Export : focus sur les aides publiques
Pour aider les PME à s'aventurer hors de nos frontières, la France dispose d'un arsenal d'aides publiques à l'export. Crédit d'impôt, assurance prospection, prêt à l'export... Tour d'horizon des sources de financement à votre disposition.
Je m'abonnePartir à la conquête de marchés étrangers, voilà un passage obligé pour nombre de PME tricolores soucieuses de trouver de nouveaux relais de croissance. Avec, comme première gageure : trouver les fonds nécessaires pour réussir une telle aventure. " Si les aides publiques à l'export restent moins nombreuses que celles dédiées à l'innovation ", constate Thomas Gross, directeur associé de Sogedev, cabinet de conseil en financement public, force est de constater qu'une telle dissymétrie génère un avantage de taille : rendre moins ardu tout travail d'identification et de benchmark des acteurs propres à doper l'internationalisation de votre business. Et pour vous faciliter encore la tâche, voici les quatre principales sources de financement à ne pas manquer.
1. Le crédit d'impôt pour dépenses de prospection commerciale
Vous connaissez le CIR, Crédit impôt recherche, mais avez-vous entendu parler du Crédit d'impôt prospection commerciale (CIPC) ? Lancé en 2006, ce crédit d'impôt est dédié aux PME exportatrices. Égal à 50 % du montant des dépenses plafonnées à 80 000 €, il ne peut être accordé qu'à une condition majeure : avoir recruté un collaborateur dédié à l'export. En outre, les dépenses éligibles sont uniquement celles effectuées dans les 24 mois suivant le recrutement. Des dépenses qui portent sur un spectre assez large : " Frais de déplacement, d'études de marché, de communication, de participation à des salons professionnels... ", développe Thomas Gross, en rappelant que seules les dépenses RH sont exclues, sauf celles visant au recrutement d'un Volontaire international en entreprises (VIE).
2. L'assurance prospection
Vous souhaitez vous lancer à l'export sans supporter le risque commercial de vos premières démarches ? Alors l'assurance prospection de la Coface est faite pour vous ! L'organisme d'assurance crédit, qui gère pour le compte de l'État un panel d'aides publiques, met à disposition une assurance contre le risque d'échec commercial, à laquelle s'ajoute une avance prospection, à savoir une garantie apportée à la banque qui finance les dépenses couvertes. "Via l'assurance prospection, la Coface indemnise les dépenses de prospection engagées à hauteur de 65 à 85 %, résume Thomas Gross. Le remboursement varie selon l'évolution du chiffre d'affaires réalisé dans la zone export, sans le paiement de taux d'intérêt. " D'une durée maximale de cinq ans, l'assurance couvre un panel large de dépenses : " Les mêmes que celles éligibles au CIPC, auxquelles s'ajoutent les salaires, les frais de recrutement et de formation de l'équipe commerciale export, ainsi que les frais d'implantation ou d'adaptation des produits ", récapitule Thomas Gross. Si l'assurance prospection est adaptée aux exportateurs chevronnés, une offre est dédiée aux entreprises en création souhaitant prendre la température d'un marché étranger : l'Assurance prospection premiers pas (A3P). Elle est destinée aux sociétés au chiffre d'affaires inférieur à 50 M€ et au business export inférieur ou égal à 200 k€. Cette offre peut couvrir un budget maximal de 30 k€. Seul bémol : " La Coface réfléchit à un aménagement budgétaire de ces assurances, voire à la suppression de l'A3P... ", prévient le directeur associé. À suivre.
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3. Le Prêt Export
Produit-phare de Bpifrance, la banque publique d'investissement, le Prêt Export a été lancé en septembre 2013. " Remplaçant le Prêt de Développement Export, le Contrat de Développement International et le Contrat de développement participatif, ce nouveau produit vise à améliorer et simplifier notre offre de financement à l'export ", indique Anne Guérin, directrice régionale IDF Ouest de Bpifrance. Variant entre 30 k€ et 5 M€, ce prêt est dédié aux PME créées depuis plus de trois ans, soucieuses de financer leur développement à l'international. Accordé sur sept ans maximum, dont deux années de différé en capital pour alléger la trésorerie, le prêt offre des conditions avantageuses : aucune garantie sur les actifs de l'entreprise ni sur le patrimoine du dirigeant, une retenue de 5 % du prêt restituée à l'entreprise à l'issue du remboursement total, un déblocage sous 15 jours pour les prêts inférieurs à 150 k€ et aucun justificatif à fournir sur les dépenses.
4. Les programmes export collectivités territoriales
Dernière alternative pour financer vos dépenses export : vous rapprocher d'acteurs publics locaux, tels que les conseils régionaux aidant, entre autres, les projets export. Des politiques d'investissement dédiées " qui varient selon les priorités de chaque territoire et décidées, entre autres, par les agences régionales de développement économique ", indique Thibault Flamand, directeur associé de Viséo Finance, spécialisé dans le conseil en financement public. Aussi, pour bénéficier de l'aide adéquate, renseignez-vous en amont sur les initiatives menées dans votre région. Et Thibault Flamand d'ajouter : " Ces acteurs de proximité constituent aussi un bon point d'accès aux fonds européens, comme le Feder, Fonds européen de développement économique régional. "
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Alors penchez-vous sans tarder sur les coups de pouce de l'Europe pour doper votre chiffre d'affaires export...
Témoignage
Marc Doligé, directeur général de Tripette et Renaud : "J'ai obtenu une subvention régionale de 130 000 euros"
Avec 75 % de son chiffre d'affaires réalisé à l'export, rien d'étonnant à ce que Chopin Technologies, PME de 95 salariés spécialisée dans la construction d'appareils de contrôle des céréales et dérivés, puisse bénéficier d'un panel d'aides publiques à l'export. Et pour cause : " Nous vendons nos produits dans pas moins de 135 pays ! " rappelle Marc Doligé, dirigeant de la PME appartenant à la holding Tripette et Renaud.
Si la société, évoluant sur un marché de niche, se développe d'abord sur fonds propres, elle a fait appel à des financements extérieurs pour sécuriser ses projets d'implantation de deux filiales courant 2009 et début 2014, sur deux marchés stratégiques : la Chine et les États-Unis. " Pour obtenir une avance de trésorerie, nous avons bénéficié de l'assurance prospection de la Coface ", indique le dirigeant, en rappelant que le succès de chacune des opérations lui a permis de rembourser les avances souscrites.
Plus encore, pour l'implantation de sa filiale outre-Atlantique, le dirigeant a fait appel à une garantie publique accordée par Bpifrance. " Elle nous permettra de couvrir 50 % des fonds propres engagés dans la zone en cas d'échec. "
Enfin, la PME a participé, début 2014, à l'appel à projet PM'up de la région Île-de-France. " Pour ce faire, nous avons dû monter un dossier béton passant au crible nos besoins, visites de salons, embauche de VIE, etc., le tout ayant été contrôlé par un auditeur qui s'est rendu sur notre site. " Des étapes que le dirigeant relève avec succès, puisque la PME, lauréate dans la catégorie " nouvelles techno " de l'appel à projet, a obtenu une subvention de... 130 k€ !
Repères
Activité : conception d'appareils pour le contrôle qualité des céréales, et la fabrication d'encres et vernis industriels
Ville : Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine)
Forme juridique : SAS
Dirigeant : Marc Doligé, 44 ans
Année de création : 1836
Effectif : 160 salariés
CA 2013 : 20 M€