COP21 : quelles réelles implications pour les PME?

195 pays réunis à Paris, deux semaines de négociations, un accord qualifié d'historique qui entérine l'objectif de contenir le réchauffement climatique "bien en deçà de 2°" par rapport à l'ère préindustrielle, 100 milliards de dollars par an d'aides aux pays du Sud... Et moi, et moi, et moi ? Une question que se posent, légitimement, les dirigeants de PME à l'issue de la COP21. Ce grand barnum, où la diplomatie le disputait au business, accouche, au final, d'engagements très généraux. Et dont on cerne mal les répercussions sur les petites et moyennes entreprises. D'autant que la proposition d'un prix du carbone unique à l'échelle de la planète visant à éviter les distorsions de concurrence ne s'est pas concrétisée.

"Cette mesure aurait, de toute façon, été très difficile voire impossible à imposer à Paris, analyse Gérald Maradan, cofondateur de l'agence EcoAct, spécialisée dans l'ingénierie bas carbone. Mentionné dans l'accord, le concept est laissé à la libre appréciation de chaque pays. En Europe s'applique le système des quotas, qui s'imposent aux sites industriels les plus émissifs, en excluant les PME. À noter cependant qu'après l'Europe, la Californie et le Canada, la Chine vient de se mettre aux quotas depuis le 1^er janvier 2016..."

Équilibre

Une décision à laquelle ne sont sans doute pas étrangers les travaux menés par l'Organisation mondiale du commerce. Ses experts envisagent, de plus en plus sérieusement, une taxe carbone sur les produits importés, pour rétablir une situation d'égalité entre les pays vertueux et les autres. La décision chinoise, confirmée lors de la COP21, est bien sûr une bonne nouvelle pour les PME françaises positionnées sur des marchés de niche, en concurrence directe avec les produits en provenance de "l'usine du monde"."Ce n'est pas un bouleversement majeur mais un peu d'équilibre est rétabli entre les grands producteurs chinois et les PME françaises, note Gérald Maradan. Pour l'instant, ces dernières ne sont soumises ni aux quotas ni à une taxe carbone. Mais la donne changera probablement. L'une des conséquences les plus notables de cette COP21 est d'ailleurs qu'elle correspond, par son retentissement médiatique, à une prise de conscience très nette."

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©Michel Szlazak

Une conviction partagée par le président du Club PME Climat au sein du Global Compact ⁽¹⁾. Directeur du développement durable de Cepovett, un fabricant de vêtements professionnels, Marc Jacouton a précisément créé cette structure à l'occasion de la conférence de Paris. Mais avec l'ambition de mener un travail de sensibilisation sur le long terme. Les animateurs du club s'apprêtent d'ailleurs à entamer un tour de France, pour aller à la rencontre des petites et moyennes entreprises sur leur territoire. Premières étapes programmées dans les prochaines semaines, Nantes et Lyon. "Nous avons créé le club suite au constat que la COP21, événement institutionnel international, était déconnectée de la réalité des PME, explique Marc Jacoutone. Le fait que la conférence n'ait débouché sur aucune nouvelle réglementation contraignante pour les PME est une bonne chose. Elles en supportent déjà beaucoup. Et pour elles, mettre en place un "plan climat" , ça n'est pas réaliste d'un point de vue financier. Ce que nous recommandons, c'est une politique des petits pas, en parlant systématiquement de compétitivité."
Son credo? Les PME doivent être convaincues qu'elles ont tout à gagner "à penser climat". Car c'est la seule manière de les inciter à faire ces petits pas... et changer la donne collectivement.

Solutions

Le volet exposition de la COP21, qui s'est tenu au Grand Palais, a d'ailleurs donné un coup de projecteur sur des solutions à la portée des PME et offrant un véritable retour sur investissement. Le Club PME Climat se donne pour mission de les faire connaître, en mettant en avant les bonnes pratiques d'entreprises pionnières. C'est le cas, par exemple, des systèmes de récupération de chaleur dans les sites de production, qui permettent de réduire considérablement sa facture énergétique en limitant ses émissions de gaz à effet de serre. Idem des procédés de production "écologiques", qui se traduisent par une diminution des coûts tout en créant de la valeur. "Prenez TDV, une PME de Mayenne, qui fabrique des tissus pour les vêtements professionnels, ajoute Marc Jacouton. Elle mesure l'impact environnemental de tous ses produits, par la consommation d'eau et d'énergie. Utiliser du coton bio ou remplacer du polyester par du chanvre lui permet de créer une valeur, valorisable dans son offre commerciale. Les grands groupes veulent aujourd'hui faire de l'achat responsable et vont à l'avenir privilégier les fournisseurs vertueux."

Au final, si la COP21 ne bouleverse pas forcément le quotidien des PME, elle aura en tout cas impulsé une dynamique. Durable.

Ils l'ont dit

" Les PME sont prêtes à relever le défi. Pour autant que les décisions prises soient adaptées à la réalité de l'entreprise. "
François Asselin, président de la CGPME

" Nous attendons des chefs d'entreprise du monde entier qu'ils prennent des mesures concrètes. "
Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères

1/ Lancé en 2000 par l'ONU, le Global Compact est la plus large initiative mondiale en matière de développement durable. Son antenne française compte 800 PME et a lancé, à l'occasion de la COP21, son Club PME Climat.