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6 temps forts de la Biennale 2016 du Réseau Entreprendre
2016, l'année des 30 ans pour le Réseau Entreprendre et une 7e édition de sa Biennale, présentée avec succès à Bordeaux les 14, 15 et 16 octobre derniers. Conférences et intervenants de choix et esprit collectif... Retour sur cet événement suivi par près de 1500 personnes.
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Gagner la bataille avant d'y avoir participé avec Ucka Ludovic Ililo
Faire venir un danseur professionnel hip-hop, comédien et metteur en scène sur la scène du Palais des Congrès, à Bordeaux en ouverture de Biennale du Réseau Entreprendre ? Riche idée. Ucka Ludovic Ililo a plusieurs casquettes et portait le 14 octobre celle de coach d'entreprise, un métier qu'il développe avec l'objectif d'aider les dirigeants à synchroniser corps et esprit pour eux et pour leurs collaborateurs. Face à un parterre de près de 1300 personnes, toutes issues des différentes régions du maillage du Réseau Entreprendre, l'homme a su "chauffer" sa salle. L'idée pour cette première conférence : jouer avec la cybernétique du corps et de l'esprit. Solliciter le corps et le mettre en mouvement pour générer des émotions positives. Pour Ucka Ludovic, le constat est simple, quand on a besoin d'énergie, on va la chercher ! Mais encore faut-il savoir comment. Après quelques étirements, le coach joue avec la foule et propose de simuler des postures de "chef d'entreprise fatigué". Tout le monde baisse les épaules, se prend la tête entre les mains. Puis, le chef d'entreprise "vainqueur" ! Et là, l'audience se réveille. Après quelques claps en choeur et un transfert d'énergie entre les différents participants, le coach offre aux dirigeants d'entreprise de choisir leur "freeze" (pause figée) à la manière d'Usain Bolt qui entre sur le terrain pour un sprint. Faire comme l'athlète Jamaïcain et gagner la course avant de l'avoir courue. Chacun repart avec ce cadeau, un ancrage à répéter avant chaque négociation ou moment-clé de sa carrière de manager, pour appeler de ses voeux la "win", l'attitude du gagnant.
Une conférence dynamisante, efficace à définir les bases du collectif pour ces trois jours de biennale, d'entrée de jeu.
S'ouvrir à l'économie de la connaissance avec Idriss Aberkane
Ce jeune docteur en neurosciences cognitives, chercheur à Polytechnique et Stanford, éditorialiste pour Le Point et auteur de plusieurs essais a le vent en poupe. Sur la scène du Palais des Congrès de Bordeaux, Idriss Aberkane a exposé avec gouaille et force métaphores ses théories à propos de "l'économie de la connaissance", largement commentées dans son dernier ouvrage : "Libérez votre cerveau". Sa méthode de vulgarisation des savoirs sur notre cerveau fait mouche, face à des entrepreneurs en quête de nouvelles sources d'inspiration. Le chercheur évoque le caractère illimité de la connaissance, de l'immatériel "fini" faisant face à une inéluctable extinction de tout ce qui est matériel. Il évoque également la connaissance comme bien collégial, qui se doit d'être partagée, ainsi que de l'importance d'apprendre à doser l'égo. "La vérité est un miroir brisé en milliers de morceaux dont chacun pense que son morceau représente le tout" lance Idriss Aberkane depuis sa tribune. "L'ego est le premier destructeur de valeur dans l'entreprise. Un bon manager met son égo au service du projet. Un mauvais met son entreprise au service de son égo".
Dernière assertion prononcée par le scientifique, l'importance de la notion de plaisir dans l'apprentissage. Le jeu, le plaisir et la passion sont les meilleurs moteurs de la connaissance et il ne faut pas les négliger. La messe est dite, Idriss Aberkane ajoutera une pensée pour la sauvegarde de la nature et repartira sous les applaudissements d'une foule conquise. Chacune de ses apparitions, des conférences Tedx aux vidéos YouTube provoquent cet engouement. Pourquoi un tel succès ? Libérer son cerveau et redonner du plaisir aux actions du quotidien pour être plus performant, cela donne envie de s'y mettre... !
