 M€