La Tourangelle : l'huilerie française qui séduit l'Amérique
Petite huilerie familiale née dans la vallée de la Loire, La Tourangelle s'est imposée en Californie comme une marque premium d'huiles artisanales. Entre adaptation au marché américain et engagement durable, Matthieu Kohlmeyer, son CEO, raconte l'aventure d'une expansion réussie.
Je m'abonneFondée en 1867, La Tourangelle perpétue un savoir-faire artisanal unique en France : la fabrication d'huiles de noix pressées à la meule de pierre. Mais au début des années 2000, un tournant décisif s'amorce avec Matthieu Kohlmeyer, héritier de la famille qui rachète l'entreprise. « Les huiles de spécialité étaient encore un marché de niche en France, mais aux États-Unis, la tendance du mieux-manger commençait à émerger », explique-t-il. Convaincu du potentiel du marché américain, il décide de traverser l'Atlantique et d'installer une huilerie en Californie, à Woodland, au coeur de la région agricole de Sacramento.
Loin d'être une simple réplique du modèle français, cette implantation nécessite une adaptation en profondeur. « Il a fallu concevoir de nouvelles presses adaptées aux matières premières locales et surtout, former une équipe à un savoir-faire totalement absent aux États-Unis », détaille le CEO de La Tourangelle. Un pari audacieux qui porte ses fruits : en quelques années, la marque trouve sa place dans les rayons de Whole Foods et des enseignes spécialisées.
Un marché américain en pleine mutation
L'arrivée de La Tourangelle aux États-Unis coïncide avec une profonde transformation du secteur agroalimentaire. Loin du cliché d'une Amérique ultra-industrielle, un nouveau consommateur émerge, en quête de produits naturels et de qualité. « Ici, les tendances alimentaires évoluent beaucoup plus vite qu'en France, observe Matthieu Kohlmeyer. Nous avons bénéficié de la vague du bio et du retour aux ingrédients bruts, des facteurs qui ont grandement contribué à notre essor. »
Les huiles vierges, autrefois considérées comme un marché de niche, deviennent peu à peu des incontournables des cuisines américaines. Face à cette évolution, La Tourangelle élargit sa gamme avec des huiles d'avocat, de sésame, de noisette ou encore de pépins de raisin. « La clé a été de proposer des huiles accessibles tout en capitalisant sur l'image du savoir-faire français », souligne Matthieu Kohlmeyer.
Pour réussir, l'entreprise a aussi dû s'adapter aux spécificités du marché américain. « Contrairement à la France, où la grande distribution domine, le marché américain est très segmenté », explique son dirigeant. Il a fallu identifier les bons circuits, s'implanter dans les enseignes bio comme Whole Foods, tout en développant une présence dans les supermarchés plus conventionnels.
Allier croissance et engagement durable
Si l'implantation américaine a été un succès, La Tourangelle voit plus loin. L'entreprise s'est engagée dans l'agriculture régénératrice, un modèle visant à restaurer les sols et à capter le carbone. « Nous voulons aller au-delà du bio et créer un impact positif sur l'ensemble de la chaîne alimentaire », insiste Matthieu. Cette démarche s'accompagne d'un travail sur l'emballage, avec des bouteilles éco-conçues et un objectif de réduction des déchets industriels.
Côté développement, La Tourangelle ne compte pas s'arrêter aux États-Unis. Son expansion continue en Europe, avec un développement accéléré dans plusieurs pays. « Notre ambition est de doubler notre taille dans les cinq prochaines années [ce qu'a su faire l'entreprise ces cinq dernières années, ndlr] en poursuivant notre expansion internationale », affirme le dirigeant de l'entreprise.
Enfin, Matthieu Kohlmeyer partage un conseil aux entrepreneurs français désireux de s'implanter aux États-Unis : « Il faut être prêt à apprendre rapidement et à s'adapter, prévient-il. L'agilité est essentielle pour comprendre ce marché ultra-dynamique. Mais si on a un bon produit et une vraie histoire, l'Amérique est une terre d'opportunités. »