Entreprises adaptées : deux dirigeants conquis témoignent

Claude Paris a créé Cocoon Auto en 2018, un centre de lavage automobile situé près de Toulouse pour les particuliers et les entreprises. Il emploie 11 salariés, dont plus de la moitié sont des travailleurs handicapés. Parmi eux des sourds, des personnes atteintes de plusieurs dysfonctionnements mentaux ou encore des salariés avec des problèmes de dos.

Pour intégrer les sourds, Claude Paris fait appel à un interprète qui maîtrise la langue des signes. Récemment, il a acheté un service en ligne d'interprète qui permet à ses employés sourds de communiquer grâce à une tablette. Cet outil lui coûte 9000 euros par an. Un investissement que l'entrepreneur peut se permettre, car cette année son entreprise est devenue rentable.

Une bonne ambiance de travail

Aujourd'hui, Claude Paris est pleinement satisfait de l'atmosphère qui règne au sein de son équipe. « C'est la meilleure ambiance que j'ai eue jusqu'à présent », s'enthousiasme-t-il. Plusieurs réunions sont organisées dans l'entreprise autour du handicap afin de lever tout tabou.

Lire aussi : Qu'est-ce que l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés ?

Le dirigeant estime que « la partie humaine, qui est parfois délaissée en entreprise, est ici au-devant de tout ». Il est étonné par la résilience à la douleur de ses salariés, prêt à tout pour retrouver une vie sociale normale. Selon lui, c'est leur envie qui leur permet d'être « beaucoup plus fort », face aux difficultés que l'on peut rencontrer dans la vie professionnelle. Aussi, Claude Paris veille à ce que ses salariés en situation de handicap interagissent avec les clients : « on brise la glace par un simple contact », affirme-t-il.

Un projet commun

Même constat pour Anna Lévêque qui dirige Handicall, un groupe spécialisé dans l'externalisation de la relation client, qui est également une entreprise adaptée. Le taux de satisfaction de ses 315 collaborateurs, dont les trois-quarts sont en situation de handicap, est compris entre 70 % et 80%. L'entrepreneure juge que cette mission particulière de professionnalisation et d'intégration dans l'emploi des personnes en situation de handicap est bénéfique pour ses salariés valides : « ça donne du sens à leur métier de se dire qu'ils ont un rôle à jouer contre l'exclusion de ces personnes », dévoile-t-elle.

Pour adapter les postes de travail à ses salariés, la société a fait appel à des ergonome du travail qui ont installé des fauteuils particuliers, des reposes-poignet ou encore des bureaux assis-debout. Les horaires de travail sont aussi aménagés en fonction des handicaps et des salariés.

Anna Lévêque explique qu'une majorité de ses salariés ont acquis leur handicap à cause de leur précédent travail : « les gens arrivent chez nous parce qu'ils ne peuvent plus exercer leur métier », explique-t-elle. L'objectif est la montée en compétence des personnes, qui sont en reconversion professionnelle.

Une visée sociale

L'impact social d'un retour à l'emploi ne se caractérise pas uniquement par le salaire et l'autonomie financière. "Le retour au travail offre un sentiment d'utilité sociale et redonne de la confiance en soi », affirme Anna Lévêque. Selon elle, beaucoup d'entreprises ne s'ouvrent pas assez et cherchent des profils type : « le handicap exclu parce que ça fait peur. On juge la personne sur ce qu'elle a fait avant et non sur ce qu'elle est capable de faire », déplore-t-elle.