RSI : les indépendants reviennent à la charge
Six mois après celle du 9 mars 2015, une nouvelle manifestation des indépendants a été organisée lundi 21 septembre à Paris, à l'appel de Sauvons Nos Entreprises pour réformer le Régime social des indépendants.
Je m'abonne1700 manifestants, selon la police et 5000 selon les organisateurs : c'est trois fois moins que lors de la manifestation du 9 mars, alors que les associations d'indépendants comptaient sur une mobilisation sans précédent. "Il faut croire que les Français n'ont pas encore assez faim", déplore Nathalie Merci, vice-présidente du collectif Les Pendus, interrogée à la fin de la marche, partie de la Place de la Résistance. Pascal Geay, président de SNE, espérait même 80 000 personnes !
Il faut dire que les indépendants mécontents sont prompts à réagir sur les réseaux sociaux. En témoigne le message posté le 7 septembre dernier par Eric Laurendeau, 43 ans, peintre à Alençon, dans l'Orne, à peine sorti, soulagé mais amer, du tribunal de Commerce après avoir choisi de liquider sa petite entreprise de 14 ans. Un post partagé plus de 120 000 fois en moins de trois jours, assorti d'une photo où il pose, portant une pancarte au message choc : "RSI, c'est fini, je ne serai plus ta pute". Lui aussi était présent le 21 septembre à Paris : "Je suis là aujourd'hui, mais je ne suis pas sûr que manifester fasse avancer les choses, pas assez vite en tout cas. Il faut trouver d'autres moyens."
Un avis partagé par Nathalie Merci et Emmanuel Cogny, le président des Pendus : "Aujourd'hui, les manifestations ne servent à rien, il faut bloquer les institutions, empêcher un préfet de sortir de sa préfecture, par exemple. Nous avons encore eu un suicide ce matin. S'il s'était agi d'un salarié d'une grande entreprise, on en aurait entendu parler. Nous sommes traités comme quantité négligeable. Mais le combat continue, nous aurons bientôt des choses importantes à annoncer."
"120 propositions concrètes ignorées par les députés"
La vice-présidente des Pendus se rend aujourd'hui, mardi 22 septembre, au Cese (Conseil économique, social et environnemental) pour prendre connaissance des résultats du rapport commandé par Gérard Larcher, président du Sénat. "Mais ça aussi, c'est du théâtre !", lance Pascal Geay, qui, loin d'être découragé - "Tout le monde était super motivé même si nous étions moins nombreux " -, promet la présence de manifestants dans les caisses régionales du RSI à l'issue de la publication du rapport parlementaire remis lundi 21 septembre au gouvernement. "C'est le sixième, alors que nous sommes dans une situation d'urgence avec deux suicides par jour en moyenne. Nous avons été reçu au ministère de la Santé cet après-midi, le rapport ne fait état d'aucune avancée, il n'y a rien de concret", affirme-t-il.
Parmi les dernières actions de SNE, la publication d'une charte avec 120 propositions à cocher, envoyée cet été aux 577 députés français. "Nous leur proposions des choses concrètes. Il s'agissait de cocher des cases, car ils ne peuvent pas être d'accord avec toutes nos propositions. Une seule a répondu, alors que le 9 mars, ils étaient tous avec nous", regrette-t-il.
Un appel que Bruno Lemaire, redevenu député, a peut-être entendu puisqu'il a annoncé sur son site lundi 21 septembre, qu'il s'apprête à déposer une proposition de loi pour réformer le RSI, instaurant notamment un droit à la retraite et un bouclier social.