[Etude de cas] La PME Marchegay évite la faillite grâce à Xavier Niel et aux entrepreneurs vendéens
Au bord de la faillite, la société Marchegay a vu son plan de reprise validé par le tribunal de commerce grâce à la solidarité des entrepreneurs de sa région et au soutien de Xavier Niel.
Je m'abonneTout a commencé en juillet dernier. L'entreprise que je dirige, Marchegay, et dont je suis actionnaire minoritaire est placée en redressement judiciaire. Pourtant, nos carnets de commande pour 2016 sont pleins. Je dépose alors une offre de reprise des actifs. Lors de l'audience au tribunal de commerce, le 23 octobre, le projet est globalement validé, les fonds propres et les lignes de financement court terme sont en place.
Mais il y a un bémol : il manque une avance de trésorerie d'un montant de 400 K€ pour faire face aux deux premiers mois de fonctionnement. La décision du tribunal est remise au jeudi suivant, le 29. A la sortie de l'audience, il me reste donc trois jours ouvrés pour réunir cette avance !
Lundi midi, la BPI, que nous avons sollicité pour cette avance de trésorerie, m'annonce qu'elle ne dispose pas des outils financiers pour répondre favorablement à cette demande, ma dernière piste "classique" est donc définitivement abandonnée... Mardi matin à la première heure, le maire de Luçon Pierre-Guy Perrier, qui termine sa garde de nuit (il est pharmacien), m'envoie un SMS : "J'ai peut-être une idée, appelez-moi". Lui voudrait faire appel à la solidarité des entreprises locales.
Mais encore fallait-il disposer d'un cadre juridique adapté pour une telle opération. C'est chose faite le mardi soir à 23h30, grâce à la mobilisation d'une avocate, d'un expert-comptable et d'un notaire.
Mercredi midi, je sollicite Sylvestre Olgiati, le président du club d'entreprises local Pays de Luçon Entreprises pour lui expliquer la situation. A partir de là tout s'accélère ! Mon mail est relayé en début d'après- midi aux membres du club, puis de façon "virale" aux autres réseaux locaux, notamment Réseau Entreprendre Vendée et APM. Rapidement c'est une hot line qui doit être mise en place...
Les propositions affluent, on fournit les RIB de la société, une réunion est programmée à l'entreprise à 19h30. Plus de vingt chefs d'entreprises y participent. Et chacun sort son chéquier ! On fait les comptes, 35 participants ont apporté plus que les 400 000 euros attendus, en quelques heures. Quelques-uns me connaissent personnellement, beaucoup connaissent l'entreprise, inscrite sur le territoire de Luçon depuis 1948, d'autres enfin connaissent quelqu'un qui me connaît...
C'est un vaste élan de solidarité qui s'exprime, fondé sur la proximité et la confiance. Les conventions qui garantissent le remboursement de l'avance sont signées deux jours plus tard. Cette journée un peu folle se termine dans la convivialité autour d'un pot improvisé sur place.
Jeudi 29 octobre 15h30, j'apporte au tribunal de commerce, deux lettres de soutien -l'une de Xavier Niel, l'autre de Bouygues Construction-, et la preuve du dépôt des fonds. Le plan de reprise est validé!