Cultiver son optimisme avec Philippe Bloch
Philippe Bloch est chef d'entreprise (fondateur de Columbus Café), auteur, conférencier et animateur sur BFM Business. Son passage sur scène restera probablement dans les souvenirs de l'audience venue assister à la Biennale du Réseau Entreprendre comme un moment de partage, d'humour et de bonne humeur. Charismatique et espiègle, l'homme fera notamment étalage des petites "manies" du vocabulaire français parfois un peu trop morose et vecteur de "contagion émotionnelle négative" pour le dirigeant et ses collaborateurs. L'un de ses ouvrages intitulé "Ne me dites plus jamais bon courage" pointe du doigt, entre autres, l'utilisation de l'expression "bon courage", dont l'abus laisse à penser que tout dans le travail se résume à venir à bout d'une épreuve fastidieuse. "Un chef d'entreprise doit être émetteur de bonnes nouvelles et optimiste" insistera t-il. Le florilège de citations de Philippe Bloch a occupé son public jusqu'à la clôture de la première journée de conférences :
- "L'entrepreneur refuse la nostalgie et ne doit pas souhaiter que demain soit comme hier"
- "12 % de français disent être en burn-out et 42 % de français pensent qu'ils tenteraient bien l'expérience",
- "Sur-protéger affaiblit, prendre des risques aguerrit",
- "En France, on a plus souvent tendance à prendre les gens en flagrant délit d'échec qu'en flagrant délit de succès",
- "La bienveillance, le bonheur et la gentillesse sont trois objectifs et enjeux du management à atteindre" et son dernier mot, de loin le plus "spirituel" :
- "Quelque soit la longueur de la piste, le cochon ne s'envole jamais" (à propos des collaborateurs mal recrutés ou placés au mauvais poste).
Devenir un aventurier de l'incertitude avec Olivier Soudieux
Olivier Soudieux se présente comme un expert des environnements incertains. Ce chef d'entreprise, conférencier et formateur présentera deux versions d'un même type de projet auquel il a participé : l'ascension de l'Himalaya en équipe. Dans le premier projet, dix personnes prévoient en 2001 de tout donner pour arriver au sommet de ce mont légendaire. Mais l'expérience est un échec. "De retour en France, la décision majoritaire aura été de ne plus jamais rien faire avec les autres membres du groupe" assène l'aventurier. Il ajoutera "l'objectif est atteint mais l'expérience est un fiasco humain". Problème, le collectif n'aura jamais été soudé dans cette première équipée et les tensions se font sentir à mesure des obstacles rencontrés sur la route.
Dans une nouvelle version du projet, en 2004, Olivier Soudieux réalise son ascension avec "Les montagnes du silence", une équipe de sourds muets mélangée à des entendants. Malgré les contraintes budgétaires, les problèmes matériels et climats extrêmes, le projet est couronné de succès sur le plan humain. Olivier Soudieux résumera cela au sens et à la quête de sens. "Lorsque l'on est soudés par le sens, on réussit malgré des moyens limités. Chacun se réalise soi-même en participant à ce projet collectif" ajoutera t-il. Un partage d'expérience riche de sens, justement, qui aura fait écho !
Le potentiel de la différence avec Franck Pruvost
Autre "temps fort", celui de l'intervention de Franck Pruvost lors de la deuxième journée de la Biennale du Réseau Entreprendre. Ce chef d'entreprise est à l'origine de Sensitive Ways, une structure dédiée à une approche RH humaniste tournée vers le recrutement de talents "différents". L'entrepreneur est déficient visuel depuis le plus jeune âge et venait délivrer sa "recette et ses ingrédients du succès", le thème de la matinée de conférences du 15 octobre. Sorti premier de sa promotion à HEC à l'âge de 21 ans, l'homme a surmonté les obstacles liés à son handicap. "J'ai sûrement développé des capacités que je n'aurais jamais développées si je n'avais pas été différent" témoigne t-il. "J'ai été contraint et forcé de développer des talents à valeur ajoutée. Mon handicap n'en est donc pas un, c'est une singularité qui m'a poussé à donner le meilleur de moi" dira t-il. Son mot de la fin : "La différence permet de trouver des compétences inattendues, ressources pour davantage de performance". Une conférence qui sera couronnée d'une standing ovation du public, ému par la détermination de Franck Pruvost.
