La difficile transmission des entreprises familiales
Les chefs d'entreprises familiales peinent pour certains à transmettre leurs joyaux, d'après une étude de Bpifrance. Près d'un dirigeant sur deux, âgé entre 60 et 69 ans, n'a pas de plan de succession.
Je m'abonneLa France compte 32000 PME et ETI familiales de secondes générations, selon Bpifrance. Sans surprise, le premier enjeu des chefs d'entreprises familiales est de préparer leur transmission. En effet, 65 % des dirigeants de PME et ETI familiales souhaitent transmettre leur entreprise à un membre de leur famille, d'après une étude de Bpifrance. Pourtant, 47 % des chefs d'entreprises familiales de 60-69 ans interrogés n'ont pas formalisé de plan de succession. C'est le cas pour 36 % des chefs d'entreprises familiales de plus de 70 ans.
Beaucoup de dirigeants témoignent de la difficulté à passer le flambeau. Pour cause, ils ne sont pas tous prêt à accepter une autre trajectoire stratégique et de nouvelles manières de diriger et de manager. Les parents ne veulent pas imposer à leurs enfants la transmission de l'entreprise familiale, qui peut être perçue comme un cadeau empoisonné.
Le renouvellement de générations porte deux évolutions sociales majeures. Les dirigeants d'entreprise familiale sont plus jeunes, 10 % d'entre eux ont moins de 40 ans, soit deux fois plus que dans les entreprises classiques. Aussi, plus de femmes sont à la tête d'entreprise familiale, d'après les résultats de l'étude. Effectivement, les entreprises familiales comptent 14 % de dirigeantes, contre 8 % dans les entreprises classiques.
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Différents profils
Derrière le terme d'« entreprise familiale », plusieurs profils se dégagent. Parmi eux, deux ont une identité familiale forte : les « stratèges ouvertes » (18 % des sondés) et les « familiales enracinées » (28 %). Les premières ont une maturité stratégique et une grande ouverture sur l'extérieur, alors que les « familiales enracinées » privilégient l'ADN historique jusqu'à fusionner famille et entreprise. Les premières sont les mieux armées pour faire face aux enjeux de transformation de l'économie (RSE, développement du territoire, urgence climatique...).
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Les différents profils semblent inégalement parés aux enjeux de cette transmission. Certains pourront miser sur leur gouvernance familiale (cas des « stratèges ouvertes » qui ont significativement structuré conseil de famille et charte), mais ce n'est pas le cas de tous.
Compte tenu de l'âge des dirigeants des PME et ETI familiales enquêtés (26 % ont plus de 60 ans, et 42 % entre 50 et 59 ans), c'est à la nouvelle génération de reprendre le flambeau, à condition qu'elle en ait l'envie et l'espace physique et symbolique, pour assumer pleinement sa place